Le 5 septembre vers 09 h 00 du matin, la police allemande a neutralisé un jeune Autrichien de 18 ans d'origine bosniaque, qui « planifiait probablement un attentat » contre le consulat général d'Israël à Munich.
Le suspect armé d’un vieux fusil de guerre à répétition Mauser 98 équipé d’une baïonnette a été abattu par les forces de l’ordre après avoir tiré plusieurs coups de feu à proximité du consulat général d’Israël ainsi que d’autres bâtiments dont un centre de documentation sur le nazisme.
Il aurait acheté son arme la veille en Autriche où la vente de ce type d’arme est légale mais doit être signalée aux autorités dans les 15 jours. Or le tireur Emrah I. était interdit de détention d’arme jusqu’en 2028 suite à une enquête pour avoir fait de la propagande pour le groupe État Islamique (EI).
Selon Der Spiegel, il s’est rendu en voiture d’Autriche à Munich où il s’est lancé armé dans la rue.
Selon les autorités allemandes, cette affaire est probablement liée à la date anniversaire de la commémoration de la prise d’otages sanglante des athlètes israéliens au JO le 5 septembre 1972.
Pour mémoire
Lors de cette attaque commise par un commando palestinien, onze athlètes israéliens avaient été tués, ainsi qu’un policier et cinq preneurs d’otages.
Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, la multiplication des délits antisémites dans toute l’Europe inquiète les autorités et tout particulièrement en Allemagne, pays qui, en raison de la Shoah, a élevé le soutien à Israël au rang de raison d’État.
Selon le ministère de l’Intérieur, dans ce pays, le nombre record de 5.164 délits antisémites a été enregistré en 2023, contre 2.641 en 2022.
L’une des attaques antisémites les plus marquantes de l’après-guerre en Allemagne s’est produite en 2019: deux personnes avaient été tuées après qu’un néonazi a tenté de prendre d’assaut une synagogue à Halle, dans l’ex-RDA, lors de la fête juive de Yom Kippour.
La ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser a évoqué un « acte très grave » et a assuré que « la protection des établissements juifs et israéliens était une priorité absolue ».
En France
Comme les autres pays européens, la France est un objectif pour les islamistes radicaux. Les services de renseignement ont constaté l’émergence d’une nouvelle génération de jihadistes, parfois très jeunes. Quinze mineurs ont été mis en examen pour des faits de terrorisme en 2023 soit autant que sur les quatre années précédentes. La moitié des activistes mis en cause dans des attentats déjoués depuis 2021 ont moins de 20 ans.
Ces jeunes misent notamment sur une parfaite maîtrise des outils numériques connaissant parfaitement les réseaux sociaux qui servent de vecteur à la propagande salafiste-jihadiste.
Cette génération s’affranchit de ses aînés même si ces derniers sont des vétérans du jihad.
Ils ne cherchent généralement pas à faire allégeance à Daech (et encore moins à Al-Qaïda considéré comme un mouvement ringard) mais s’emparent des thématiques communautaires selon lesquelles l’État français serait islamophobe. Ils citent pour exemple l’interdiction du voile intégral, le soutien à Israël ou encore la fermeture de lycées musulmans privés. Cela dit, ils sont rétifs à toute autorité pour ne pas dire au monde adulte.
Toute la société occidentale leur est insupportable et ces jeunes trouvent dans l’argumentaire évoqué plus avant une justification à leur ultra violence.
Pour le moment, ce sont des cas individuels ou de petites cellules. L’inquiétude réside dans une éventuelle coordination de cet esprit de révolte qui pourrait conduite à des actes beaucoup plus déstabilisants pour la société.
Selon Hugo Micheron, auteur de l’ouvrage : « Les démocraties face au jihadisme européen. La colère et l’oubli » (Gallimard, 2023), l’islamisme radical et terroriste – qui ne doit pas être confondu avec le monde musulman vivant en Occident – sévit en Europe en s’appuyant à la fois sur les jihadistes étrangers qui y trouvent refuge à un moment donné mais également sur des noyaux d’Européens.
Il gagne du terrain, notamment parmi les jeunes générations de musulmans européens qui se rapprochent des milieux jihadistes.
Ce rapprochement peut s’effectuer selon plusieurs modes : la communication sur les réseaux sociaux qui véhiculent l’idéologie des radicaux islamistes ; la fréquentation des mosquées où opèrent des prédicateurs radicaux ; l’endoctrinement en prison pour ceux qui avaient plongé dans la délinquance ordinaire, et espèrent se reconstruire un avenir par une affiliation à l’intégrisme religieux.
Cet islamisme intégriste se caractérise par le principe de l’« allégeance » aux idées radicales et du « désaveu » pour tous ceux qui ne partagent pas ces idées : « Le fidèle doit donc choisir ‘son camp’ entre deux systèmes présentés comme antithétiques et en lutte l’un contre l’autre. À un modèle islamique parfait s’oppose un modèle démocratique corrompu, à la justice divine (la charia) s’oppose l’injustice de lois humaines, à la loyauté envers les musulmans s’oppose l’inimitié envers les mécréants ».
Ainsi, « au lieu de se projeter comme un citoyen européen de confession musulmane, l’individu se projette comme un fidèle appartenant à une nation musulmane (oumma), orpheline de son système politique (le califat) et exposée à l’injustice des hommes tant que la charia ne règnera pas sur terre ».
Il n’y a donc pas de possibilité de dialogue entre islamisme radical et société démocratique.
Dans l’espace européen, la tâche des autorités n’est pas facile. Comment neutraliser des activistes de nationalité européenne qui ne sont pas expulsables et qui se battent parfois uniquement sur le plan des idées ?
Toutefois, la frontière entre un islamisme rigoriste non terroriste et un islamisme radical pouvant entraîner des actes terroristes est bien difficile à définir.
Les « lionceaux du Califat ».
Pour conclure, Daech avait formé après 2015 des « écoles du terrorisme » où étaient formés les « Lionceaux du Califat ». Les dirigeants de ce mouvement comme ceux d’Al-Qaïda savent que la guerre pour conquérir la planète s’étalera sur des générations d’activistes. C’est pour cette raison que le recrutement puis la formation de nouveaux fanatiques est une priorité pour ces mouvements. En Occident, les réseaux sociaux jouent un rôle majeur pour cela.
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