Un ingénieur de l’US Navy et sa femme inculpés pour espionnage au profit d’un pays étranger le 9 octobre ont plaidé non coupable devant un tribunal fédéral de Virginie-Occidentale le 20 octobre.

L’ingénieur nucléaire qui travaillait pour l’US Navy depuis 2012, Jonathan Toebbe (42 ans) et son épouse enseignante dans le privé, Diana (45 ans) auraient vendu des documents estampillés « Confidential » concernant les modes de propulsion des sous-marins américains de classe Virginia à un gouvernement étranger.

Plaider non coupable est la pratique normale dans ce genre d’affaire car sans cela, le tribunal peut condamner les mis en cause directement à la prison à vie.

L’agent spécial du FBI, Peter Olinits, a déclaré que le couple avait reçu au total l’équivalent de 100.000 dollars en cryptomonnaie via le système « Monero » (en trois fois, 10.000, 20.000 puis 70.000 dollars), une première partie de la somme de cinq millions de dollars que Toebbe aurait réclamée. L’agent du FBI a précisé que cet argent n’avait toujours pas été récupéré.
Le FBI n’a pas révélé le nom du pays qui aurait été contacté par Jonathan Toebbe pour acheter ces documents.

Le ministère américain de la Justice avait annoncé début octobre que pendant près de an l’ingénieur Jonathan Toebbe aidé par son épouse Diana « ont vendu des informations protégées sur la conception d’un navire de guerre à propulsion nucléaire à une personne qu’ils croyaient être le représentant d’une puissance étrangère », mais qui était en fait « un agent du FBI sous couverture ». Cette technique légale aux États-Unis est souvent employée par le FBI en matière d’anti-terrorisme et de contre-espionnage et par la DEA dans la lutte anti-drogue.

Déroulement de l’affaire

L’affaire avait débuté le 1er avril 2020 quand Toebbe avait envoyé à une puissance étrangère (le destinataire exact n’est pas précisé par les autorités américaines) un colis avec une lettre proposant ses services, des exemplaires de documents qu’il pouvait remettre et la manière dont il voulait que les contacts soient effectués. Il demandait que sa proposition soit transmise aux « services de renseignement militaires » du pays en question qui pourraient être très intéressés en précisant qu’il ne s’agissait pas d’un « hoax »…
Le service étranger qui avait exploité le contenu de ce « courrier » a averti le 20 décembre 2020 le bureau de représentation du FBI accrédité auprès l’ambassade américaine présente dans ce « pays ami ». Le dossier a commencé à être exploité dès le 23 décembre. Le 26 décembre, un agent du FBI sous couverture est entré en contact avec Toebbe via le système de mail crypté ProtonMail. Les échanges n’ont vraiment commencé que le 10 février 2021.

Très méfiant pour sa sécurité, le couple n’acceptait de remettre ses fournitures que dans des boites aux lettres mortes (BLM) qui changeaient à chaque fois. Il refusait toute rencontre physique avec un Officier Traitant (OT). Il se faisait payer en cryptomonnaie via le système Monero en demandant de changer de compte à chaque versement. Ils auraient également indiqué qu’ils avaient des passeports valides et de l’argent au cas où ils auraient besoin de fuir les États-Unis avec l’aide de leurs « alliés » étrangers.

Le 10 juin, une avance de 10.000 dollars était remise à la source potentielle. Ce n’est que le 26 juin 2021 que le FBI parvenait à formellement identifier la taupe en surveillant une de ces BLM avec la participation du « pays ami ». Mais la manœuvre a continué de manière à nourrir le dossier d’accusation jusqu’au début octobre lorsque le FBI a procédé à l’arrestation des suspects.

Les rumeurs courent comme quoi le « pays ami » pourrait être la France car ni la Chine ni la Russie n’entrent dans cette catégorie. Mais cela pourrait tout aussi bien Israël bien que le sujet traité ne semble pas pour l’instant être d’un grand intérêt pour l’État hébreu. Enfin, il est peu probable qu’il s’agisse d’un autre pays européen.

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Texte

Alain Rodier

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