Les Houthis avaient commencé cette campagne en solidarité avec les Palestiniens lorsque les Israéliens sont entrés en guerre à Gaza en octobre 2023.Ils ont conduit plus d’une centaine d’attaques et ont coulé deux navires. En conséquence, environ: 70% de la marine marchande qui transitait par la mer Rouge s’est déroutée autour du continent africain.

Les États-Unis affirment que leur campagne fonctionne. Le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, a notamment déclaré que plusieurs dirigeants houthis avaient été tués.

Mais alors que quelques 80 officiers houthis auraient été tués, l’échelon supérieur semble être toujours intact. Il en est de même pour certains des sites de lancement de missiles.
Depuis la mi-mars, les Houthis ont lancé une douzaine de missiles balistiques vers Israël, et de nombreux drones et missiles sur des navires de l’US Navy. Bien qu’aucun n’ait causé de dommages majeurs, la menace est toujours présente.
CNN a rapporté le 4 avril que le coût total de l’opération américaine contre les houthis au Yémen approchait le milliard de dollars en un peu moins de trois semaines avec des résultats mitigés.
Par ailleurs, les Houthis ont menacé d’étendre leurs attaques aux Émirats arabes unis et Riyad assure que ses défenses aériennes sont en permanence en état d’alerte.
Un dirigeant houthi a déclaré : « les dizaines de frappes aériennes contre le Yémen ne dissuaderont pas les forces armées yéménites de s’acquitter de leurs devoirs religieux, moraux et humanitaires. » Leur capacité à survivre est aidée par un réseau de contrebande élaboré qui apporte des pièces de missiles et d’autres équipements.

En effet, l’Histoire démontre que les Houthis ont une capacité de résilience extraordinairement élevée. La détermination de l’administration Trump à éradiquer la menace qu’ils représentent pourrait finalement nécessiter une offensive au sol.
Pour Ahmed Nagi, spécialiste des Houthis à l’International Crisis Group estime que : « leur leadership opaque et leurs structures internes ont créé des lacunes persistantes en matière de renseignement. »
Vers une offensive terrestre ?
Ahmed Nagi pense que les États-Unis ont tort de croire que les frappes aériennes peuvent forcer les Houthis à reculer : « cette approche a échoué sous l’administration Biden et il est peu probable qu’elle réussisse sous l’administration Trump. […] Leur logique est façonnée par des années de guerre; ils considèrent la résilience comme une forme de force et sont poussés à prouver qu’ils ne sont pas faciles à dissuader. »

Les seules fois où les Houthis ont négocié, c’est lorsqu’ils ont été menacés de la perspective d’une défaite sur le terrain : la perte territoriale, la perte de contrôle des populations et la perte d’accès à la côte de la mer Rouge. Cela s’est brièvement produit en 2017 lorsque les forces soutenues par les Émirats arabes unis ont menacé les Houthis d’accéder à la mer Rouge, ce qui est essentiel pour leur logistique.
En conséquence, pour de nombreux analystes, seule une offensive terrestre pourrait déloger les Houthis, qui contrôlent actuellement la capitale yéménite, Sanaa, son principal port, Hodeïda et une grande partie du nord du Yémen.

Selon des sources diplomatiques régionales, des préparatifs sont en cours en vue d’une opération au sol qui serait lancée du sud et de l’est, ainsi que le long de la côte. Cette offensive pourrait impliquer le soutien naval saoudien et américain dans le but de reprendre le port de Hodeïda.

L’Arabie saoudite qui n’intervient plus au sol au Yémen depuis la guerre de 2015 a par contre contribué à former la nouvelle Armée nationale yéménite (ANY) composée d’une partie des unités loyalistes à l’ancien président Hadi reconnu internationalement – mais qui a transféré ses pouvoirs en avril 2022 à un Conseil de direction présidentiel emmené par Rachad al-Alimi -, de milices de mobilisation populaire et de recrues érythréennes et somaliennes.

Huit brigades ont été formées au total. L’ANY contrôle le nord-est du Yémen et 1/3 de la côte au sud-est (en rose sur la carte.)
Le problème se complique car le Conseil de transition du sud dirigé par le général Aïdarous al-Zoubaïdi qui contrôle la région d’Aden et les 2/3 de la côte sud yéménite ainsi que l’île de Socotra (jaune et orange sur la carte) est soutenu par les Émirat arabes unis qui ont un agenda différent de celui de Riyad. Toutefois, il est vice-président du Conseil de direction présidentiel mais continue à bénéficier d’une large autonomie.

Enfin, la puissance branche Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) et la wilaya yéménite du groupe État Islamiques sont présentes au centre du pays en blanc sur la carte.)
L’immensité et la rudesse des terres à conquérir, la pugnacité des combattants houthis, le fait qu’aucune force militaire yéménite réellement coordonnée n’est aujourd’hui réellement opérationnelle, font douter de la réalité du lancement d’une telle opération que seuls les américains ont les moyens de lancer (encore faudrait-il amener beaucoup plus de troupes sur zone. La situation n’est pas sans rappeler celle de l’Afghanistan et le Pentagone est vraisemblablement réticent à se relancer dans une telle aventure…
Menaces sur l’Iran
Dès le premier jour, le président Trump et d’autres responsables américains ont lié la campagne contre les Houthis à l’Iran(1). Trump a déclaré qu’il tiendrait l’Iran pour responsable de « tous les coups de feu » tirés par les rebelles houthis et qu’il serait confronté à des conséquences « directes » pour toute attaque des rebelles yéménites.
La capacité d’influence de Téhéran sur les Houthis n’est pas connue. Bien qu’ils fassent partie de l’« axe de résistance », les Houthis conservent une autonomie considérable.
Par ailleurs, Trump continue de menacer l’Iran d’une campagne de bombardements massifs s’il ne limite pas ses programmes de développement nucléaire et de missiles balistiques. Pour l’administration Trump, la campagne anti-houthis et celle de « pression maximale » sur Téhéran sont les deux faces d’une même médaille.
Une lueur d’espoir cependant, le président Trump a annoncé le 7 avril que des négociations directes auraient été lancées avec Téhéran : une première depuis la révolution de 1979 !