Le 30 novembre, le porte-parole de Daech, Abou Omar al-Muhajir, a annoncé « la mort d'Abou al-Hassan al-Hachemi al-Qourachi le calife ». Il aurait péri « dans un combat où il a tué avant d'être tué » précisant qu’il a été tué « en combattant les ennemis de Dieu ».

Il a également annoncé qu’Abou Al-Hussein al-Qourachi « un vétéran du jihad » avait été désigné « nouveau calife des musulmans ».
Abou Omar al-Muhajir a appelé les jihadistes à prêter allégeance au nouveau calife…

Selon les Américains, al-Qourachi aurait été tué à la mi-octobre dans des combats ayant lieu avec des rebelles syriens de l’ASL – Armée syrienne libre – (qui se sont ralliés à Damas en 2018 ) dans le gouvernorat de Deraa au sud-ouest de la Syrie.

Selon leurs renseignements, il aurait activé la ceinture explosive qu’il portait sur lui. L’US Central Command a aussi déclaré : « L’État Islamique (Daech) reste une menace dans la région […] le CENTCOM et nos partenaires restons déterminés à assurer la défaite de l’EI ».
Il est à remarquer que Washington semblait détenir l’information depuis un certain temps. Ils disent ne pas comprendre pas pourquoi l’annonce a eu lieu si tardivement.

Pour Damas, ce sont leurs services de renseignement et des anciens rebelles retournés (du 5è Corps de l’ASL formé par les Américains) faisant partie de la 8è brigade de l’armée régulière (soutenue par les Russes) qui ont neutralisé le chef terroriste lors de combats ayant eu lieu dans la région de Deraa. Après y avoir mené de nombreux attentats terroristes, Daech tentait depuis cet automne de s’implanter dans cette zone qui n’était jamais tombé sous son influence directe. Cela expliquerait la présence sur zone d’al-Hassan al-Hachemi al-Qourachi qui y menait personnellement le jihad avant d’être tué.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) basé en Grande-Bretagne qui est opposé au régime syrien, a avancé à la mi-octobre que des rebelles ralliés à Damas s’étaient affrontés avec Daech dans le village de Jasim. Ils auraient alors tué un « commandant » de Daech identifié comme un Irakien. Un Libanais ferait aussi partie des victimes…
Toutefois, des combats ont eu ensuite lieu dans la même zone durant trois semaines en novembre.
Selon Wassim Nasr, c’est peut-être dans cette période qu’aurait été neutralisé le leader de Daech. Si cette hypothèse se confirme, cela expliquerait l’annonce tardive de sa mort par Daech.

Après avoir fait sécession d’Al-Qaida en 2013, l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL appelé Daech) s’est rependu en 2014 en Irak et en Syrie. Le « califat » a été autoproclamé en 2014. Ce proto-État a été dissous sous le coup d’offensives successives dans ces deux pays, respectivement en 2017 et 2019. Mais le flambeau est toujours vivant, dans la clandestinité en Irak et en Syrie et dans ses nombreuses provinces extérieures.

Le premier émir de l’organisation, Abou Bakr al-Baghdadi al-Qourachi, a été tué lors d’un raid américain en 2019 dans le nord-ouest de la Syrie. Son successeur, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi intrônisé le 10 mars 2022 a été neutralisé en février de cette année dans une opération des forces spéciales américaines dans la même zone(1).
À noter qu’Al-Qourachi ne fait pas partie de l’identité des trois émirs successifs. C’est le nom de la tribu à laquelle appartenait le prophète Mahomet. Daech s’en sert comme symbole pour ses émirs en prétendant qu’ils en sont les héritiers ;

L’information dans les provinces extérieures circule vite puisque les premières allégeances commencent à arriver, la première venant du Nigeria. Ce sont d’ailleurs elles qui constituent actuellement le danger le plus immédiat car elles grignotent de plus en plus de terrain particulièrement sur le Continent Africain(2) et en Afghanistan.

1. Voir : « SYRIE : l’émir de Daech neutralisé » du 4 février 2022.
2. Voir : « Les massacres en augmentation en Afrique de l’Ouest » du 15 juin 2022.

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Texte

Alain Rodier

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