On en sait un peu plus sur ce que veulent faire les pasdarans avec les trois navires civils transformés en plates-formes logistique armées. L’Amiral Alireza Tengsiri avait confirmé au début octobre que trois navires devraient rapidement être opérationnels, un premier l’étant déjà : le cargo roll-on/roll-off Shahid Roudaki.

Les porte-containers Shahid Bagheri 110-2 et Shahid Mahdavi 110-3 ont été transformés au complexe naval de Bostanu (ISOICO, Iran Shipbuilding ans Offshore Industries Complex).

Les porte-containers Shahid Bagheri 110-2 et Shahid Mahdavi 110-3 ont été transformés au complexe naval de Bostanu (ISOICO, Iran Shipbuilding ans Offshore Industries Complex).

Mesurant 240 mètres de long, leur large plate forme peut aussi bien accueillir des lance-missiles ou mettre en œuvre des hélicoptères ou des drones.
En réalité, ces trois navires pourraient surtout servir de bases de soutien et de ravitailleurs aux trois catamarans de 65 mètres dont le premier, le Shahid Soleimani FS 313-01, est à flots depuis septembre.

Ces navire de guerre qui sont considérés comme le futur fer de lance de la composante navale des Pasdarans sont très rapides armés de six lanceurs de missiles mer-mer et de 16 lanceurs verticaux pour des missiles de défense mer-air à courte portée et six pour des armes de défense à moyenne portée.
Quand aux missiles antinavires, ils sont donnés pour avoir des portées de 90, 140, 300 et 750 kilomètres… Le premier serait un Nasir, un dérivé du missile chinois C-704 (proposé à l’export par Téhéran sous la dénomination de CM-90). Le second un Noor (C-802), le troisième une version améliorée du Noor dénommée CM-300 et le quatrième pourrait être un Shahid Abou Maddi dévoilé en août 2020, une version navale du missile de croisière soviétique Kh-55.
Si Téhéran veut déployer ces navires loin de ses côtes dans des régions où aucun port n’accepteraient de les recevoir, ils pourraient avoir des rendez-vous en haute mer avec les ravitailleurs pour effectuer les recomplètements voire des relèves d’équipage.
Les ravitailleurs sont beaucoup plus lents et ne peuvent suivre les catamarans, c’est pour cette raison que ces rencontres devraient être programmées longtemps à l’avance.
Devant naviguer seuls, l’armement embarqué doit leur apporter une capacité d’autodéfense suffisante.

Il n’empêche que cette stratégie d’évolution navale loin des côtes un peu à la mode « corsaire ») reste extrêmement vulnérable. L’adversaire aurait beau jeu d’engager les ravitailleurs très repérables, peu défendus et incapables de faire face à la menace sous-marine. Des missiles mer-mer et air-mer pourraient également être mis en œuvre sans parler des sabotages toujours possibles.
Les catamarans seraient plus difficiles à traiter (mais loin d’être impossible) mais, s’ils n’ont plus la capacité de se ravitailler en mer, ils devraient rallier les côtes iraniennes.
Cette stratégie semble plus relever de la politique d’influence que réellement efficace sur un plan strictement militaire.

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Texte

Alain Rodier

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DR