Le nouveau gouvernement conservateur iranien du président Ebrahim Raisol-Sadati dit Ebrahim Raïssi en place depuis le 3 août 2021 ne s’embarrasse pas de précautions diplomatiques. Ainsi, le major général Gholam Ali Rashid, le chef du « quartier général central Khatam-al Anbiya » chargé de coordonner les opérations des forces armées et ancien commandant en second de l’état major des forces armées de la République islamique d’Iran a confirmé ce que le major général Qassem Soleimani avait annoncé trois mois avant sa mort le 3 janvier 2020 (1).

À savoir qu’il avait organisé six « armées » en dehors du territoire iranien.
Il a ajouté que Soleimani avait été soutenu dans son action par les dirigeants des pasdarans et des forces armées.
Il a dit que ces armées qui existaient en dehors de l’Iran avaient les « tendances idéologiques » (certaines étant sunnites) mais leur mission première est de défendre Téhéran contre toute attaque.

Il a confirmé ce que tous les analystes savaient depuis longtemps en énumérant la liste de ces « armées » :
. le Hezbollah libanais;
. le Hamas (sunnite) ;
. le Jihad islamique palestinien (sunnite) ;
. les forces gouvernementales syriennes;
. les unités de mobilisation populaire irakiennes;
. les milices houthies yéménites.

Cette déclaration officielle est extrêmement importante. Elle démontre que la nouvelle gouvernance en place à Téhéran n’a que faire de l’opinion des pays occidentaux au moment où la question du redémarrage des négociations sur le développement de l’industrie nucléaire iranienne est à l’ordre du jour.
Cela dit, cela risque de poser quelques problèmes de bienséance au sein des dirigeants de ces « armées » qui se retrouvent de fait placé sous l’autorité directe de l’Iran. Cela peut émouvoir à Bagdad mais aussi à Damas. Quant aux autres cités, ils n’ont guère le choix…
De plus, Israël a désormais excellent prétexte pour contrer l’influence de Téhéran en frappant encore plus souvent ces objectifs.
Plus anecdotique est la récupération de l’héritage de Qassem Soleimani. Il est de notoriété publique que, de son vivant, il s’était attiré des jalousies et des critiques à l’intérieur comme à l’extérieur. Maintenant qu’il est mort, il est aisé de faire l’unité derrière son nom car il est devenu un symbole. Il est possible de lui attribuer la phrase qu’aurait prononcé le roi de France Henri III après l’assassinat du Duc de Guise en 1588 : « Il est plus grand mort que vivant ! ».

1. Le chef des unités de mobilisation populaires irakiennes, Abou Mahdi Al-Muhandis, avait été tué par un drone américain en même temps que Soleimani qu’il était venu accueillir à l’aéroport de Bagdad.

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Texte

Alain Rodier

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