EN CLAIR, ELLE SE RETIRE PROGRESSIVEMENT - Mardi 16 novembre, les forces saoudiennes se sont repliées de deux importantes bases qu’elles occupaient depuis des années, l’une située dans la province d’Hadramaout, l’autre sur l’île de Socotra.

Après sept ans de guerre sans résultats tangibles pour replacer un gouvernement légal à Sanaa et, vraisemblablement inspiré par l’expérience de l’OTAN en général et des États-Unis en particulier en Afghanistan, Riyad semble vouloir tourner la page du conflit yéménite dans lequel le royaume est littéralement ensablé.
Le camp de Khalidiya situé dans le district de Rumah du gouvernorat d’Hadramaout a été évacué brusquement le 16 novembre si bien qu’il a été laissé aux pillards sans que les hommes de la tribu Al-Menhali fidèles au régime n’aient pu intervenir.

Parallèlement, La 808è brigade des services, la dernière force saoudienne stationnée sur l’île de Socotra aurait plié bagages de la zone de Mouri et de l’aéroport de Socotra. Elles auraient aussitôt été remplacées par des forces du Conseil de transition du Sud (STC)(1) soutenues par les Émirats arabes unis.

Ces mouvements surviennent une semaine après les retraits de l’est et du sud de la ville d’Hodeidah sur la mer Rouge, Turki al-Maliki, le porte-parole des forces saoudiennes présentant cette affaire en les termes suivants : « la décision de se redéployer sur la côte occidentale [du Yémen] est en accord avec la stratégie militaire pour soutenir les forces [légalistes] yéménites dans les zones d’opérations dans leur bataille nationale sur tous les fronts ». Il est précisé que les forces coalisées (2) n’ont pu libérer Hodeidah des Houthis en 2018 en raison de l’accord de Stockholm patronné par les Nations Unies (Hudaydah Agreement, UNMHA signé en décembre de la même année).
Depuis, les rebelles Houthis se sont emparés du terrain laissé vaquant particulièrement al-Tuhayta, al-Durayhimi et ont progressé vers al-Jah et al-Husayniyah. Depuis la reprise de la route « Kilo 16 » à l’est d’Hodeidah, la liaison Sanaa-Hodeidah aurait été rouverte par les Houthis.

Le 3 septembre, les Saoudiens avaient également abandonné l’aéroport d’al-Ghaydah situé à proximité de la frontière omanaise.

La tragédie qui se déroule au Yémen est une des pires que connaît aujourd’hui la planète. Il est difficile de dire s’il y a une solution, mais en l’état, la politique menée par l’Arabie saoudite a été un échec flagrant. Il semble que Riyad en ait tiré les leçons en ne laissant pas une botte saoudienne sur le sol yéménite mais se réservant le droit d’intervenir depuis son territoire, en particulier pour riposter aux tirs de missiles et de drones lancés sporadiquement par les rebelles houthis.

Il est possible que ces derniers soient bientôt confrontés aux forces du Conseil de transition du Sud qui semblent avoir des velléités expansionnistes.

Enfin, il reste les autres acteurs, Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), Daech et les restes des forces régulières qui, théoriquement, soutiennent toujours le dernier président élu, Abdrabbo Mansour Hadi qui est réfugié à Riyad.

Au milieu de cette guerre multipolaire, les premières victimes restent les civils et, en particulier, les enfants soumis à la famine et aux maladies que le système sanitaire explosé ne peut enrayer

1. Ce mouvement séparatiste sudiste dont le fief est à Aden est en train de prendre de plus en plus d’importance au Yémen

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Texte

Alain Rodier

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