Le 15 novembre, un « collaborateur de justice » brésilien a été assassiné par balles à l'aéroport de Guarulhos à São Paulo. Antônio Vinicius Gritzbach avait conclu un accord avec la justice pour fournir des informations sur le Primeiro Comando da Capital (PCC) - ou Premier Commandement de la Capitale - en échange de libération. Il était donc devenu un « collaborateur de justice ».

Gritzbach, homme d’affaires dans l’immobilier et expert financier avait été en contact dans le passé avec le PCC. Particulièrement féru en crypto-monnaies, il avait aidé le groupe criminel à blanchir des millions de dollars mais, au passage, il avait détourné pour lui environ un million de dollars.

Selon la police, les entreprises Gritzbach faisaient partie d’un « réseau sophistiqué » créé pour blanchir l’argent du PCC via la VMA Intermediações e Negócios Spe LTDA, société immobilière créée en 2020.

Selon les enquêteurs, au moins 40 propriétés, appartenant à VMA, ont été acquises à des fins de blanchiment d’argent et de dissimulation d’avoirs. L’entreprise vendait également des hélicoptères et des vedettes rapides à des prix surévalués.

Se sachant découvert par des responsables du PCC, il aurait commandité en 2021 l’assassinat de deux d’entre-eux qui étaient au courant de sa combine : Anselmo Becheli Santa Fausta alias « Cara Preta », considéré l’un des plus grands fournisseurs de drogue du gang et Antônio Corona Neto, son chauffeur et homme de confiance. Tous deux ont été tués le 27 décembre 2021.

Gritzbach a été arrêté pour ces crimes en 2022 mais il a été libéré (mais sous bracelet électronique) en 2023 après avoir négocié sa collaboration avec la justice.

Il avait fait l’objet d’une première tentative d’assassinat en décembre 2023.

Les faits

Le 15 novembre, au moins deux hommes encapuchonnés sont sortis d’une voiture noire armés de pistolets mitrailleurs et ont commencé à tirer à l’extérieur du terminal n°2 de l’aéroport.

Gritzbach qui était ciblé a laissé tomber son sac et a tenté de fuir mais il a été rattrapé et exécuté. Trois autres personnes ont été blessées par les balles perdues.

Les assaillants ont ensuite été récupérés par le même véhicule.

Le PCC

Le Primeiro Comando da Capital (PCC) – ou Premier Commandement de la Capitale – a été formé au début des années 1990 au sein des prisons brésiliennes. Il est devenu l’un des gangs les plus redoutés du Brésil. Ses membres ne se limitent toutefois pas à l’Amérique latine.

L’année dernière, un rapport des services de sécurité au Portugal a suggéré que le groupe comptait un millier d’associés rien qu’à Lisbonne. Logiquement, si les hispanisants latino-américains ont leurs pied à terre en Espagne, les lusophones brésiliens ont la même chose au Portugal.

L’équipe spéciale de la criminalité organisée de São Paulo a estimé en 2023 que le chiffre d’affaires du PCC représente près de un milliard de dollars provenant principalement du trafic international de coca.

Le problème des « collaborateurs de justice »

Tommaso Buscetta pendant sa déposition à la prison de Rebibbia à Rome. Octobre 1984

Initialement, le statut de « collaborateur de justice », appellation officielle pour les repentis, a été mis sur pied en Italie dans les années 1980 pour lutter contre les différentes mafias qui étaient omniprésentes. Devant les succès de la méthode, ce statut s’est étendu à de nombreux pays mais avec des résultats mitigés.

Si les mafias italiennes sont très hiérarchisées, un « collaborateur de justice » qui provient de ses rangs peut donner une vue précise de son organisation. C’est beaucoup moins le cas pour d’autres criminalités constituées de cellules quasi-autonomes.

Ensuite, la sécurité d’un repenti est toujours menacée puisqu’il est un traître pour non seulement pour son organisation d’origine mais aussi pour les autres « une balance reste une balance » dans le monde des voyous.

Les autorités doivent dépenser beaucoup d’argent et de temps pour le protéger, voire comme les Américains, le retirer de la circulation lui offrant, à lui et à sa famille, une nouvelle vie sous une nouvelle identité.

21 octobre 1986. Le juge d’instruction italien Giovanni Falcone (deuxième en partant de la gauche), arrive à Marseille, entouré de ses gardes du corps.

Cela dit, d’autres fonctionnaires risquent aussi leur vie pour leur lutte contre le crime organisé : juges, policiers, personnels pénitentiaires, etc.

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Texte

Alain Rodier