La base aérienne d'Al-Asad située à environ 180 kilomètres à l'ouest de Bagdad dans la province d'Al-Anbar en Irak, où sont stationnés des militaires et des sous-traitants américains, a fait l'objet d'un tir massif de missiles lancés par des groupes militants se revendiquant de la « Résistance islamique en Irak »(RII), un conglomérat de milices chiites alignées sur Téhéran. L'attaque aurait submergé les défenses anti-aériennes d'Al-Asad, plusieurs projectiles atteignant l’intérieur du complexe.
Un nouveau missile été dévoilé par la RII: le « Sarem » qui ressemble au Fateh-110 iranien.
La « Résistance islamique en Irak » qui englobe des groupes hostiles aux États-Unis et s’est retournée depuis le début de la guerre de Gaza contre Israël, a revendiqué la responsabilité de l’opération. Heureusement, les occupants de la base avaient été prévenus à l’avance de cette frappe et avaient pu se mettre à l’abri. Toutefois, plusieurs personnels dont des Américains auraient été touchés mais aucun mort n’a été signalé.
Le CENTCOM a publié une déclaration officielle sur l’attaque de la base aérienne d’Al-Asad. Il affirme que des missiles balistiques et des roquettes ont effectivement été utilisés : « approximativement 18 h 30 (heure de Bagdad), de multiples missiles balistiques et des roquettes ont été lancés par des activistes soutenus par l’Iran en Iraq occidental prenant pour cible la base aérienne d’Al-Asad. La plupart des missiles ont été interceptés par les systèmes de défense aérienne de la base tandis que d’autres l’ont atteint. Les évaluations des dommages sont en cours. Un certain nombre de membres du personnel américain font l’objet d’une évaluation des lésions cérébrales traumatiques. Au moins un membre du service iraquien a été blessé. »
Les États-Unis disposent d’environ 2.500 soldats en Irak dans le cadre de la mission anti-Daech.
Selon la presse américaine, cette attaque serait la 58ème dirigée contre des installations américaines en Irak depuis que la guerre entre les Israéliens et Gaza a débuté le 7 octobre.
Déjà dans le passé, la base aérienne d’Al-Asad a été au centre de nombreuses attaques. C’est un lieu de prédilection que l’Iran a frappé en représailles à l’assassinat par les États-Unis de Qassem Soleimani, commandant de la Force Al Qods lors d’une frappe de drones ayant eu lieu devant l’aéroport international de Bagdad au début de 2020. Les frappes de représailles avaient alors été tirées par des missiles balistiques iraniens depuis l’intérieur du territoire iranien. À cette époque, la base ne bénéficiait pas de système de défense anti-aérienne sophistiquée.
Une batterie de Patriot PAC63 CRI aurait été transférée sur la base à la suite du 7 octobre 2023 en prévision de frappes potentielles de la part de l’Iran et de ses mandataires.
Les Iraniens veulent venger leurs « martyrs » et ceux du Hezbollah libanais
Le général Hojjatollah Omidvar, le chef du renseignement adjoint iranien en Syrie et ses hommes tués à Damas par une frappe israélienne.
Il s’agit également d’une réponse à la mort de cinq membres des Gardiens de la Révolution islamique en Syrie le 20 janvier vraisemblablement tués par un raid aérien israélien contre le quartier de Mezzeh de Damas. Le général Hojjatollah Omidvar et Ali Aqazadeh, Hossein Mohammadi, Saeed Karimi et Mohammad Amin Samadi avaient péri lors du bombardement.
Il convient de reconnaître que l’État hébreu qui frappe régulièrement des objectifs militaires du Hezbollah en Syrie – et ce depuis des années – a intensifié ses frappes contre des responsables iraniens tout en poursuivant sa campagne anti-hezbollahis. L’objectif de Tsahal est de maintenir à distance les Iraniens et leurs alliés du Hezbollah en ne leur permettant pas de renforcer leur dispositif en Syrie et en entravant les trafics d’armes et de missiles vers le Liban.
Déjà, le 25 décembre dans la journée le brigadier général du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique de la République d’Iran Razi Moussavi(1) avait été neutralisé par trois missiles dans le quartier de Sayyida Zeinab, au sud de Damas.
Le 8 janvier, un drone israélien au tué Wissam al-Tawil alias « Jawad »(2), un haut responsable du Hezbollah membre de la « force Radwan » (Force d’al-Hajj Radwan), l’unité d’élite chargée des opérations spéciales au sein de la branche militaire du mouvement chiite libanais.
Un point commun à toutes ces victimes : elles gravitaient dans l’entourage du major-général Soleimani…
Le Yémen, nouveau champ de bataille
À des milliers de kilomètres plus au sud, dans et autour de la mer Rouge, il semble clair maintenant que les États-Unis tentent d’endiguer les tirs des Houthis contre les navires transitant par la mer Rouge.
Les frappes américano-britanniques se succèdent désormais presque tous les jours pour tenter de neutraliser les capacités des rebelles houthis dans le domaine des armements pouvant menacer les navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden (voir carte ci-après). Pour le moment, les résultats de ces actions ne sont pas encore sensibles. Surtout, les Houthis paraissent plus déterminés que jamais à poursuivre la guerre qu’ils ont déclaré officiellement à Israël et, par la suite, aux Américains et Britanniques. Même si la situation est différente(3), l’expérience afghane ne pousse guère à l’optimisme…
1. Voir : « Général des pasdarans tué en Syrie » du 29 décembre 2023.
2. Voir : « Mort d’un haut responsable du Hezbollah libanais » du 9 janvier 2024.
3. La guerre en Afghanistan était essentiellement terrestre. Au Yémen, elle est maritime et aérienne. Mais les Taliban et les Houthis ont de nombreux points communs dont leur antisémitisme et leur anti-occidentalisme assumés.
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