Le département d’État américain a placé le 11 mars le mouvement « État Islamique en Afrique Centrale » (ISCA,°Islamic State Central Africa Province) qui se revendique de Daech sur sa liste des organisations terroristes, reconnaissant ainsi l’implantation de ces salafistes-jihadistes en République démocratique du Congo (RDC) et au Mozambique

Comme dans de nombreuses autres régions, les groupes insurrectionnels et criminels (la distinction des motivations était souvent délicate à faire) existaient déjà depuis de longues années. Les Forces démocratiques alliées (ADF) emmenées par Musa Baluku (en haut à gauche sur la photo) sont une organisation originaire d’Ouganda qui sévissait en RDC depuis les années 1990. Ansar al-Sunna était actif au Mozambique faisant régner l’insécurité dans le nord du pays.

Les leaders de ces mouvements se sont laissés séduire par l’idéologie politico-religieuse prônée par Abou Bakr al-Baghdadi qui était en « odeur de victoire » alors qu’Al-Qaida semblait plutôt être sur le déclin.

Le 22 août 2018, al-Baghdadi avait même cité cette nouvelle « wilayat » qui était venue s’ajouter sur le continent africain à Boko Haram (mouvement aujourd’hui séparé en deux factions), à la wilayat de l’Afrique de l’Ouest et à l’État Islamique dans le Grand Sahara.

Selon Wassim Nasr, expert reconnu, depuis la déclaration d’al-Baghdadi de 2018, la wilayat Afrique centrale a revendiqué 115 attaques en RDC, 42 au Mozambique et deux en Tanzanie. Elles sont majoritairement dirigées contre des populations chrétiennes.

Mais le problème est que cette entité est restée très éparpillée, n’ayant pas de véritable leader central et dont les connexions réelles avec Daech semblent être plus théoriques que pratiques. C’est pour cette raison que Washington a attendu si longtemps pour désigner ce mouvement dont les contours restent encore difficiles à cerner comme terroriste. Il n’en reste pas moins que cette « reconnaissance » officielle par les USA permet à Daech de montrer que même s’il a perdu son « califat géographique » en Syrie et n Irak, il continue à étendre son influence de par le monde.

La France est particulièrement concernée au Mozambique où Total a dû arrêter ses projets gaziers dans la région d’Afungi car les forces de sécurité – pourtant appuyées par des mercenaires sud-africains – ne maîtrisent pour l’instant plus grand-chose.

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Texte

Alain Rodier

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