Evgueni Prigojine surnommé le « cuisinier de Poutine », propriétaire et patron de la société militaire privée (SMP) « Groupe Wagner » a été annoncé mort dans un « accident d’avion » par les médias russes survenu le 23 août entre Moscou et St-Pétersbourg.

Selon Rosaviatsia, le bureau qui gère l’aviation civile russe, dix personnes se trouvaient à bord de l’Embraer-135 (EBMR3.SA) modèle Legacy 600 qui appartenait au Groupe Wagner.

Il est à noter que ce type d’avion n’a connu qu’un crash en 20 ans d’exploitation…

L’avion se serait écrasé près du village de Kuzhenkino, à mi-chemin entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Un premier rapport cité par l’agence de presse Interfax indique que dix corps dont celui de Prigojine (62 ans) ont été retrouvés et identifiés – mais cela n’a pas été officiellement confirmé.

Les réseaux sociaux liés au groupe de mercenaires Wagner dont «  Grey Zone Telegram » affirment que son avion privé a été abattu par la défense aérienne russe : Prigojine est mort « à la suite des actions de traîtres envers la Russie ».

Prigogine qui s’était opposé depuis le début de la guerre en Ukraine au ministre de la défense Sergueï Choïgou  et au chef d’état major des armées Valéri Guerassimov les accusant d’être « incompétents » avait mené il y a deux mois une mutinerie qui avait tourné court.

Cependant, certains experts en Russie et à l’étranger suggèrent que la révolte organisée par Prigojine avait été abandonnée sur ordre direct du président Vladimir Poutine qui avait ensuite reçu les responsables de la SMP pour leur proposer un accord.

L’ « accident » de mercredi dans la région de Tver situé au nord-ouest de Moscou, survient le lendemain du limogeage de la tête de l’aviation russe du général Sergueï Surovikine (mais qui reste « à disposition » du ministère de la Défense).

Ce dernier avait entretenu de bonnes relations avec Prigojine quand il occupait les fonctions de commandant du théâtre de guerre ukrainien, poste dont il avait été relevé en janvier 2023 pour être remplacé par Valéri Guerassimov en personne !

Le commandant militaire et fondateur de Wagner, Dmitri Outkine, figurait également sur la liste des victimes.

Gray Zone a déclaré que les résidents locaux avaient entendu deux détonations avant l’accident et avaient vu deux traînées de vapeur.

L’agence de presse Tass a indiqué que l’avion avait pris feu en percutant le sol. L’avion était dans les airs depuis moins d’une demi-heure, a-t-elle ajouté. Une « enquête » a été ouverte sur l’accident et les secours ont fouillé les lieux.

Dans le même temps, Gray Zone a rapporté qu’un deuxième avion d’affaires appartenant à Prigojine avait atterri en toute sécurité dans la région de Moscou. La rumeur avait alors couru que Prigojine pouvait se trouver à bord.

Après le Putsch, les mercenaires du  Groupe Wagner avaient été autorisés à s’installer en Biélorussie ou à rejoindre l’armée russe. Prigojine lui-même a accepté de s’installer en Biélorussie – mais avait apparemment pu se déplacer librement, faisant des apparitions publiques en Russie et diffusant le 22 août une vidéo de lui prétendument en Afrique.

Mais depuis la mutinerie, plusieurs observateurs russes l’avaient décrit comme un « homme mort qui marche ».

Il faut se rappeler que la première réaction du président Poutine face à son défi lancé à l’establishment militaire russe avait été un message vidéo au vitriol diffusé le 24 juin le qualifiant de « trahison » et de « coup dans le dos ». L’accord ensuite conclu ne signifiait pas que Prigogine était en sécurité. Le directeur de la CIA, William Burns, a commenté cette mort par ces mots : « la vengeance est un plat que Poutine préfère servi froid ».

Bien entendu, rien de tout cela ne prouve que Prigojine et son entourage ont été délibérément pris pour cible. Mais étant donné les circonstances, toute affirmation selon laquelle sa disparition était un accident, suscitera de nombreuses interrogations.

Le Kremlin pourrait bien parler d’« attentat » mais en l’attribuant aux services spéciaux ukrainiens (SBU).

Le président américain Joe Biden a déclaré qu’il n’était « pas surpris » par l’annonce de la mort possible de Prigojine.

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Texte

Alain Rodier