La rumeur qui avait enflé ces derniers mois devrait se concrétiser dans les prochains jours. À savoir que selon l'agence de presse de la République islamique (IRNA), l’'armée de l'air de la République islamique d'Iran devrait très bientôt recevoir un premier lot de chasseurs multirôle russes Soukhoï Su-35 la signature ayant été finalisée à la mi-mars.

En fait, la commande iranienne concerne les 24 Su-35 commandés en 2018 par l’Égypte mais empêchée par les Etats-Unis qui ont fait pression sur le Caire pour que le contrat n’aboutisse pas. Cette livraison à Téhéran fait partie de la coopération stratégique russo-iranienne.

L’aviation iranienne qui est aujourd’hui obsolète devrait ainsi recevoir un sérieux « coup de jeune » avec cet apport.

En effet, le Su-35 est un chasseur multirôle de quatrième génération. Il est équipé d’une technologie très moderne dont un radar à balayage électronique à l’avant en mesure de détecter 30 cibles jusqu’à 400 km et d’en engager huit simultanément. Il est complété par un radar de queue N-012. Il possède aussi un système de recherche passif, sous la forme d’un capteur optronique OLS-35 situé sur le nez de l’appareil qui lui permet de repérer des cibles difficilement détectables par les radars.

Il peut évoluer à 1.500 km/h à basse altitude et de 2. 500 km/h à haute altitude.

Ses réacteurs sont donnés pour une durée de vie opérationnelle de 6 000 heures avant de devoir être remplacés. Son armement est composé d’un canon Griazev-Chipounov GCh-30-1 de 30 mm approvisionné de 150 coups. Il a douze points d’emport permettant d’équiper un large éventail de munitions : missiles air-air R-27, RVV-AE, R73 ainsi que bombes lisses et guidées, roquettes, pods de guerre électronique, réservoirs supplémentaires, missiles de croisière, etc.

Il est évident que ces avions vont constituer une cible prioritaire pour Israël car, s’ils ne pourront être opérationnels rapidement bien que les équipages aient été formés en Russie depuis des mois, ils représentent une valeur symbolique de première importance.

Mais Téhéran a révélé le 7 février dans une vidéo de propagande disposer d’une nouvelle base souterraine « Eagle 44 » (Oghab 44)(1) qui pourrait accueillir ces avions. Un ancien responsable de la sécurité américaine a expliqué qu’après avoir analysé ce film, il a identifié « deux modèles d’avions de chasse, dont un qui correspond aux dimensions de l’avion Sukhoï Su-35 ».

Selon lui, « il est probable que l’Iran utilisera l’installation souterraine pour stocker l’avion et les autres appareils qui arriveront de Russie. » Mais en réalité, ils seront « planqués » et d’aucune utilité opérationnelle…

Parallèlement, le Wall Street Journal a rapporté il y a quelques temps que la Russie et l’Iran prévoyaient établir une nouvelle usine de construction de drones sur le sol russe pour compléter les centaines Shahed 136 déjà envoyés. Selon la presse iranienne, cette usine pourrait produire au moins 6.000 drones.

Selon Washington, Téhéran fournirait également d’autres armements à la Russie, en particulier des munitions de toutes sortes. En effet, l’industrie d’armement iranienne produit de nombreuses cartouches, obus, roquettes, missiles, etc. qui sont compatibles avec les armements en service en Russie.

En avril 2023, un soldat russe a ainsi été photographié tirant un missile guidé antichar qui selon Washington serait un 9M133 Dehlavieh iranien.

Il est évident que Washington doit être extrêmement courroucé par la coopération grandissante entre Téhéran et Moscou. De plus, le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite sous l’égide de la Chine est considéré comme un coup de poignard dans le dos de la part de Riyad.

Il est paradoxal de constater que plus Washington fait des « effets de manches », plus ses ennemis désignés resserrent leurs liens en dépit des profondes divergences qui peuvent les opposer(2). Entre les deux, de nombreux pays demandent à garder leur libre arbitre…

1. Voir « IRAN : base secrète et encore un nouveau missile » du 8 février 2023.

2. À priori, la Russie, l’Iran et la Chine n’ont rien en commun. L’adversaire américain est leur seul sujet qui leur permet de s’entendre.

Publié le

Texte

Alain Rodier