Depuis presque deux ans, on constate une montée en puissance de l’Armée populaire de Corée (APC) qui bénéficie désormais de nouvelles capacités terrestres, tant en véhicules blindés qu’en artillerie et en missiles. Pourquoi ? Parce que la Corée du Nord se prépare à un éventuel conflit avec les États-Unis et ses alliés, à savoir la Corée du Sud et le Japon.

La Corée du Nord, qui a majoritairement déployé son armée au sud de la ligne Pyongyang-Wonsan, maintient en condition de combat plus de soixante-dix pour cent de ses forces, et spécialement son artillerie. Ainsi, ses canons automoteurs de 170 mm et les lance-roquettes multiples de 240 mm peuvent atteindre la capitale sudiste, Séoul.

Pyongyang est conscient que son armement ne peut rivaliser avec les armées de ses adversaires équipées de matériels aux standards occidentaux et compte avant tout sur le nombre et l’effet de surprise pour provoquer le maximum de destructions sur les bases et défenses américaines, sud-coréennes et japonaises. L’APC disposerait ainsi de quatre mille trois cents chars et deux mille six cents véhicules de combat (1).

Dans le même temps, la capitale nord-coréenne a augmenté la précision avec des munitions guidées de 240 mm, et même de 300 mm, ainsi qu’un missile balistique à courte portée de 600 mm, le KN-25. Et cela, avec l’aide des Russes.

L’année dernière, la Corée du Nord a déployé au moins trente lance-roquettes de 600 mm ayant la capacité de tirer des munitions à tête nucléaire qui peuvent toucher tout le territoire sud-coréen. Le régime de Pyongyang teste de nouveaux missiles hypersoniques, à l’instar du Hwaseong-8 avec un rayon d’action de 3 500 km, et des missiles de croisière Hwasal-1 Ra-3 et Hwasal-2.

Ce développement de l’armement stratégique et des missiles balistiques ainsi que l’armement conventionnel des véhicules blindés, de l’armement antichars et de la défense mobile antiaérienne est constant, et cela, en dépit des contraintes financières (2). Même si ces dernières limitent les plans de modernisation et les volumes d’armement, l’APC a concentré ses ressources en développant et en augmentant ses capacités de guerres asymétriques.

Le but premier de Pyongyang étant de faire peur et que la menace soit la plus grande possible. Le rôle majeur de l’armée nord-coréenne selon Kim Jong-Il n’est-il pas : « L’armée d’abord » ?

(1). Au printemps de cette année, l’Armée populaire de Corée a présenté un nouveau char, le M2020, armé d’un canon de 125 mm et qui ressemble beaucoup au M1A2 Abrams américain. L’APC développe aussi une nouvelle famille de véhicules blindés 8 x 8 aux airs de Stryker américains.

(2). On estime que 16 % des dépenses totales de la Corée du Nord sont consacrées à la défense, soit plus de 8 % du PIB (la CIA estime quant à elle 20 à 25 % du PIB), soit une augmentation de 3,4 % par rapport à 2022.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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