La question de l’implication de Téhéran dans l’opération « déluge d’Al-Aqsa » qui a eu lieu en Israël le 7 octobre 2023 et qui a fait plus de 1.200 victimes et 240 otages se pose toujours. Cette attaque a été menée par le Hamas appuyé par le Jihad islamique palestinien (JIP), le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDPLP), tous soutenus par Téhéran.
À l’occasion de la mort du général Mohammad Reza Zahedi responsable de la force Al-Qods des pasdarans pour le Liban et la Syrie, un groupe politique ultra-conservateur iranien a déclaré que ce dernier était impliqué dans la planification et l’exécution de l’attaque meurtrière du 7 octobre.
Zahedi, ainsi que son adjoint et cinq autres membres des pasdarans, ont été tués le 1er avril lors d’une frappe aérienne israélienne contre le consulat iranien à Damas, la capitale syrienne.
Dans un communiqué publié mercredi, le Conseil de la coalition des forces de la révolution islamique (également connu sous son acronyme persan SHANA) a salué « le rôle stratégique de Zahedi dans la formation et le renforcement du front de résistance ainsi que dans la planification et l’exécution de l’opération « déluge d’al-Aqsa ».
L’annonce indique : « … le général Mohammad Reza Zahedi, ainsi que ses camarades, ont été récompensés [du martyre] pour leurs années de lutte sincère, et ils ont obtenu le martyre à Lailat Al-Qadr (la « nuit du destin ») le jour de la mort de l’émir des croyants [Ali bin Abi Taleb, cousin et gendre du prophète Mohammad et premier imam chiite]. Le rôle stratégique du martyr Zahedi dans la consolidation et le renforcement du front de résistance, ainsi que dans la planification et l’exécution du ‘déluge d’al-Aqsa’ font partie de la grande fierté qui transformera les efforts discrets de ce grand commandant en histoire éternelle du lutte contre l’occupation par le régime sioniste. Les coups meurtriers portés ces jours-là contre les occupants de Jérusalem ont conduit les dirigeants de [ce] régime au bord de l’impuissance et du désespoir. »
SHANA est dirigé par l’ancien président du Parlement Gholam-Ali Haddad-Adel, proche du guide suprême Ali Khamenei et actuellement membre du Conseil du discernement. Le secrétaire de ce mouvement est Parviz Sorouri, un ancien commandant des pasdarans.
L’« axe de résistance » ou « front de résistance » sont des termes employés par les autorités iraniennes pour désigner les mandataires de Téhéran dans la région, tels que le Hamas, le Hezbollah, les milices Hachd al-Chaabi et les Houthis yéménites.
L’Iran a nié à maintes reprises son implication dans cette opération, affirmant que le Hamas et d’autres groupes armés de la région prennent leurs propres décisions et agissent de manière indépendante.
Cependant, le régime iranien avait rapidement salué l’attaque du 7 octobre en orchestrant des célébrations dans les rues. Certains y voient une indication potentielle que Téhéran avait une connaissance préalable de l’opération.
Il est totalement exact que le Hamas prend parfois des décisions qui ne vont pas dans le sens voulu par ses sponsors iraniens. Le meilleurs exemple reste le soutien apporté par le Hamas à la révolution anti-Bachar el-Assad de 2011 qui a mis le mouvement palestinien à l’index de l’Iran jusqu’en 2014. Les relations entre le Hamas et Damas ont été rétablies en 2022.
Selon les services de renseignement américains, il est possible que la décision de passer à l’action le 7 octobre 2023 soit uniquement le fait de responsables palestiniens. Cela dit, le torpillage des efforts entrepris par Israël en direction des pays arabes – et en particulier vers l’Arabie saoudite – ne peut que satisfaire l’Iran.
Mais les connexions existantes entre les mouvements palestiniens et l’Iran sont telles qu’il est difficile de croire que Téhéran n’ait pas été averti en amont par au moins un des protagonistes.
Il est vraisemblable que les Iraniens laissé faire car il leur était impossible d’intervenir (un peu comme les États-Unis avec Israël en ce moment) …
Ce qui est toutefois certain, c’est que l’Iran soutient logistiquement et financièrement le Hamas depuis des années (avec un léger « trou » entre 2021 et 2014.) L’Iran fournit également renseignements et formations à ses activistes. Il y a donc au moins une responsabilité indirecte de Téhéran dans les massacres du 7 octobre.
Aujourd’hui, l’Iran n’a pas l’intention de s’engager trop avant, d’où les réactions du Hezbollah libanais (qui lui agit sur ordres) qui sont restées globalement limitées depuis le début du conflit à Gaza. Et pourtant, nombre d’opérationnels du Hezbollah et maintenant iraniens ont été tués par Tsahal… Cela dit, un dérapage incontrôlé est toujours possible.
Publié le
Texte