Jacques Perrin, acteur et réalisateur mythique ? s’est éteint le 21 avril à l’âge de 80 ans. Pour la génération d’officiers dont fait partie l’auteur, il a interprété de nombreux rôles qui ont servi de modèle lors de leur carrière militaire. Bien sûr, c’est son ami Pierre Schendoerffer qui l’a mis en exergue avec d’abord le rôle qui le rendra célèbre du sous-lieutenant Torrens dans la 317è section (1965).

Tous les Saint-Cyriens se sont identifiés à ce jeune chef de section tout juste sorti de Coëtquidan secondé par l’adjudant Willsdorff magistralement interprété par Bruno Cremer.
L’armée française se relevait de la guerre d’Indochine et du drame algérien. Très critiquée à l’époque où l’antimilitarisme tenait le haut du pavé, les élèves-officiers d’active (EOA) adoptaient une tenue vestimentaire un peu semblable à celle du sous-lieutenant Torrens qui, en toutes circonstances, gardait ses gants de cuir et les manches retroussées.

Shoendoerffer lui offrira ensuite des rôles qui marqueront également le monde militaire.
En 1977, dans le Crabe tambour, il joue le lieutenant de vaisseau Willsdorff qui après avoir pris la place de son frère tué en Algérie (annoncé à la fin du film la 317è section) à la tête d’un commando de chasse puis participe au putsch. Condamné par un tribunal miliaire, une fois terminée sa peine de prison il rejoint le civil en tant que capitaine d’un chalutier de haute mer(1).
En 1982, le capitaine Marc Caron tué au combat en Algérie est accusé lors d’un débat télévisé d’avoir pratiqué la torture (l’Honneur d’un capitaine). Sa veuve ( interprétée tout en finesse par Nicole Garcia) intente un procès en diffamation qu’elle finit par gagner.

Tous les films militaires auquel il apportera sa contribution ne seront pas de la même qualité comme le très moyen, la Légion saute sur Kolwezi de Raoul Coutard en 1978.

À noter que dans un registre plus politique, il aura une longue coopération avec Costa-Gavras (au moins cinq films dont le célèbre « Z »).

Enfin, bien moins connu que les films de Schendoerffer mais aussi devenu un symbole fort pour tous les cadres de l’armée française qui ont servi de 1962 à 1990 en attente l’arme au pied de l’ennemi soviétique qui devait débouler en Europe suivant la trouée de Fulda (il y avait interdiction de parler sur les cartes de l’« ennemi rouge » – déjà le « politiquement correct » – mais d’« ennemi carmin »), le Désert des Tartares de Valerio Zurlini (1976).

Jacques Perrin était un acteur mais aussi un réalisateur et un producteur. Il est né le 13 juillet 1941 à Paris où il est décédé le 21 avril 2022. Capitaine de frégate dans la réserve citoyenne, membre de l’Académie des Beaux Arts depuis 2019, il était commandeur de l’ordre de la Légion d’Honneur.

1. Histoire basée sur des faits réels.

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Texte

Alain Rodier

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