À l’évidence, ce discours entre dans le cadre d’une opposition au nouveau pouvoir en place à Damas constitué à partir du Hayat Tahrir al-Sham (HTS).
Le Hurras al-Din, (« Organisation des gardiens de la religion ») parfois appelée Al-Qaida en Syrie est une organisation salafiste-jihadiste formée en 2018 qui a combattu le régime de Bachar el-Assad durant la guerre civile syrienne .
Son premier leader a été Farouq al-Souri alias Samir Hijazi qui était précédemment le commandant militaire du Front Al-Nosra fondé et dirigé par Ahmed Hussein al-Charaa (plus connu à l’époque sous son nom de guerre Abou Mohammed al-Joulani), avant sa rupture avec Al-Qaida en 2017.
Ancien jihadiste, Farouq al-Souri a combattu pour Al-Qaida en Afghanistan puis en Irak. Il a été donné pour mort à plusieurs reprises mais Washington l’a inscrit sur la liste des terroristes recherchés en 2019. Il n’a plus donné de ses nouvelles depuis…
Sami Mahmud Mohammed al-Uraydi ou Abu Mahmoud al-Shami était le chef religieux du Front al-Nosra. Il figure encore sur la liste des personnes recherchées par Washington pour terrorisme mais sa position actuelle n’est pas connue.
Le Hayat Tahrir al-Sham (HTS) est créé en 2017 par la fusion de plusieurs formations jihadistes salafistes dont le Noor al-Deen al-Zenki , le Liwa al-Haqq , le front Ansar al-Din , le Jaysh al-Sunna et des éléments d’Ahrar al-Sham).
Une guerre ouverte s’est déclenchée entre le HTS en 2017 et les héritiers du Front al-Nosra restés fidèle à Al-Qaida.
Le Tanzim Hurras al-Din (HaD) a été créé le 27 février 2018 à partir des groupes Jaysh al-Badia, Jaysh al-Malahim et Jaysh al-Sahel.
Le Hurras al-Din, tout en renouvelant son allégeance à Al-Qaida a appelé toutes les factions islamistes à mettre de côté leurs divergences et à lancer une réponse militaire coordonnée aux exactions commises par le régime d’Assad pendant le siège de la Ghouta orientale .
Toutefois, cette organisation s’est retrouvée empêtrée dans le conflit armé avec le HTS qui a repris en 2020.
En 2019, Hurras al-Din était au sommet de sa puissance, avec environ 2.500 combattants. Le conflit frontal de 2020 avec le HTS a mis fin à sa prééminence dans la région d’Idlib.
Depuis, le groupe opérait surtout dans diverses régions de Syrie appelant à des opérations contre les forces du régime baathiste , la Russie ainsi que contre les États-Unis et leurs alliés . Il a également exhorté les groupes islamistes palestiniens à intensifier leur insurrection contre Israël pour « libérer la mosquée Al-Aqsa ».
Le 28 janvier 2025, soit environ deux mois après la chute du régime de Bachar el-Assad, le HaD a donc déclaré sa dissolution constatant que deux de ses principaux ennemis avaient disparus : le régime Baathiste et les Russes qui ont en grande partie quitté le pays.
Mais les Américains toujours présents sur zone continent à cibler des responsable salafistes-jihadiste du HaD qui représentent à leurs yeux un danger pour les États-Unis.
Ainsi, le 30 janvier, Muhammad Salah al-Za’bir (d’autres informations parlent d’un certain Khaled al-Joufi), un des dirigeants importants du HaD a été tué sur la route menant de Sarmad à Idlib par un missile air-sol « Ninja » Hellfire R9X qui agit avec des lames tournoyante pour éviter trop de pertes collatérales dues à des charges explosives.
C’est ce type d’arme qui avait été employée le 30 juillet 2022 pour neutraliser à Kaboul le docteur Ayman al-Zawahiri, le successeur d’Oussama Ben Laden.
Le général Michael Erik Kurilla, chef du commandement central américain (CENTCOM) a précisé : « le CENTCOM continuera de traquer et de tuer ou de capturer les terroristes, et de défendre notre patrie contre les groupes qui complotent pour attaquer le personnel américain et allié ».
En effet, les éliminations ciblées particulièrement dirigées contre des membres d’Al-Qaida – et affiliés – se poursuivent sous la nouvelle administration Trump.
Ainsi, la branche Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) a publié un texte qui après avoir fait l’éloge funèbre remarquée Mohamed Deïf le chef militaire du Hamas dans la bande de Gaza [NdA : les liens entre Al-Qaida et le Hamas sont globalement inexistants car le mouvement palestinien s’appuie essentiellement sur l’Iran] dont la mort a été annoncée par Israël à la fin janvier (six mois après son décès) puis a fait celle de Khaled al-Joufi [NdA : peut-être Muhammad Salah al-Za’bir annoncé plus avant ou un de ses accompagnateurs ?] et celle de Mohamed Merri des Shebabs en Somalie affilés à AQ tué par frappes US en basse Shabele. AQMI a aussi présenté aussi ses condoléance pour la mort de Khalil-ur-Rahman Haqqan, ministre taliban des réfugiés en Afghanistan tué par kamikaze de Daech le 11 décembre 2024 à Kaboul [NdA : la connivence des talibans et d’Al-Qaida est largement documentée].
Il n’empêche que ces frappes américaines s’inscrivent dans le cadre de l’engagement du CENTCOM qui a pour objectif de dégrader les organisations dépendant des nébuleuses salafistes-jihadistes que sont Al-Qaida et le groupe État Islamique. En Syrie, cela participe indirectement au soutien des nouvelles autorités en place à Damas issues du Hayat Tahrir al-Sham (HTS) : l’explication est simple : Washington soutient tous ceux qui s’opposent au régime baathiste (qui est tombé) et aux mouvements islamistes radicaux Al-Qaida et l’EI.
Les succès enregistrés par Ahmed Hussein al-Charaa alias Abou Mohammed al-Joulani devenu « président de la République arabe syrienne » pour la période de transition, bien qu’il ait appartenu dans le passé à Al-Qaida puis à l’État Islamique en Irak (EII) [NdA : il a officiellement rompu avec ces deux organisations et les a même combattu directement] semble inspirer d’autres responsables jihadistes. À savoir que des membres du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn, JNIM) actif au Sahel songeraient à quitter Al-Qaida.