Le Tchad est considéré comme le « porte-avions » de l’armée française au coeur de l’Afrique, et la France ne peut se permettre de perdre l’un des derniers « dominos » pro-occidentaux au Sahel. D’autant plus qu’en moins de deux ans, Paris a été obligé de retirer successivement ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Le Tchad est devenu le point central de la présence française au Sahel.

En mars dernier, Jean-Marie Bockel, l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron en Afrique, déclarait à N’Djamena : « Il faut rester, et bien sûr, nous resterons. »

Actuellement, un millier de soldats français y stationnent. Les relations franco-tchadiennes ont une place historique et politique particulière depuis les années soixante. À peu de différence près, Paris pensait la même chose pour le Niger jusqu’en juillet de l’année dernière quand la junte au pouvoir a prié l’armée française de quitter le pays !

Le Tchad est donc un enjeu central dans cette région déstabilisée par les guerres interethniques et les conflits frontaliers. Ce pays est le passage obligé avec la guerre civile au Soudan, les affrontements interethniques en République centrafricaine, la poussée islamiste qui avance inexorablement au Sahel et les combats en Libye.

Sans oublier la présence de forces paramilitaires russes dans les quatre pays autour du Tchad (Centrafrique, Niger, Libye et Soudan). Les Russes sont déjà présents au Tchad et les Américains ont annoncé en avril le retrait partiel de leurs forces spéciales et en particulier de leurs avions après des différends avec l’armée tchadienne.

Au vu des derniers évènements au Niger, les États-Unis risquent aussi d’être chassés du Sahel. Récemment, Washington, qui avait ménagé Niamey pour préserver ses intérêts militaires, se voit contraint par la junte de quitter le pays et de renoncer à ses bases, dont celle très stratégique d’Agadez construite à grands frais.

Or en Afrique, on ne respecte que le plus fort.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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