Le 14 novembre, Tsahal a commencé investi l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de Gaza car les renseignements israéliens confirmés par les Américains estimaient que ses lieux, et en particulier les sous-sols, servaient de point central au groupe terroriste Hamas.

Il convient de souligner que l’Article 19 de la IV ème convention de Genève stipule que « l a protection due aux hôpitaux civils ne cessera que s’il en est fait usage pour commettre, en dehors des devoirs humanitaires, des actes nuisibles à l’ennemi ».

Selon l’armée israélienne : « Tsahal mène une opération terrestre à Gaza pour vaincre le Hamas et sauver nos otages. Israël est en guerre contre le Hamas, pas contre les civils de Gaza ». Ses « forces comprennent des équipes médicales et arabophones qui ont suivi une formation spécifique pour se préparer à cet environnement complexe et sensible, avec l’intention qu’aucun dommage ne soit causé aux civils utilisés par le Hamas comme boucliers humains ».

« Ces dernières semaines, Tsahal a publiquement averti à maintes reprises que l’utilisation militaire continue de l’hôpital Shifa par le Hamas mettait en danger son statut de protection au regard du droit international, et a laissé suffisamment de temps pour mettre fin à cet abus illégal de l’hôpital.

Le 13 novembre, Tsahal a une fois de plus fait savoir aux autorités compétentes de Gaza que toutes les activités militaires au sein de l’hôpital devaient cesser dans les 12 heures. Malheureusement, ce n’a pas été le cas. L’armée israélienne a déclaré qu’elle « a également facilité les évacuations à grande échelle de l’hôpital et maintenu un dialogue régulier avec les autorités hospitalières ». Enfin Tsahal a appelé tous les terroristes du Hamas présents à l’hôpital à se rendre.

La secrétaire de presse adjointe du Pentagone, Sabrina Singh a déclaré pour sa part : « nous disposons d’informations selon lesquelles le Hamas et le Jihad islamique palestinien [JIP] utilisent certains hôpitaux de la bande de Gaza, notamment l’hôpital Al Shifa, comme moyen de dissimuler et de soutenir leurs opérations militaires et de détenir des otages […] les groupes ont des tunnels sous ces hôpitaux […] les membres du Hamas et du JIP exploitent un nœud de commandement et de contrôle depuis l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza. Ils y ont stocké des armes et sont prêts à répondre à une opération militaire israélienne contre l’installation ».

Mais elle a tout de même a précisé : « nous ne voulons absolument pas assister à des échanges de tirs dans un hôpital où se trouvent des civils innocents».

L’opération israélienne à l’intérieur de l’hôpital s’est déroulée méthodiquement une centaine de fantassins investissant les lieux couverts par des chars qui quadrillaient les rues adjacentes mais aucun combat ne semble avoir eu lieu.

Il a été ordonné par haut-parleur en arabe à tous les hommes âgés de 16 à 40 ans (à l’exception des équipes médicales) de quitter tous les bâtiments de l’hôpital pour se rendre dans la cour principale où ils sont fouillés puis interrogés. 200 personnes auraient été évacuées sans que l’on ait de précisions…

Tsahal a montré des vidéos d’une « salle de commandement » et des armes et équipements militaires découverts.

 

Ces premiers éléments ne constituent pas des « preuves évidentes » de ce qui a été avancé jusque là. En effet, aucun tunnel n’a été pour le moment découvert sous l’hôpital. Les Israéliens poursuivent leurs recherches, en particulier avec des bulldozers. Mais les mouvements terroristes palestiniens avaient été prévenus de longue date que l’hôpital Al-Shifa constituait un objectif prioritaire pour Tsahal. Il est tout à fait possible qu’ils aient transféré tout ce qui pouvait être compromettant – ainsi que les 240 otages – dans d’autres lieux sécurisés, en particulier au Sud de la bande de Gaza.

De sont côté, le Hamas a déclaré via Telegram : « nous tenons l’entité occupante et ses dirigeants néo-nazis, ainsi que le président Biden et son administration, pleinement responsables des répercussions de l’assaut de l’armée d’occupation sur le complexe médical de Shifa, et de ce à quoi le personnel médical et des milliers de personnes déplacées sont exposés, ainsi que à la suite de ce crime brutal contre un établissement de santé protégé par la Quatrième Convention de Genève, et les dirigeants de l’occupation en seront tenus responsables. Et tous ceux qui ont été de connivence avec lui pour tuer des enfants, des malades et des civils sans défense ».

