Un an après que Mahsa Amini est décédée dans un commissariat de police iranien après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour port « non conforme » de son voile et le début du mouvement de contestation en Iran, les États-Unis ont annoncé officiellement le 11 septembre avoir conclu avec Téhéran un accord d’échange de prisonniers.

Ce dernier avait été conclu en août mais il n’a été formalisé que cette semaine et peu de détails étaient connus. Les États-Unis vont relâcher cinq ressortissants iraniens et l’Iran va libérer cinq citoyens américains.

Le Département d’État américain a précisé que les banques internationales ont le droit le droit de transférer six milliards de dollars d’argent iranien bloqué en Corée du Sud (où cette somme qui représentait le paiement d’achat de pétrole iranien par Séoul) vers le Qatar qui les mettra à disposition de l’Iran.

Un représentant du Département d’État a déclaré que l’argent iranien libéré ne pouvait être utilisé que pour des « besoins humanitaires » et a souligné qu’aucune des sanctions sévères imposées par Washington contre l’Iran n’avait été levée : « les États-Unis ont depuis longtemps pour politique de garantir que nos sanctions n’empêchent pas la nourriture, les médicaments et autres biens et services humanitaires d’arriver aux gens ordinaires, même si leurs gouvernements sont répréhensibles […] Nous n’avons levé aucune de nos sanctions contre l’Iran, et l’Iran ne bénéficie d’aucun allègement des sanctions ».

Une fois que Téhéran aura vérifié que cette somme est effectivement librement accessible, un échange de cinq prisonniers devrait avoir lieu dans les jours qui suivront.

Les Américains qui devraient être libérés ont la double nationalité américano-iranienne (statut non reconnu par Téhéran) et comprennent les hommes d’affaires Emad Shargi (59 ans) et Siamak Namazi (51 ans) ainsi que l’écologiste Morad Tahbaz (67 ans) qui possède également la nationalité britannique.

L’identité des deux autres prisonniers américains, dont une femme, n’a pas été révélée.

Selon le site Al-Monitor basé à Washington, les Iraniens objets de l’échange sont :

— Kaveh Lotfolah Afrasiabi accusé en 2021 d’avoir prétendument omis de s’enregistrer en tant qu’ « agent étranger » au nom de l’Iran alors qu’il faisait pression sur des responsables américains sur des questions telles que la politique nucléaire ;

— Mehrdad Moein Ansari condamné à 63 mois de prison en 2021 pour avoir obtenu du matériel pouvant être utilisé dans des missiles, des armes de guerre électronique, des armes nucléaires et d’autres équipements militaires ;

— Amin Hasanzadeh résidant permanent aux États-Unis que la justice a accusé en 2019 d’avoir prétendument volé des plans d’ingénierie à son employeur pour les envoyer en Iran ;

— Reza Sarhangpour Kafrani inculpé en 2021 pour avoir prétendument exporté illégalement du matériel de laboratoire vers l’Iran ;

— Kambiz Attar Kashani, un Irano-Américain condamné en février à 30 mois de prison pour avoir acheté « des équipements et logiciels électroniques américains sophistiqués et de premier ordre » par l’intermédiaire de sociétés écrans aux Émirats arabes unis.

 

Cette tractation suscite de nouvelles critiques à l’égard du président Joe Biden de la part des Républicains (qui viennent aussi de lancer une procédure d’empêchement pour avoir couvert les activité « délictueuse » de son fils Hunter) qui avancent le fait que cet accord va stimuler l’économie iranienne à un moment où Téhéran constitue une menace croissante pour les troupes américaines et leurs alliés au Moyen-Orient…

Ainsi, le sénateur Chuck Grassley a déclaré « qu’il est ridicule que les États-Unis soient soumis à un chantage pour les obliger à payer six milliards de dollars pour des otages, ce qui contribuera indirectement à financer la politique étrangère numéro un de l’Iran : le terrorisme ».

Le sénateur Tom Cotton a accusé M. Biden de « payer une rançon au pire État sponsor du terrorisme au monde ».

Nul doute que cette décision va également être rudement critiquée en Israël.

Le transfert des six milliards de dollars était l’élément critique de l’accord de libération des prisonniers, en vertu duquel quatre des cinq détenus américains ont été transférés des prisons iraniennes vers une assignation à résidence en août. Le cinquième détenu était déjà l’objet de cette mesure.

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Texte

Alain Rodier