Dans le cadre de la guerre contre la drogue qui semble être sans fin, les autorités péruviennes ont arrêté à la mi-novembre des membres importants du « Parti communiste militarisé du Pérou » (Militarisado Partido Comunista de Perú - MPCP), un groupe politico-criminel héritier du « Sentier lumineux » actif dans la vallée des rivières Apurama, Ene et Mantaro (région surnommée « VRAEM »).
Parmi les personnes capturées figure José Quispe zuňiga, 24 ans, alias « Josedio », le fils de l’actuel leader du MPCP, Víctor Quispe Palomino, alias « Camarade José » (1).
Les autres prévenus sont (de gauche à droite sur la photo, le premier étant « Josedio ») : Hugo Quispe Vargas, 23 ans, fils de Marco Antonio Quispe Palomino alias « Camarade Gabriel » abattu en 2013, Romeo Campos Mancilla, 19 ans alias « Romeo » et Jheyson Andrés Ramos Andrade, 24 ans alias « Andrés ».
Ils auraient « lâché » aux enquêteurs qu’ils étaient plus passionnés par le football que par la révolution…
L’arrestation de ces jeunes gens est tout de même importante parce qu’ils sont nés et ont grandi au sein de l’organisation politico-mafieuse. Ils ont été formés idéologiquement et militairement pour prendre la succession de leurs parents.
Selon le colonel Max Anhuaman, le chef de la Direction de la lutte contre le terrorisme (Dircote), le leader Victor Quispe Palomino serait désormais en position délicate n’ayant plus de successeur capable de prendre sa relève. Ses frères ont été neutralisés, le dernier, Jorge Quispe Palomino alias Raúl en janvier 2021(1).
Cette opération baptisée « Wolf II 2023 » a été menée par des agents de la Dircote de la Police nationale et des unités militaires dans la ville de Mayapo située dans le district de Llochegua (province de Huanta au nord de VRAEM).
Ces individus auraient été attirés dans le village de Mayapo pour participer à une « activité sociale » mais ils étaient attendus par les agents de renseignement du Dircote et un groupe d’élite du Commandement spécial VRAEM (CEVRAEM).
Cette opération a été appuyée par le Département de géolocalisation de la Direction des enquêtes criminelles (Dicri), afin de suivre les déplacements des suspects à travers le VRAEM.
Les accusés sont suspectés avoir participé à de multiples attaques terroristes, notamment au meurtre de sept membres de la police nationale dans la province de Cuzco, le 11 février 2023.
Avec l’arrestation de ces jeunes criminels, le dirigeant Victor Quispe Palomino perd 20 ans consacrés à la formation idéologique et militaire de ceux qui étaient destinés à prendre la suite des dirigeants de son organisation.
Selon la commission nationale antidrogue du Pérou, en 2022 le VRAEM représentait 37 % de la superficie totale de plantations de coca du pays.
Depuis l’apogée de sa puissance dans les années 1990, le Sentier Lumineux et les mouvements qui en sont issus contrôlent effectivement la région. En effet, SL s’est fracturé à plusieurs reprises, le Parti communiste militarisé du Pérou MPCP du camarade José émergeant finalement comme son principal vestige.
Ce mouvement facilite la culture de la coca en fournissant la protection aux paysans producteurs. Il supervise ensuite l’expédition des feuilles de coca, de la pâte de coca et de la cocaïne hors de son fief, d’où elles sont expédiées par les trafiquants de drogue vers d’autres pays, en particulier vers la Bolivie et le Brésil.
Le port péruvien de Callao est un des points de transit clé pour la cocaïne en provenance des bastions du MPCP. Depuis Callao, la marchandise est ensuite expédiée vers les marchés de consommation d’Amérique du Nord et d’Europe.
La place centrale de la culture de la coca et d’autres activités illicites dans le VRAEM signifie que les groupes criminels organisés persisteront même si les opérations continues contre la prochaine génération du MPCP réussissent et s’il est démantelé. Des gangs pendront alors la relève. Tant qu’il y aura des consommateurs de drogues, les trafics perdureront.
1. Voir : « Pérou : mort d’un ‘commandante’ de Sentier Lumineux » du 9 avril 2021.
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