Juan Lopez, 46 ans, un défenseur de l’environnement hondurien a été assassiné par des hommes armés le 14 septembre alors qu'il se trouvait dans sa voiture après s'être rendu dans une église à Tocoa (département du Colón), ville où il résidait et dont il était conseiller municipal.
La police a demandé aux personnes détenant des informations pertinentes concernant cet assassinat de les communiquer confidentiellement contre récompense via la ligne d’urgence 911.
Lopez a été inhumé 15 septembre dans cette même ville située dans le nord-est du pays d’Amérique centrale.
Une banderole placée sur son cercueil disait : « ils ont tué Juan Lopez, mais pas sa lutte ».
La présidente de gauche du Honduras, Xiomara Castro, a déclaré sur X : « nous condamnons l’assassinat ignoble de notre camarade et leader écologiste Juan Lopez à Tocoa. J’ai ordonné à toutes les forces de l’ordre de faire la lumière sur cette tragédie et d’identifier les responsables ».
À noter que Juan Lopez était membre du parti Libre au pouvoir mais il avait récemment demandé la démission de responsables de cette formation dont un des leaders (Carlos Zelaya) apparaissait dans une vidéo divulguée au début septembre 2024 par un site spécialisé en train de négocier des pots-de-vin avec des narcotrafiquants en 2013.
Juan Lopez avait confié à l’AFP en novembre 2021 craindre pour sa vie, expliquant qu’on l’avait averti qu’il lui arriverait la même chose qu’à Berta Caceres, une célèbre défenseure de l’environnement assassinée le 3 mars 2016 parce qu’elle s’opposait à la construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve Gualcarque dans l’ouest du pays.
Son meurtre avait été commandité par l’entreprise Desarrollos Energéticos et sept personnes dont un des dirigeants de la société ont été condamnées à de lourdes peines de prison pour cet acte.
Le Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras, cofondé par Mme Caceres, a accusé l’État et le gouvernement Castro d’être « responsables d’un nouvel assassinat ».
Juan Lopez accusait le groupe minier EMCO d’exploiter une mine à ciel ouvert dans des conditions qui portent atteinte à la réserve forestière de Botaderos, près de Tocoa, à 220 kilomètres au nord-est de la capitale Tegucigalpa. Cette réserve compte 34 bassins hydrographiques avec des arbres de grande valeur et des espèces d’animaux menacés d’extinction, ainsi que des sites archéologiques précolombiens.
Joaquín Mejía, avocat et défenseur des droits de l’Homme, partenaire dans la lutte écologique a déclaré à son propos : « c’était un intellectuel populaire, un camarade engagé dans le changement social, dans la défense du bien commun ».
La représentante au Honduras du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, Isabel Albaladejo, a appelé l’État à enquêter en prenant « en considération » les dénonciations de M. Lopez « contre le maire (de Tocoa) Adan Funez, dont il avait demandé la démission pour de présumés liens avec le crime organisé ».
Selon un rapport de l’ONG Global Witness, le Honduras est l’un des pays les plus dangereux pour les défenseurs de l’environnement.
Ainsi, en 2023, ce pays arrivait en troisième place dans le monde pour le nombre d’assassinats de militants écologistes à égalité avec le Mexique derrière la Colombie et le Brésil. Entre 2012 et 2023, 148 militants écologistes y ont été assassinés.
Dans ce pays comme dans tous ceux d’Amérique latine, les tueurs à gages recrutés parmi les sicarios de différents gangs ne manquent pas. Le célèbre MS-13 y est comme chez lui. Les commanditaires n’ont aucun problème pour en recruter.
La présidente du Honduras, Xiomara Castro, avait annoncé le 14 juin la construction d’une « méga-prison » pouvant accueillir 20.000 détenus à l’image de ce qu’a fait son homologue salvadorien Nayib Bukele. Il est vrai que sous son mandat le taux de crimes est passé de 36 à 2,4 pour 100 000 habitants entre 2019 et 2023.
Les dirigeants latino-américains sont progressivement en train de se rendre compte de trois choses :
. les criminels doivent être retirés de la circulation – même si c’est pour le temps d’une courte peine – ; si cela ne leur sert pas de « leçon » car le taux de récidive est toujours important, au moins ils ne peuvent plus nuire à leurs concitoyens le temps de leur incarcération ;
. la justice ne doit plus utiliser le prétexte de « surpopulation » des prisons pour ne pas mettre hors d’état de nuire un criminel (même temporairement) ; pour cela, il convient de construire de nouveaux établissements pénitentiaires ;
. ce n’est pas parce que les prisons ne sont pas des centres de rééducation efficaces qu’elles doivent être mises à l’index de la société. Par contre, elles doivent être sécurisées pour éviter les émeutes intérieures et les contacts mafieux extérieurs. Il convient que les détenus ne soient pas regroupés par « gangs » pour qu’ils ne recréent pas des zones de non-droit sur lesquelles ils règnent en maîtres.
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