La frégate iranienne Sahand (présentée comme un destroyer mais étant plus proche d’une corvette) a chaviré puis coulé à quai dans le port de Bandar Abbas le 7 juillet 2024. Deux marins seraient décédés dans l’accident.

Les médias iraniens affirment que des parties du navire étaient submergées et que les équipes travaillaient à « équilibrer » le navire…

Le complexe iranien de construction navale et d’industries offshore (ISOICO) a expliqué que l’accident a probablement été causé par « des problèmes dans le ballast d’équilibre du navire ou l’infiltration d’eau lors de réparations. »

Après son lancement, le navire, qui peut transporter un hélicoptère Bell, huit missiles antinavires et deux torpilles, a patrouillé sur les voies navigables de la région, en escortant des navires battant pavillon iranien dans le golfe d’Aden et d’Oman lors de tensions exacerbées avec les États-Unis et l’État hébreu.

La Sahand a été déployé aussi loin que la mer Baltique et le Venezuela, mais n’a participé à aucune attaque contre des navires étrangers.

Les premiers rapports suggèrent que cela est dû à une « défaillance technique » lors des réparations. Un mauvais entretien ou un accident de mouillage sont les plus probables. La thèse du sabotage semble peu vraisemblable à ce stade.

Les frégates iraniennes sont actives en mer Rouge, où elles sont soupçonnées d’avoir aidé les Houthis à attaquer des navires marchands et la Sahand y a parfois été déployé.

La marine iranienne (IRIN : Marine de la République islamique d’Iran) a connu une série de graves mésaventures ces dernières années. Parmi eux:

– le navire jumeau du Sahand, le Damavand (77), qui a chaviré et coulé après s’être échoué le 10 janvier 2018 ;

– le 2 juin 2021, le deuxième plus grand navire de guerre iranien, le Kharg, a pris feu et a coulé dans le golfe d’Oman ;

 

– un autre navire jumeau, le Talayieh, s’est retourné dans une cale sèche à Bandar Abbas le 6 décembre 2021.

 

– Parmi d’autres accidents notables, citons le navire de soutien Konarak touché par un missile le 11 mai 2020. Cet accident était un tir ami lors d’un exercice . Il tractait une cible mais c’est lui qui a été touché…

La Sahand est l’une des frégates iraniennes récentes inspirée du modèle britannique Vosper Mark 5.

Celles-ci ont été fournies par la Grande-Bretagne avant la révolution et sont toujours en service dans la marine iranienne.

Les nouveaux navires de classe Modge, dont la Sahand construite par le chantier naval Nedaja mise en service en 2012, sont des évolutions des modèles britanniques avec des apports d’armes supplémentaires.

Depuis sa construction, le navire a été modernisé pour inclure un nouveau radar AESA, 4 à 8 missiles de défense aérienne à moyenne portée et le double du nombre de missiles antinavires.

Cela a vraisemblablement élevé son centre de gravité (c/f photo ci-après.)

Les équipements électroniques et les armements sophistiqués modernes qui équipent les navires de guerre sont très sensibles à l’exposition à l’eau de mer. Ils ne supportent surtout pas d’y être plongés. Il est fort probable qu’en dehors de l’infrastructure générale, ce navire ne soit pas réparable.

La Marine iranienne est séparée en deux entités : la marine de guerre et la composante navale des Gardiens de la Révolution (Pasdarans). Si cette dernière peut être redoutable dans le Golfe persique et surtout dans le Détroit d’Ormuz – géographie maritime oblige -, la première n’a que peu d’utilité en raison de sa vétusté, du nombre insuffisant de ses navires et surtout de leur vulnérabilité à la moindre frappe. Si en plus ils coulent tout seuls, cela devient dramatique…

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Texte

Alain Rodier