Selon la presse arabe, un important trafiquant de drogue présumé et sa famille ont été tués le 8 mai lors d'un raid aérien mené dans le sud de la Syrie.
Cette attaque serait le fait de l’armée de l’air jordanienne. Amman n’a pas encore commenté cette opération qui est survenue quelques jours après que le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi (à la gauche du roi Abdallah II au centre de la photo) ait déclaré à CNN : « si nous ne constatons pas que des mesures efficaces sont prises pour endiguer cette menace, nous ferons ce qu’il faut pour la contrer y compris en prenant des mesures militaires à l’intérieur de la Syrie … ».
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) basé au Royaume-Uni « Marai al-Ramthan, sa femme et ses six enfants ont été tués lors d’une frappe de l’armée de l’air jordanienne dans l’est de la province de Soueïda près de la frontière syro-jordanienne […] Al-Ramthan était considéré comme le plus important trafiquant de drogue de la région et le premier passeur de drogue, y compris de captagon, vers la Jordanie ».
L’opposant syrien, Ahmad al-Masalmeh, qui est actif dans le sud de la Syrie a lui aussi reconnu qu’une attaque avait tué al-Ramthan et sa famille mais il a précisé qu’une autre action avait frappé une installation utilisée par des groupes soutenus par l’Iran pour produire et stocker de la drogue devant être expédiée en Jordanie.
Le contexte
Selon un communiqué du ministère jordanien des Affaires étrangères, plusieurs ministres arabes des Affaires étrangères se sont rencontrés à Amman le 1er mai. Damas a alors accepté de coopérer avec la Jordanie et l’Irak pour identifier les sources de production et de contrebande de drogue et pour « prendre les mesures nécessaires pour y mettre fin.»
Damas a continué à nier les accusations de trafic de captagon qui aurait permis au clan d’el-Assad de récolter des sommes d’argent très conséquentes(1).
Le 7 mai, la Ligue arabe a accueilli la Syrie dans son sein après une suspension de plus de dix ans, assurant au président Bachar el-Assad un retour sur le devant de la scène arabe. Et la Jordanie frappait le trafiquant dès le lendemain, très vraisemblablement avec l’accord de Damas.
Il est vrai que la Jordanie est devenue un point de transit pour les drogues dont sont très friands les pays du Golfe persique riches en pétrole.
Mais ce n’est pas la première fois que la Jordanie mène des opérations antidrogues. Ainsi, en février 2022, l’armée jordanienne avait déjà déclaré avoir neutralisé trente passeurs depuis le début de l’année et déjoué les tentatives de contrebande de seize millions de pilules de captagon provenant de Syrie, dépassant le volume total saisi tout au long de 2021.
Depuis 2014, la Jordanie a aussi lancé quelques raids aériens qui visaient des trafiquants de drogue en Syrie.
1. Voir : « La Syrie au centre du trafic de capatagon ? » du 13 janvier 2023.
Publié le
Texte