La 10 juillet, le Kremlin a dévoilé que le patron de la SMP Groupe Wagner, Evgueni Prigojin, et 34 de ses principaux officiers avaient été reçus par le président Vladimir Poutine à Moscou le 29 juin soit cinq jours après la fin de la rébellion.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que lors de cette réunion, les commandants de Wagner avaient promis fidélité à Poutine et qu’ils étaient prêts « à continuer à se battre pour la patrie ».

De son côté, Poutine aurait exigé que les mercenaires de Wagner signent  des contrats (d’engagement) avec le ministère de la Défense ou qu’ils déménagent en Biélorussie où des camps d’hébergement les attendent, ou enfin qu’ils retournent à la vie civile.

Le Kremlin a exigé que la société Wagner rende ses armes aux forces armées.

Depuis, elle remet ses équipements militaires ainsi que de ses armements aux forces régulières russes.

Ainsi, le ministère de la défense russe a annoncé le 12 juillet avoir reçu plus de 2.000 pièces de matériel militaire dont des engins blindés, des lance-roquettes mobiles et des systèmes anti-aériens. Il a précisé avoir réceptionné  « plus de 2.500 tonnes de divers types de munitions et environ 20.000 armes légères ». Une grande partie de l’équipement n’aurait jamais été utilisé au combat auparavant.

Le ministère de la Défense, qui a publié des photos de l’équipement dans des endroits non divulgués, a déclaré que les armes Wagner avaient été transférées vers des positions arrière où il  pouvait être entretenu ou réparé. Il faudra vraisemblablement un certain temps pour sa remise en fonction opérationnelle puis sa répartition dans les forces régulières.

Le désarmement de Wagner reflète les efforts des autorités russes pour désamorcer la menace posée sur le régime par cette armée privée et son fondateur Prigojin.

Une grande incertitude demeure quant au sort de ce dernier. Aux termes de l’accord qui a mis fin à la rébellion, il était censé s’exiler en Biélorussie, mais le président biélorusse Alexandre Loukachenko a déclaré la semaine dernière que les soldats de Wagner étaient restés dans leurs camps en Russie et que Prigojin y était aussi – sans doute après un bref passage à Minsk -.

Pour résumer, le Groupe Wagner qui a joué un rôle clé dans l’ « opération spéciale » en Ukraine, a tenté de renverser le haut commandement militaire russe pendant sa rébellion qui s’est terminée en moins de 24 heures fin juin.

À l’époque, Poutine avait publiquement condamné la révolte la qualifiant d’« acte de trahison ». Il avait menacé de punir sévèrement ceux qui y avaient participé.

Prigojine en tant que premier responsable était directement visé mais les poursuites pénales intentées contre lui avaient été abandonnées quelques heures plus tard. Mais, les rapports entre Poutine et Prigojine n’ayant jamais été très clairs, ce dernier pourrait apparemment encore faire l’objet de poursuites – plus pour trahison mais pour des affaires de malversations financières. Son empire financier aurait d’ailleurs commencé à être démantelé.

Cette rébellion représentait la plus grande menace pour Poutine au cours de ses plus de deux décennies au pouvoir, même si Prigojin, longtemps considéré comme un proche de Poutine, avait insisté sur le fait que le soulèvement ne visait pas le président mais le ministre de la Défense, Sergei Choigu, et le chef d’état-major général de l’armée. le, général Valery Gerasimov. Après une brève absence des medias, ils sont réapparus publiquement il y a quelques jours ce qui signifie que, pour l’instant, ils restent à leur poste.

Dans le même temps, l’incertitude entoure le sort du général Sergei Surovikin, commandant adjoint des forces russes combattant en Ukraine, qui aurait eu des « sympathies » pour Prigojin. Andrei Kartapolov, un général à la retraite qui dirige la commission des affaires de défense de la chambre basse du parlement russe, a déclaré le 12 juillet qu’il était « au repos […] non disponible actuellement » tout en refusant de préciser.

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Texte

Alain Rodier