Le 19 septembre, une flotte de drones kamikazes de l’armée azerbaïdjanaise s’abat sur la défense antiaérienne de la république autoproclamée d’Artsakh, et l’annihile. Des essaims de drones s’écrasent aussi sur plusieurs agglomérations, dont la capitale Stepanakert, pour effrayer la population.

En moins de 24 heures, l’Azerbaïdjan règle le sort de l’enclave séparatiste du Haut-Karabakh : l’opération a fait 213 morts du côté des Arméniens, qui appellent à un cessez-le-feu immédiat.

Le 28 septembre, les autorités sécessionnistes annoncent l’autodissolution de ce territoire indépendant depuis 1991 et marqué par trois guerres : la première en 1988, la deuxième en 1994 avec la défaite de l’Azerbaïdjan et son humiliation, puis à l’automne 2020, après 40 jours de combats à l’issue desquels l’Arménie, qui a toujours soutenu le Haut-Karabakh, capitula.

À ce moment-là, les jeux étaient quasiment faits, car au fil des mois la Russie, avec quelque 1 900 soldats comme force d’interposition, a laissé Bakou étrangler progressivement l’enclave sécessionniste en bloquant son ravitaillement. Les raisons de ce laisser-faire : d’une part, les relations entre Moscou et Bakou se sont renforcées, notamment avec la guerre en Ukraine, la Russie écoulant son gaz par l’Azerbaïdjan (acheté, aux dires des Arméniens, par les Occidentaux…) ; d’autre part, les rapports politiques entre Moscou et Erevan se sont détériorés, car le Premier ministre arménien Nikol Pachinian est jugé trop occidental par le Kremlin, qui lui reproche de ne pas s’aligner sur les positions russes.

Donc, quand les Azerbaïdjanais lancent leur offensive en septembre, les Russes laissent passer les colonnes azerbaïdjanaises. De son côté, l’Arménie décide de ne pas intervenir dans ce conflit pour aider les frères sécessionnistes arméniens du Haut-Karabakh, car les risques sont trop grands pour Erevan, qui craint une défaite totale face à une armée azerbaïdjanaise bien plus puissante, voire une invasion de l’Arménie.

D’aucuns disent : « Le gouvernement arménien a sacrifié le Haut-Karabakh pour sauver l’Arménie. »

Reste à savoir si l’Azerbaïdjan avec cette victoire ne va pas continuer dans sa lancée et se tailler un nouveau territoire pour atteindre la République autonome du Nakhitchevan, enclave azerbaïdjanaise coincée entre l’Arménie et la Turquie, et ainsi rejoindre la frontière turque, le grand allié de Bakou…

Ce qui est certain, c’est que ces 24 heures de combats en septembre 2023 dans le Haut-Karabakh ont changé la donne dans le Caucase.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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