Les rebelles houthis qui tiennent l’ouest de Yémen participent directement au conflit déclenché par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. À savoir qu’animés par leur idéologie antioccidentale et antisémite (1), ils ont déclaré la guerre à Israël, en représailles à l’offensive militaire menée par Tsahal contre Gaza après les massacres et les enlèvements du 7 octobre. Yahia Sarei, le porte-parole des forces armées houthies, a mis en garde « tous les navires appartenant ou traitant avec l’ennemi israélien » et affirmé que son mouvement « continuera à mener des opérations militaires contre l’ennemi israélien jusqu’à ce que l’agression contre Gaza cesse ».

Dans un premier temps, ils ont tiré des missiles balistiques et des drones qu’ils possèdent en nombre(2) en direction d’Israël sans causer de grand mal car ils ont tous été interceptés ou sont tombés en Égypte. Étant donnés la portée limitée des drones, des doutes subsistent quant à leurs bases de départ. Elles pourraient plutôt se situer en Irak ou, encore mieux en Syrie. Cela voudrait dire que leurs « parrains » iraniens sont directement engagés dans ces actions commises sous un autre pavillon comme ils ont l’habitude de le faire avec le Hezbollah libanais. La coopération des Houthis avec les milices chiites irakiennes favorables à Téhéran (aussi présentes en Syrie) est connue de longue date.

Le deuxième type d’opération est plus marquant car il vise des navires « israéliens » (en réalité des navires civils propriété d’hommes d’affaires israéliens) qui transitent par la mer Rouge puis par le golfe d’Aden.

Ainsi, le 26 novembre, des agresseurs armés ont pris d’assaut le navire M/V Central Park battant pavillon libérien mais géré par la « Zodiac Maritime Ltd » qui fait partie de la société « Ofer Global » basée à Monaco sous la présidence du richissime homme d’affaires israélien Eyal Ofer. L’attaque a eu lieu à une centaine de  kilomètres au nord-est de la Somalie dans le golfe d’Aden.

Cependant l’équipage a pu envoyer un message de détresse auquel le destroyer américain de classe Arleigh Burke, USS Mason, a répondu le 27 novembre vers 01 H 00 se rendant sur les lieux. Selon le commandement américain : « par la suite, cinq individus armés ont évacué le navire et tenté de fuir avec leur petit bateau [qui les avait amené] ». Mais « le Mason a poursuivi les attaquants, ce qui a entraîné leur reddition finale ». C’est-à-dire qu’ils ont été faits prisonniers.

Alors que la situation s’était stabilisée, deux missiles ont été tirés depuis la côte yéménite vers les deux navires mais ils se sont abîmés en mer à plus de 18 kilomètres de leur position.

L’abordage du Central Park survient après que le porte-conteneurs, CMA CGM Symi, appartenant au même milliardaire israélien venant de Dubaï ait été attaqué le 24 novembre par un drone de facture iranienne en mer d’Arabie.

Il aurait touché son objectif mais n’aurait causé aucune perte humaine ni de dégâts significatifs.

Téhéran suspecté par Washington d’être derrière cette attaque a nié son implication. Pour les Houhi, cela fait un peu loin.

Les navires Symi et le Central Park semblaient prévenus de la menace car ils avaient éteint leurs systèmes de géolocalisation automatique (AIS).

Dans le cas de Central Park, le navire avait transmis sa dernière position il y a cinq jours après qu’il soit sorti  du canal de Suez en direction du sud.

Le transport maritime mondial est de plus en plus visé à mesure que la guerre israélo-Hamas menace de devenir un conflit régional plus large – alors même qu’une trêve a mis fin temporairement aux combats dans la bande de Gaza -.

Au début du mois de novembre, les Houthis s’étaient emparés du navire Galaxy Leader, un cargo transportant des automobiles au large du Yémen. Il appartient à Abraham « Rami » Ungar qui dirige la société Ray Car Carriers Ltd. Les rebelles retiennent toujours le navire et son équipage au large de la ville portuaire de Hodeïda.

Aucun Israélien n’était à bord du Galaxy Leader, exploité par la société de transport japonaise Nippon Yusen. Le secrétaire de cabinet japonais, Hirokazu Matsuno, a déclaré que le Japon était en train de négocier avec les rebelles houthis en liaison avec les autorités israéliennes et les gouvernements saoudien, omanais et iranien pour obtenir la libération du navire et de son équipage.

Pour rappel, en 2016, les États-Unis avaient lancé des missiles de croisière Tomahawk qui avaient détruits trois sites radars dans le territoire contrôlé par les Houthis en riposte de tirs hostiles contre des navires US.

Le problème pour le Pentagone est de définir précisément des cibles significatives des forces houthies qui sont réparties dans l’ouest yéménite. Mais il est probable que si l’hostilité perdure, il y aura dans les semaines à venir des répliques américaines. Il n’est pas certain qu’elles impressionnent les rebelles yéménite qui résistent depuis 2015 aux bombardements saoudiens…

Et pendant ce temps, le porte-avions américain USS Eisenhower a traversé le détroit d’Ormuz et est entré dans le golfe Persique. Il est escorté par le croiseur USS Philippine Sea, les destroyers USS Gravely et USS Stethem et par la frégate française Languedoc.

Ce groupe a à sa portée la République islamique d’Iran mais là aussi, cela ne change pas grand-chose. Si l’ordre en était donné, les bases terrestres US réparties le long de la mer d’Arabie sont suffisantes pour effectuer des frappes significatives. Il semble que Washington joue une fois de plus sur l’image que sur une réalité tactique.

1. Voir : « Les Houthis yéménites en guerre contre Israël » du 7 novembre 2023 ».

2. Voir : « Yémen : nouveau missile pour les Houthis » du 25 septembre 2023 ».