Le président de la Knesset, Amir Ohana, a tweeté le 17 octobre un message en arabe destiné aux membres du Hamas, leur enjoignant de déposer les armes après la mort de leur chef Yahya Sinwar.

Il explique : « il y a un an, il était victorieux. Maintenant, il est éliminé. Où serez-vous dans un an ? » tout en accompagnant son message de deux photos de Yahya Sinwar. La première montre le responsable du pogrom du 7 octobre 2023 assis et souriant dans un fauteuil au milieu de ruines à Gaza (après la guerre de Gaza de 2014) tandis que l’autre est une photo de sa dépouille. Il termine par : « Ramenez les otages, déposez vos armes, sauvez vos vies ».

Dans les faits, des militaires israéliens qui menaient une opération de « routine » (si l’on peut dire) à Rafah dans la bande de Gaza le 16 octobre ont repéré vers 10h00 du matin un individu suspect entrant et sortant d’un bâtiment. La zone a alors été quadrillée. Vers 15h00, trois personnes ont été aperçues tentant de fuir d’un bâtiment à l’autre.

Quelques temps après, un drone israélien a montré un individu blessé à la main et le visage couvert assis dans un coin d’une pièce jetant un bâton vers le drone.

Des obus de chars et un missile Matador auraient ensuite fait effondrer le bâtiment.

Les dépouilles des activistes ont été retrouvées le lendemain lors de la fouille du bâtiment. Et c’est à ce moment là que Yahya Sinwar aurait été identifié.

Contrairement à d’autres neutralisations  menées dans le cadre de l’opération « Épées de fer » qui consiste à retrouver et liquider les responsables des pogroms du 7 octobre 2023, celle de Sinwar résulte d’une rencontre fortuite. Ce sont des militaires de l’École des commandants d’infanterie et d’entrainement au combat (Bislach) effectuant une opération de ratissage qui ont repéré puis tué trois activistes dans un bâtiment connaître leur identité.

Parmi les objets retrouvés sur les corps des trois hommes figurent d’importantes sommes d’argent, un faux passeport et une carte d’identité de l’UNRWA (vraisemblablement périmée),  diverses armes …

Selon des informations israéliennes, les deux autres terroristes étaient ses gardes du corps. « L’un d’eux était également enseignant pour l’UNRWA, tandis que l’autre était un haut responsable du Bureau de la sécurité nationale du Hamas ».

Israël possédant les données ADN et biométriques de Sinwar dans ses archives depuis son séjour dans une prison israélienne de 1989 à 2011. Pour l’anecdote, il avait alors été sauvé d’une tumeur au cerveau qui aurait pu être fatale par des chirurgiens israéliens…

À noter qu’il n’était pas protégé par des otages – comme cela était dit – puisque les bâtiments qui l’abritaient n’en comportaient pas ou plus…

Sinwar né en 1962 dans un camp de réfugiés à Khan Younès à Gaza était un personnage secret qui a dirigé le contre espionnage du Hamas (il a ordonné l’exécution d’une bonne dizaine d’« espions » et en aurait tué plusieurs de sa main).

Il a progressivement pris du pouvoir au sein du Hamas après sa libération des prisons israéliennes (il faisait partie des 1.000 prisonniers palestiniens échangés contre le sergent Gilad Shalit en 2011).

Surtout, il était le principal architecte de l’opération menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. À ce titre, il était considéré comme un « walking dead » (un « mort qui marche ») étant condamné à mort par Israël.

Il avait été choisi comme chef suprême du Hamas après la neutralisation d’Ismaël Haniyeh le 31 juillet lors d’une action israélienne à Téhéran.

Contrairement à Haniyeh, qui vivait en exil au Qatar depuis des années, Sinwar était resté à Gaza.

En tant que chef du Hamas dans le territoire depuis 2017, il apparaissait rarement en public mais maintenait une emprise de fer sur le Hamas. Il était jugé comme très proche de l’Iran…

Son frère, Mohammed Ibrahim Hassan Sinwar né le 16 septembre 1975, le chef des Brigades Ezzedeen Al-Qassam , la branche militaire du Hamas, pourrait lui succéder.

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Texte

AlaiN RODIER