Le 8 juillet, la Russie a attaqué des villes ukrainiennes faisant au moins 37 morts et 170 blessés. 30 des 38 missiles tirés auraient été interceptés. Les villes de Kiev, Dnipro, Kryvyï Rig, Sloviansk et Kramatorsk ont été touchées.

Selon le président Volodymyr Zelensky : « au total, près de cent  bâtiments ont été endommagés. »

Le bilan de ces tirs dans la profondeur du territoire ukrainien est l’un des plus élevés depuis des mois.

À la veille du sommet de l’OTAN à l’occasion de la commémoration des 75 ans de la création de l’Alliance, cela traduit l’usure de la défense antiaérienne ukrainienne.

Un fait particulièrement choquant a été rapporté par le président ukrainien : « un des plus importants hôpitaux pour enfants d’Europe, » a été endommagé à Kiev. « la Russie ne peut soutenir qu’elle ignore où tombent ses missiles et doit être tenue pour pleinement responsable. »

Selon les services de sécurité ukrainiens, au moins deux personnes ont été tuées dans cet hôpital (Okhmadyt) et sept enfants figurent parmi les blessés.

Moscou dément, assurant avoir visé et touché des « installations militaires » et affirmant que les images prouvent que les dégâts dans cet établissement ont été causés par la chute d’un missile antiaérien ukrainien.

Bien évidement, les deux camps se renvoient la responsabilité mais, sous réserve que la vidéo montrant le missile frappant l’hôpital n’ait pas été manipulée – ce qui est toujours possible -, elle montre ce qui semble être un missile air-sol Kh-101 (AS-23 « Kodiac ».)

(AS-23 « Kodiac ».)

Différentes photos des débris semblent accréditer la thèse du missile Kh-101 (sous réserve de véracité.)

Dans tous les cas, cela ne ressemble pas à un des missiles pouvant être mis en œuvre par les systèmes anti-aériens Patriot livrés aux Ukrainiens ces derniers mois.

Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell a déploré que la Russie « cible sans pitié les civils ukrainiens » estimant que « l’Ukraine a besoin d’une défense antiaérienne dès maintenant ».

Paris a parlé d’ « actes barbares  à ajouter à la liste des crimes de guerre dont la Russie devra rendre compte » tandis que Londres a dénoncé une « attaque épouvantable .» Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a évoqué un acte « odieux ».

L’armée russe frappe régulièrement profondément à l’intérieur du territoire ukrainien, ciblant en particulier des installations énergétiques et les usines d’armement mais aussi tuant des civils dans une stratégie qui a pour objectif – selon Kiev – de saper le moral des populations.

Si cette stratégie a été plus ou moins admise lors de la Seconde Guerre mondiale, cela relève aujourd’hui du « crime de guerre ».

L’Ukraine ne dispose que d’un nombre limité de systèmes de défense antiaériens et de munitions et en demande sans cesse plus à ses alliés occidentaux.

 

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Texte

Alain Rodier