Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 et vraisemblablement depuis la saisie de la Crimée en 2014, l’Ukraine - parallèlement à la guerre classique - mène une guerre secrète et obtient des résultats époustouflants.
La destruction d’une partie des vaisseaux de la Flotte de la mer Noire en est l’exemple le plus significatif mais il convient de rajouter les nombreux déraillements de trains et les incendies d’infrastructures industrielles inexpliquées en Russie sans manquer d’évoquer le sabotage des gazoducs Nord Stream dont l’origine laisse peu de doutes.
Mais parfois, une opération peut tourner court.
Ainsi, le Service de sécurité de l’État géorgien (SSG) a déclaré le 5 février avoir saisi des engins explosifs et une « quantité importante » de matières explosives provenant de la ville ukrainienne d’Odessa avec pour destination finale la localité de Voronej en Russie.
L’agence a déclaré que les fonctionnaires du SSG avaient découvert lors d’une fouille d’un véhicule deux batteries de voiture électrique servant de cache pour six «engins explosifs spéciaux.»
Une unité de déminage a retiré les dispositifs en toute sécurité et les a envoyés pour expertise.
Cette dernière a révélé que les dispositifs contenaient des explosifs plastics de qualité militaire C-4 d’un poids total de 14 kilos. Ils pouvaient être activés par des détonateurs électriques et des systèmes de retard sophistiqués.
Le SSG a affirmé que le véhicule les transportant était parti de la ville ukrainienne d’Odessa pour ensuite traverser la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie avant d’arriver en Géorgie.
Il semble qu’une partie des explosifs était destinée à la Russie mais qu’une autre devait rester en Géorgie…
Afin d’identifier les protagonistes impliqués dans cette affaire, le SSG a réalisé des copies inertes des explosifs qui ont été replacées dans les batteries.
Cela a permis d’identifier sept Géorgiens, trois Ukrainiens et deux Arméniens impliqués dans le « transport illégal de ces engins explosifs » jusqu’à la Géorgie.
Andrey Sharashidze, un Ukrainien d’origine géorgienne et ancien candidat député d’Odessa serait l’organisateur présumé de cette affaire. Il aurait suivi le périple du véhicule depuis l’étranger. Il est possible que certains suspects ne connaissaient pas la nature exacte de la cargaison. Pour mémoire, le crime organisé dans les ex-pays de l’Est est toujours très actif recruter des contrebandiers est chose aisée.
En Géorgie, l’achat et le stockage illégaux de substances et d’engins explosifs sont passibles d’une peine de trois à six ans d’emprisonnement. La préparation à des actes terroristes porte la peine à 10 à 15 ans d’emprisonnement.
Pour rappel, en 2022, les enquêteurs russes avaient affirmé que c’était un camion chargé d’explosifs qui avait été utilisé lors de l’attaque du 8 octobre du pont de Kertch en Crimée cette année-là. Les charges explosives était également parties d’Odessa au début août avant de transiter par la Bulgarie, l’Arménie la Géorgie pour enfin arriver en Russie où elles avaient été chargées dans le camion immatriculé en Russie.
Les relations entre l’Ukraine et la Géorgie
Le gouvernement géorgien a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie mais a tout fait pour empêcher la guerre de déborder sur son propre territoire.
Bien que les relations diplomatiques entre les la Géorgie et l’Ukraine aient été maintenues à un niveau subalterne (il n’y a plus d’ambassadeurs qui ont été remplacés par des chargés d’affaires), les rapports entre les deux gouvernements sont exécrables. Kiev accuse Tbilissi d’être favorable à Moscou et inversement, Tbilissi accuse Kiev d’accueillir tous les « criminels » géorgiens (en fait, les membres de l’opposition.)
Cette affaire dont on ne saura vraisemblablement pas la suite semble mêler le politique et le criminel. Il est possible que les services ukrainiens (SBU) aient voulu « monter un coup » en Russie tout en impliquant la Géorgie. À noter toutefois que le charge explosive – surtout si elle était divisée en deux – n’est pas suffisante pour causer de très gros dommages comme dans le cas du pont de Crimée en octobre 2022. L’utilisation de criminels pour effectuer une partie de la mission n’est pas non plus étonnante.
La question qui se pose est : quels étaient les objectifs ?
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