En France, les médias en parlent très peu, pourtant le gouvernement français assure depuis le 1er janvier la présidence du Conseil de l’Union européenne, pendant qu’à l’Est la tension ne cesse de monter à la frontière russo-ukrainienne.

À l’issue de la réunion sur la situation en Ukraine qui s’est tenue le 12 janvier au siège de l’Alliance atlantique, les États-Unis (maître d’oeuvre) et les pays européens de l’OTAN (« seconds couteaux ») ont conclu être dans une impasse, les négociations avec Moscou pour éviter un nouveau conflit en Ukraine ayant tourné au dialogue de sourds.

Deux jours plus tard, une cyberattaque de masse a visé quelque 70 agences gouvernementales ukrainiennes, dont des infrastructures stratégiques. Durant plusieurs heures, leurs sites web sont devenus muets ou ont été « défacés ». Ce sabotage informatique d’ampleur est l’un des scénarios évoqués par la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki comme pouvant être, à terme, le signe premier d’une offensive militaire classique russe. Selon Washington, « [Moscou] a déjà des équipes d’agents et de forces spéciales se faisant passer pour des Ukrainiens, capables de mener des actions de sabotage dans les territoires des séparatistes du Donbass, à l’est de l’Ukraine, de façon à amener la Russie à intervenir pour protéger les populations russophones ». « Nous avons vu le même type de stratégie russe à l’oeuvre en 2014 avec l’annexion de la Crimée », rappelle le conseiller du président Joe Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan.

Les Occidentaux accusent Moscou d’avoir massé plus de 100 000 soldats et des centaines de chars, de véhicules blindés et de l’artillerie le long des frontières avec l’Ukraine, pour « préparer une attaque contre ce pays ». Et le gouvernement russe de répondre que ce déploiement militaire « est une réaction à la présence des troupes de l’OTAN en Ukraine », mais aussi dans les pays limitrophes ; présence de l’OTAN que la Russie juge croissante, depuis 20 ans, et menaçante dans ce qu’elle considère comme sa zone d’influence. En réalité, Vladimir Poutine exige des Occidentaux qu’ils renoncent à leur expansionnisme militaire en Europe de l’Est, car, selon lui, « la sécurité de la Russie est menacée ». Moscou fait de l’adhésion éventuelle de l’Ukraine à l’OTAN une ligne rouge à ne pas franchir, demande un nouveau Yalta et réclame la signature d’un traité interdisant tout élargissement futur de l’OTAN. Ce que les Occidentaux refusent. Or, les Russes ont mis la barre très haut. Question de crédibilité, ils ne peuvent pas perdre la face. Mais, dans le même temps, ils ne peuvent pas garder indéfiniment leurs 100 000 soldats à proximité de la frontière ukrainienne.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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Publié le