Le Congrès américain souhaite restaurer les capacités nucléaires sur environ 30 bombardiers Stratofortress B-52H qui avaient été convertis pour être uniquement armés de munitions conventionnelles(1) dans le cadre du nouveau traité START de maîtrise des armements avec la Russie.

À savoir que les projets de loi concernant la politique de défense discutés au Sénat et à la Chambre des représentants pour l’exercice 2025 exigeraient que l’Armée de l’air reconvertisse ces appareils une décennie après avoir retiré ces capacités pour se conformer aux limites du traité « New START », l’actuel venant à expiration en février 2026. Le Sénat avait ratifié le ce traité en 2010. Il limite les deux pays à 1.550 ogives déployées. Bien que Washington et Moscou aient accepté de le prolonger pour cinq ans en 2021, la Russie a suspendu sa participation au « New START » en 2023 dans un contexte de tensions exacerbées avec l’OTAN après son invasion de l’Ukraine.

C’est pour cette raison que les législateurs voudraient renforcer l’arsenal nucléaire américain mais aussi pour faire face à l’effort stratégique entrepris par la Chine.

Les opposants à la mesure font valoir que cela rendra plus difficile la négociation d’un nouveau traité tout en compliquant les efforts visant à prolonger sensiblement la durée de vie de la flotte de bombardiers B-52 en version conventionnelle.

Le président de la commission des forces armées de la Chambre, Mike Rogers, a déclaré en présentant un amendement au projet de loi sur la politique de défense pour l’exercice 2025 : « le traité expire en 2026, et la perspective d’une présentation par la Russie de sérieuses discussions en matière de maîtrise des armements est extrêmement improbable […] Nous devons être prêts à faire face à un environnement nucléaire… »

Le projet de loi de la Chambre proposerait que l’Armée de l’air commence à reconvertir les bombardiers dans le mois qui suivra l’expiration du traité actuel pour achever le rétablissement de leurs capacités nucléaires d’ici 2029.

Mais le Démocrate Adam Smith a de son côté souligné que : « le Département de la Défense n’est pas intéressé […] Ce qui l’intéresse, c’est investir dans le B-21, qui est le bombardier à capacité nucléaire de la prochaine génération […] Cela coûterait beaucoup d’argent. En outre, il essaye actuellement de prolonger la durée de vie d’un certain nombre de B-52 (conventionnel) jusqu’en 2050 […] Ce constituerait une dépense supplémentaire à cela.»

Les 76 B-52 de l’armée de l’air sont les plus anciens bombardiers de sa flotte et volent depuis le début des années 1960.

Un B-52 Stratofortress affecté la base aérienne de Barksdale.

Aujourd’hui, un certain nombre restent un des éléments de la triade nucléaire (missiles sol-sol, mer-sol et air-sol) des États-Unis.

Ils peuvent être armés de 20 missiles de croisière AGM-86B dont 8 en soute et 12 sous voilure. La tête unique peut être réglée entre 5 et 150 kt (les armes larguées sur le Japon en 1945 faisaient de 12 à 23 kt.) Leur portée théorique maximum est de 2.400 kilomètres.

Les B-52 correctement configurés devraient également être armés des futurs missiles de croisière AGM-181A Long Range Stand-Off (LRSO) dont la porté dépasserait les 2.500 kilomètres. Cette arme pourrait aussi équiper les B-21.

Selon Mark Gunzinger, actuellement directeur des concepts futurs et des évaluations de capacités au Mitchell Institute for de l’Air & Space Association mais également un vétéran de l’Air Force qui a piloté des B-52 : « La restauration pourrait probablement se faire sans trop de difficultés. Le câblage nécessaire est probablement toujours en place… et les composants physiques qui avaient été retirés pourraient être réinstallés.

Le poste d’officier des systèmes d’armes dans le ventre d’une Stratofortress B-52H contient les commandes pour libérer les armes classiques – et, dans certains cas, les armes nucléaires – que le bombardier de 60 ans peut transporter. (Stephen Losey/Defense News)

L’Air Force prévoit actuellement de continuer à faire voler jusqu’en 2050 ce qui deviendra des B-52J « conventionnels » après avoir reçu de nouveaux moteurs, radars et autres modifications importantes.

En parallèle, un remplaçant pour le missile sol-sol Minuteman III

Il est aussi question de mettre en place les futurs missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) LGM-35A Sentinel de l’armée de l’air de plusieurs ogives.

Les ICBM LGM-30G Minuteman III existants du service ne disposent actuellement chacun que d’une seule ogive en raison des accords de contrôle des armements avec la Russie.

Publié le

Texte

Alain Rodier