Le 1er janvier 2022, la France prendra le commandement de la « Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (Very High Readiness Joint Task Force, VJTF ) de l’OTAN ». Créée en 2014 en réponse aux crises survenues au Moyen-Orient et à la prise de la Crimée par la Russie, la VJTF est apte à se déployer en quelques jours afin de défendre tout pays de l’Alliance. Elle fait partie de la Force de réaction de l’OTAN (Nato Response Force -NRF-) qui compte 40 000 militaires.

Elle est forte d’une brigade multinationale de 5.000 militaires. Le commandement de cette VJTF, encore appelée « fer de lance » de l’Otan, est assuré pour un an par rotation entre sept pays : l’Allemagne, la Pologne, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, la Turquie et la France. En 2022, la VJTF se composera d’une force multinationale de plusieurs milliers de soldats s’appuyant sur le 1er régiment d’infanterie et le 3e régiment de hussards. La Brigade franco-allemande, forte de 3.500 soldats, constituera le noyau de cette brigade.

D’autres pays de l’Otan, dont l’Espagne, le Portugal et la Pologne fourniront également des unités. À noter que le 2e Régiment de Dragons commandera la composante NRBC (Nucléaire, radiologique, biologique, chimique) de la VJTF.

Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a déclaré : « je remercie la France de diriger la force de réaction rapide de l’Otan en 2022 […] La Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation contribue de manière substantielle à notre défense collective et le leadership qu’assure la France est une démonstration forte de son engagement et de ses capacités. Dans une période où les défis de sécurité sont sans précédents, il ne saurait y avoir aucun malentendu sur la détermination de l’Otan : nous sommes unis pour défendre et protéger l’ensemble des Alliés ».

La France succède à la Turquie qui a commandé la VJTF en 2020 et l’Allemagne prendra la suite en 2023. Le Commandement allié de forces interarmées de Brunssum, aux Pays-Bas, assurera le commandement de l’ensemble de la Force de réaction de l’OTAN en 2022.

La France a été absente du commandement intégré de l’Otan de 1966 à 2009 tout en restant membre de l’Alliance atlantique. Son départ avait été décidé par le général de Gaulle qui refusait que la dissuasion nucléaire française soit placée sous le contrôle de Washington comme c’est le cas pour les Britanniques.

Le président Nicolas Sarkozy a voulu son retour car la France s’était engagée dans toutes les opérations militaires de l’Otan depuis 1995. En conséquence, il estimait indispensable qu’elle siégeât dans les instances qui décidaient du suivi de ces opérations.

Cela dit, les critiques restent nombreuses concernant l’Otan. Ainsi, « l’aventurisme turc en Méditerranée », le « retrait précipité » d’Afghanistan de « façon non concertée », « l’attitude des États-Unis à l’égard du programme des sous-marins [australiens] » sont des exemples des désaccords qui peuvent survenir entre la France et l’Otan en général et en particulier avec les États-Unis.
Selon la ministre de la Défense, Florence Parly, « aujourd’hui, le dialogue politique est inexistant au sein de l’Alliance atlantique ».

Mais l’Otan reste au coeur de la défense collective de l’Europe et les États-Unis y jouent un rôle fondamental. C’est pour cette raison que se brouiller avec Washington – par exemple en quittant de nouveau les structures intégrées – pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les forces françaises déployées sur différents théâtres et en particulier au Sahel… Enfin, l’« atlantisme » de nombreux responsables politiques, militaires et intellectuels fait barrage à toute pensée indépendante qui tendrait à s’affranchir de Washington partant du principe – qui n’est pas faux – que la France n’a pas les moyens financiers et humains pour rester une grande puissance influente sans être épaulée par Washington.

En résumé soit la France tient ce qu’elle pense être son rang sur la scène internationale en comptant sur les Américains pour combler ses nombreux manques, soit elle adopte une politique étrangère plus modeste et mesurée. Ce sont des questions qui seraient intéressantes à poser aux candidats à la magistrature suprême puisque les politiques étrangère et de défense relèvent directement du président de la République presque sans contrôle parlementaire (1).

 

1. Par exemple, le concept de la « guerre de haute intensité » n’a pu se faire que sous l’impulsion du chef de l’État. L’auteur n’a pas souvenir que cette véritable « révolution » dans la stratégie militaire n’ait été discutée par les parlementaires et pourtant, il y aurait beaucoup à dire (quelle est la menace, comment organiser la défense du territoire, où sont les matériels nécessaires – artillerie, drones, hélicoptères lourds, navires, etc. – ?).

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