Le 16 mars, l’Armée nationale algérienne (ANP) a capturé sept terroristes et découvert la dépouille d’un huitième blessé lors d’un affrontement précédent à Collo dans la wilaya de Skikda située à plus de 450 kilomètres à l’est d’Alger (5è Région militaire).
Ces arrestations surviennent dans le cadre d’une vaste opération de ratissage menée dans la forêt d’Oued Edouar couvrant la commune de Beni Zid et celle de daïra de Collo dépendant de wilaya de Skikda en 5è Région militaire (PC à Constantine). Elles s’ajoutent à l’accrochage qui s’est soldé le 19 février par la mort de sept activistes.
Le général de corps d’armée, Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP s’est rendu sur place pour féliciter les unités ayant participé à cette opération. Il était accompagné du général-major Noureddine Hambli, le commandant de la 5è région militaire.
La politique algérienne anti-terroriste
La politique algérienne vis-à-vis des mouvements terroristes islamiques a connu des évolutions dans le passé.
Durant les « années noires » qui ont débuté en 1992, une stratégie « du tout sécuritaire » a été adoptée. Jusqu’en 1997, les actes de violence extrême ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Cela a certes permis d’affaiblir les groupes islamistes armés mais ne les a pas éradiqué.
La deuxième phase de 1997 à 2000 a amené un dialogue avec les groupes armés et a apporté dès 1997 un cessez-le-feu avec l’Armée islamique du salut (AIS) et la Ligue islamique pour la dawaâ et le combat (LIDC). La « Loi sur la concorde civile » de septembre 1999 a amnistié tous les combattants islamistes qui s’engageaient à renoncer à la violence.
La troisième phase a abouti à la « Charte sur la paix et la réconciliation nationale » en septembre 2005 qui a étendu la loi de 1999 en accordant le pardon définitif des combattants repentis et « non coupables de crimes de sang ». La stratégie consistait à dialoguer avec les activistes qui l’acceptaient mais à combattre les extrémistes irréductibles.
Ainsi, durant cette même période, la lutte antiterroriste par des moyens militaires s’est poursuivie. Elle a mené à la destruction des réseaux du Groupement islamique armé (GIA) en éliminant plusieurs de ses maquis.
Cette stratégie perdure aujourd’hui mais in convient de souligner que l’armée algérienne s’interdit constitutionnellement d’intervenir en dehors de ses frontières(1). L’objectif tactique vis-à-vis des activistes islamistes présents au Sahel (en particulier pour Al-Qaida au Maghreb Islamique issu du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) est de leur interdire de pénétrer sur le territoire algérien pour qu’ils ne puissent pas communiquer directement avec les zones de Kabylie qui se situe leur fief historique. Cela passe par une surveillance étroite des frontières et par un quadrillage des régions suspectées abriter des groupes encore actifs. C’est là que sont intervenus les derniers accrochages décrits en début d’article.
La lutte contre la criminalité
Parallèlement aux opérations anti-terroristes, les forces armées participent à la lutte anti-criminalité, ces deux phénomènes se rejoignant parfois sur des intérêts communs. Le crime organisé souhaite se livrer à ses trafics (drogues, armes, essence, êtres humains, métaux précieux, etc.) mais a besoin d’être « protégé » surtout pour acheminer ses « produits » en général vers l’Europe. Les jihadistes proposent cette protection en échange de rétribution en cash ou en nature.
Ainsi, entre le 9 et le 15 mars, cinq narcotrafiquants ont été appréhendés sur les des 2è et 3è régions militaires (PC respectivement à Oran et à Béchar).
Dans le reste de l’Algérie, 31 autres narcotrafiquants ont été pu être arrêtés et 37 kilogrammes de kif traité et plus d’un million et demi de comprimés psychotropes saisis.
Selon une source sécuritaire contactée par la presse locale : « des tentatives d’introduction d’immenses quantités de drogues à travers les frontières avec le Maroc, s’élevant à 17 quintaux de kif traité ont été déjouées par des détachements combinés de l’Armée nationale populaire en coordination avec les différents services de sécurité ».
Phénomène relativement récent : l’orpaillage.
Globalement, en dehors du gaz, l’Algérie a des ressources minières très diversifiées : fer, sel, zinc, plomb, barytine, marbre, tungstène, diamant, terres et métaux rares, pierres précieuses et or. Selon le Docteur Tayeb Serraj diplômé de l’Institut des mines de Moscou, enseignant-chercheur à l’université Badji Mokhtar d’Annaba, les richesses aurifères se situent principalement au Hoggar avec 730 000 tonnes de minerai d’or au gisement Tirek, 2,5 millions de tonnes à celui d’Amesmessa. Deux autres gisements sont situés à Tiririne (wilaya de Tamanrasset) et à In Abegui (Hoggar central). À côté de l’Entreprise nationale d’exploitation des mines d’or (Enor), des particuliers se sont lancés dans l’orpaillage clandestin. Aussi, depuis le début de l’année, 326 individus ont été arrêtés et 16 véhicules, 168 groupes électrogènes, 137 marteaux piqueurs, 12 détecteurs de métaux, des quantités d’explosifs, des système de mise à feu ainsi que d’autres équipements utilisés dans des opérations d’orpaillage ont été saisis dans les régions de Tamanrasset, Bordj Badji Mokhtar, In Guezzam, Djanet et Tindouf…
Autres activités criminelles
Dans le même contexte, les Garde-frontières ont déjoué des tentatives de contrebande de grandes quantités de carburants s’élevant à 21.408 litres à Tamanrasset, Tébessa, El-Tarf et Souk Ahras.
293 immigrants clandestins de différentes nationalités ont été arrêtés à Djanet, Tlemcen, In Salah, Adrar, Béchar et Ouargla. Ce dernier chiffre semble très bas par rapport à la réalité du phénomène. Il est vrai que les passeurs semblent préférer les routes qui passent par la Libye et dans une moindre mesure par la Tunisie et le Maroc.
Il est aussi étonnant qu’aucune saisie de cocaïne ou d’héroïne n’ait été signalée. Il est pourtant connu que le continent africain sert d’étape vers l’Europe pour ces produits stupéfiants, les premiers arrivant par les côtes Ouest depuis l’Amérique latine, les seconds par les côtes Est en provenance d’Afghanistan et d’Extrême-Orient.
1. Bien sûr, les services secrets ne sont pas soumis à cette règle…
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