Ainsi, le Hezbollah contrôlerait toujours le port de Beyrouth, même après le cessez-le-feu israélo-libanais du 27 novembre 2024. Ce lien serait vital suite à la perte de sa « route » syrienne après à la chute du régime de Bachar el-Assad le 8 décembre 2024.
Le Hezbollah ferait aussi tout pour contourner les contrôles qui ont été renforcés par les autorités libanaises sur l’aéroport international Hariri de Beyrouth.

Les unités 190 et 700 de la Force Al-Qods, la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien, superviseraient ces transferts d’armes au Hezbollah.
Ces trafics d’armes auraient lieu soit par voie maritime directe entre l’Iran et le Liban, soit en passant par des pays intermédiaires afin de brouiller les pistes.
L’Unité 190, commandée par Behnam Shahariyari, est spécialisée dans le trafic d’armes à destination des milices mandatées par l’Iran, dont le Hezbollah au Liban, les Hachd al-Chaabi ( Unités de mobilisation populaire) en Irak et les Houthis au Yémen.
Shahariyari dirige également un réseau d’entreprises qui contournent les sanctions internationales en conditionnant armes et matériels dans du lait en poudre, du ciment et des pièces détachées de véhicules.
L’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Département du Trésor américain a désigné Shahiyrayari et ses entreprises comme « ressortissants spécialement désignés » en 2011 pour leurs activités de trafic d’armes.
Pour la même raison, le Royaume-Uni a imposé en 2024 des sanctions financières à l’Unité 190.
L’unité 700, dirigée par Ali Naji Gal Farsat, un ancien responsable de la Force Al-Qods entretenant des liens étroits avec la Syrie et le Liban, est également impliquée dans la contrebande d’armes à destination du Hezbollah et d’autres alliés du régime de Téhéran dans la région.
Farsat aurait été membre du conseil d’administration de Qeshm Fars Air, une compagnie aérienne prétendument dissoute, qui appartiendrait au CGRI et qui aurait déjà fait passer des armes au Hezbollah au Liban via l’aéroport international Hariri.

Le Royaume-Uni a également imposé des sanctions à cette unité pour « comportement facilitant (ou visant à faciliter) ou aidant à la planification ou à la conduite d’activités visant à déstabiliser le Royaume-Uni ou tout autre pays. »
Du côté libanais, Wafic Safa, le plus haut responsable de la sécurité du Hezbollah, superviserait les opérations de contrebande.
Il a été visé par une frappe aérienne israélienne le 10 octobre 2024 dans la région de Bachoura. 22 personnes ont alors été tuée mais lui a réussi à s’en tirer.

Safa assurerait au Hezbollah une totale liberté d’action sur le port de Beyrouth en gérant un réseau de collaborateurs au sein des douanes et des autorités d’inspection du port.
En 2019, l’OFAC a sanctionné Safa, qu’il a décrit comme « un interlocuteur du Hezbollah auprès des forces de sécurité libanaises […] en tant que chef de l’appareil sécuritaire du Hezbollah […] a exploité les ports et les postes frontières libanais pour introduire des produits de contrebande et faciliter les déplacements au nom du Hezbollah. »
Officiellement, le gouvernement libanais n’aurait reçu « aucun renseignement étranger concernant des opérations suspectes au port », tout en décrivant les « informations concernant un trafic d’armes » comme faisant partie des « nombreuses rumeurs » qui circulent dans le pays.
Les Israéliens n’ont pas commenté les informations diffusées sur la contrebande d’arme arrivant au Liban par voir maritime mais le 4 mars, ils ont neutralisé Khodr Sayed Hashem lors d’une frappe ciblée au sud du Liban. Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont décrit Hashem comme « le commandant des forces maritimes de la Force Radwan du Hezbollah […] impliqué dans des activités terroristes contre l’État d’Israël et ses citoyens ».

L’armée israélienne avait constaté qu’Hashem aurait aidé le Hezbollah à se procurer des armes dans le cadre de ses fonctions de commandant des forces maritimes de la Force Radwan.
Elle aurait également appris qu’Hashem avait participé à la planification des attaques terroristes maritimes du Hezbollah contre l’État d’Israël y compris pendant le cessez-le-feu.
Le port de Beyrouth sert aussi au trafic de drogues
Le Hezbollah exerce depuis longtemps une influence sur le port de Beyrouth l’utilisant pour expédier de la drogue et recevoir des armes et du matériel connexe.
Le Hezbollah a toujours utilisé le trafic de drogues pour s’autofinancer, les versements iraniens étant insuffisants pour le faire fonctionner correctement.
Pour ce faire, ses réseaux extérieurs ont noué des relations avec certains groupes criminels(1) dont un chapitre de Hells Angels dont le président était le Canadien Damion Patrick John Ryan.
En Suède, il aurait des contacts avec l’organisation criminelle transnationale (OCT) Foxtrot dont le chef Rawa Majid alias le « renard kurde » se serait réfugié en Turquie puis en Iran en septembre 2023.
En Suède, le Hezbollah aurait aussi des liens avec son gang rival « Rumba » dirigé par le criminel kurdo-suédois Ismail Abdo alias « la Fraise. »
Un personnage central de ces liens avec le crime organisé serait l’Iranien Naji Sharifi Zindashti.

(1) Voir : « Liens entre le crime organisé et Téhéran ? » du 31 janvier 2024.