Pour une fois, le côté russe reconnaît rencontrer des problèmes militaires lors de l’« opération spéciale » déclenchée le 24 février 2021, en particulier en matière de défense anti-aérienne, d’allonge et de précision de son artillerie sol-sol et de surveillance du champ de bataille.

En effet, selon le site internet pro-russe Rybar, l’arrivée sur le théâtre de guerre des lance-roquettes HIMARS aurait saturé les défenses anti-aériennes russes qui se seraient retrouvées rapidement à court de munitions.
Le problème aurait été « partiellement » réglé par le déploiement de systèmes Pantsir-SM TBM.

Par rapport au modèle d’origine Pantsir S1, le Pantsir-SM TBM a abandonné les deux canons de 30 mm 2A 38 M mais a doublé sa capacité d’emport de missiles sol-air (24 missiles au lieu de 12). Surtout, les missiles 57E6 d’origine ont vu leur portée allongée de 20 à 40 kilomètre. Le radar associé a vu sa portée de détection passer de 40 à 75 kilomètres.

Au début de la guerre, les forces russes devaient se prémunir de la menace des missiles OTR-21 Totchka-U (SS-21) qui était l’arme qui avait la plus longue portée (de 70 à 185 kilomètres selon le modèle) en dotation au sein de l’armée ukrainienne.

La défense anti-aérienne russe serait parvenue à abattre la majorité de ces missiles avant qu’ils n’atteignent leur cible.

La couverture anti-aérienne a rencontré des graves problèmes de coordination et l’insuffisance des système d’identification d’aéronefs « amis ou ennemis » ( friend or foe – IFF -). Il s’en est ensuivi que nombre d’avions Su-34, Su-35S, Su-30SM et d’hélicoptères Ka-52 abattus l’ont été par des tirs russes…

La protection anti-aérienne n’est pas parvenue à couvrir la profondeur du dispositif militaire en raison de l’élongation des lignes et la densité des zones peuplées. En effet, le nombre de lanceurs est limité alors que celui d’installations civiles et militaires stratégiques dispersées est infiniment plus grand. C’est toujours le cas aujourd’hui surtout que l’Ukraine tape de plus en plus profondément à l’intérieur du territoire russe.

Artillerie sol-sol

Les armes d’artillerie sol-sol devraient voir leur allonge et leur précision augmentées pour atteindre des cibles plus lointaines. Le lance roquettes thermobariques TOS-1 a montré ses limites sur le champ de bataille : impressionnant sur le papier mais les munitions sont peu précises et d’une portée insuffisante (5 à 6 kilomètres). Trop exposé, beaucoup de ces matériels ont pu être détruits par les Ukrainiens.

Plus généralement, les instructions ont été données au complexe militaro-industriel russe de privilégier la fabrication en masse de munitions « intelligentes » (guidées) plutôt que celle de munitions classiques. Même si cela a un prix, le coût global devrait diminuer dans la mesure où il faut tirer moins de munitions pour parvenir à de meilleurs résultats.

Des systèmes aéroportés de recueil en renseignements en temps réels doivent être acquis pour permettre d’améliorer la connaissance du champ de bataille.
La Russie doit aussi considérablement augmenter le nombre de radars transhorizon pour détecter les cibles lentes évoluant à très basse altitude (en particulier les drones) et d’augmenter le nombre de missiles capables de faire face à des attaque aériennes massives.
A noter que pour la protection rapprochée contre les drones, le nombre de mitrailleuses lourdes antit-aérienne a été multiplié, en particulier sur des camionnettes civiles 4X4.

Enfin, comme les États-Unis, la Russie devrait investir dans les ballons servant de plate-forme pour radars et autres moyens de détection étant donné leur avantage de permanence en vol.

Beaucoup d’observateurs ont des doutes quant-à la capacité de l’armée russe d’effectuer des retours d’expérience suivis d’effets concrets tant le « système » est lourd. Se pose aussi la question des moyens financiers et d’accès à la technologie de pointe nécessaire pour concevoir de nouveaux armements sophistiqués. Cela dit, il convient de surveiller de près l’apparition de nouveaux armements et de nouvelles tactiques russes sur le terrain.

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Texte

Alain Rodier

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