Le média Al-Mayadeen, affilié au Hezbollah, a publié une déclaration similaire par le même canal : « Nous tenons l’occupation, la communauté internationale et les États-Unis responsables de la sécurité de milliers de membres du personnel médical, des blessés et des déplacés, et nous mettons en garde contre la commission d’un massacre à l’hôpital Al Shifa ».

Il faut néanmoins se rappeler que le Hamas et le Hezbollah (au moins sa branche armée) sont reconnus par une majorité de pays et d’organisations internationales comme des groupes terroristes. Ils ne respectent aucune loi de la guerre ou convention internationale (les massacres de 1.200 Israéliens, hommes, femmes et enfants du 7 octobre en sont l’illustration parfaite) mais savent très bien jouer avec l’opinion occidentale qui est très sensible au respect des Droits humains puisque ces derniers constituent le socle de la civilisation occidentale moderne.

Le 15 novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution présentée par Malte appelant à une pause dans les combats à Gaza. Les États-Unis se sont abstenus (comme la Grande-Bretagne et la Russie). C’est la première fois que le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution sur la guerre depuis les massacres du 7 octobre commis par le Hamas et le Jihad islamique palestinien (JIP).

Le Conseil de sécurité

1.Exige de toutes les parties qu’elles s’acquittent des obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire, notamment pour ce qui est de la protection des civils et tout particulièrement des enfants ;

2.Demande des pauses humanitaires urgentes et prolongées et des corridors dans l’ensemble de la bande de Gaza pendant un nombre suffisant de jours pour permettre, conformément au droit international humanitaire, un accès complet, rapide, durable, sûr et sans entrave pour les organismes humanitaires des Nations Unies et leurs partenaires d’exécution, le Comité international de la Croix-Rouge et d’autres organisations humanitaires impartiales, afin de faciliter l’acheminement de façon continue, sans entrave et en quantités suffisantes, de biens et services essentiels, qui sont importants pour le bien-être des civils, en particulier des enfants, dans l’ensemble de la bande de Gaza, notamment l’eau, l’électricité, la nourriture et les fournitures médicales, ainsi que les réparations d’urgence des infrastructures essentielles, et de permettre des efforts urgents de sauvetage et de relèvement, notamment en ce qui concerne les enfants disparus dans des bâtiments endommagés ou détruits, y compris l’évacuation médicale des enfants malades ou blessés et des personnes s’occupant d’eux ;

3.Demande la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes, tout particulièrement des enfants, et la garantie d’un accès humanitaire immédiat ;

4.Demande à toutes les parties de s’abstenir de priver la population civile de la bande de Gaza des services essentiels et de l’assistance humanitaire indispensables à sa survie, conformément au droit international humanitaire, privations qui ont un effet disproportionné sur les enfants, se félicite des premières livraisons, quoique limitées, de fournitures humanitaires aux civils de la bande de Gaza et demande l’intensification de la fourniture de ces articles pour satisfaire les besoins humanitaires de la population civile, tout particulièrement des enfants ;

5.Souligne l’importance des mécanismes de coordination, de notification humanitaire et de désescalade pour protéger l’ensemble du personnel médical et humanitaire, les véhicules, notamment les ambulances, les sites humanitaires et les infrastructures critiques, y compris les installations de l’ONU, et pour faciliter la circulation des convois d’aide et des patients, en particulier des enfants malades ou blessés et des personnes s’occupant d’eux ;

6.Prie le Secrétaire général de lui rendre compte oralement de l’application de la présente résolution à la prochaine séance prévue consacrée à la situation au Moyen-Orient et le prie également de trouver des moyens d’assurer effectivement le suivi de l’application de la présente résolution comme une question d’importance primordiale ;

7.Décide de rester saisi de la question

Une majorité d’électeurs républicains américains se sont offusqués de l’abstention des États-Unis à l’image de Nikky Haley, ancienne ambassadrice des USA auprès de l’ONU sous le mandat du président Donald Trump et candidate à l’investiture pour le parti républicain pour l’élection présidentielle de 2024 qui a déclaré : « le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à une ‘pause’ à Gaza, et au lieu d’opposer son véto à cette résolution honteuse, les États-Unis se sont abstenus. Biden fait à Israël ce qu’Obama a fait à l’ONU : c’est embarrassant. Nous devons soutenir Israël lorsqu’il est touché et lorsqu’il riposte. Pas de cessez-le-feu. Fini le Hamas ».

Publié le

Texte

Alain Rodier