Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) de l'Iran a tiré deux missiles balistiques à partir de lanceurs dissimulés dans des containers de transport maritime chargés à bord de l'un de ses navires logistique.

Cette combinaison particulière qui, quoique connue, n’avait pas été observée jusqu’à présent sur un navire iranien, élargit considérablement les possibilités d’emploi de ces armes qui pourraient être utilisées pour frapper des cibles par surprise.

Si ces essais ont eu lieu depuis une « base navale » bien connue, le Shahid Mahdavi, des containers lanceurs érecteurs pourraient aussi être embarqués sur des navires civils disposant de l’espace nécessaire pour leur mise en œuvre.

Au moins un des missiles aurait atteint sa cible dans le désert central d’Iran.

Il est difficile de déterminer la date à laquelle ces essais ont eu lieu mais certains observateurs estiment qu’ils ont du se produire entre le 25 et le 27 janvier.

Le navire se trouvait alors entre les villes de Jask et Chabahar le long de la côte iranienne dans le golfe d’Oman.

Les missiles deux missiles tirés seraient un de classe Fateh et peut-être un tout nouveau Emad. Ils ont une portée théorique maximale de 1.700 kilomètres.

Les lanceurs modulaires à base de conteneurs sont répandus. Par exemple, les États-Unis ont développé un lanceur de ce type pour les missiles Tomahawk et SM-6 qui fonctionnent à la fois en mer et sur terre.

La Russie n’est pas en reste avec le Club-K, uncomplexe de conteneurs de 20 et 40 pieds dissimulant des missiles pouvant être monté sur des navires, des plates-formes ferroviaires et des camions. Il s’agit d’une modification du système de missile Kalibr.

Des proxies de l’Iran comme des milices chiites irakiennes ont commencé à utiliser des missiles balistiques à courte portée plus simples tirés à partir de conteneurs civils destinés à être dissimulés avant le lancement.

Ce qui est nouveau pour Téhéran, c’est de tirer des missiles balistiques à partir de conteneurs standard à bord d’un navire.

Cela a été souligné par le 13 février par le commandant des pasdarans, le major-général Hossein Salami àl’agence de presse Tasnim: « Nos navires peuvent être présents n’importe où sur les océans. Il n’y a pas d’endroit sûr pour les puissances qui veulent menacer notre sécurité. »

Ce test est intervenu au moment où les rebelles houthis lancent de nombreux missiles sur des navires croisant au large du Yémen.

L’Iran a dépêché sur zone le navire espion MV Behshad qui est fortement soupçonné fournir des renseignements de localisation de cibles potentielles aux Houthis. À noter que ce navire est positionné depuis plusieurs jours au large de Djibouti cherchant peut être la « protection » de la base navale chinoise qui y est implantée.

En effet, dans le cadre de la riposte lancée au Proche-Orient par les Américains et les Britanniques le 2 février (1) contre les proxies de Téhéran, une importante attaque électronique aurait visé le MV Behshad. Téhéran craindrait maintenant pour la sécurité physique de son navire.

Pour mener à bien des actions hostiles contre des bateaux ayant un rapport (parfois indirect) avec l’État hébreu, l’Iran avait d’abord mis en œuvre des commandos agissant à partir de bateaux-mère, puis des drones embarqués. Des missiles balistiques dissimulé dans des containers font franchir un cap à la menace navale.

On peut imaginer comment des acteurs non étatiques qui servent de proxies à Téhéran pourraient utiliser cette capacité de nuisance très discrète pour conduire des attaques asymétriques potentiellement loin du territoire où ils résident.

 

1. Voir « FRAPPES ÉTATSUNIENNE AU PROCHE-ORIENT » du 5 février 2024.

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