Selon la télévision d’État iranienne, l’opposant iranien et ancien journaliste né en 1978, Rouhollah Zam, un temps exilé en France, a été exécuté le 12 décembre 2020. Sa condamnation à mort était officiellement le résultat de son rôle dans la violente vague de contestation de l’hiver 2017-2018 mais c’est aussi un signe envoyé aux opposants réfugiés à l’étranger et aux services de renseignement.

Rouhollah Zam avait fui l’Iran en 2011 après avoir participé au soulèvement postélectoral de 2009 (après la désignation contestée de Mahmoud Ahmadinejad pour un deuxième mandat ; onze opposants avaient alors été officiellement exécutés en 2010) pour lequel il avait été emprisonné à la sinistre prison d’Evin à Téhéran. Il vivait avec femme et enfants en exil à Montauban. Ayant le statut de réfugié, il avait été placé sous protection policière.
Mais contre l’avis des autorités françaises, il s’était rendu en Irak en octobre 2019. Il y a été enlevé sans doute par le service de renseignement des pasdarans dans des circonstances obscures. L’Iran a accusé l’opposant d’être « dirigé par le renseignement français et soutenu » par les services secrets des États-Unis et d’Israël. Il était souvent invité sur le service en persan de la « voix de l’Amérique » (VOA), chaîne historique de propagande américaine qui avait été largement utilisée durant la Guerre froide contre l’URSS.

Depuis son exil, Rouhollah Zam a dirigé à partir de 2015 la chaîne « Amadnews » sur la plate-forme de messagerie cryptée Telegram. À ce titre, il a été accusé par Téhéran d’avoir joué un rôle actif, par l’intermédiaire de ce média, dans les manifestations qui ont duré du 28 décembre 2017 au 3 janvier 2018 et au cours desquelles au moins 25 personnes avaient trouvé la mort. Le régime iranien avait qualifié ce mouvement de protestation contre la vie chère de « sédition ». Il avait demandé en décembre 2017 à Telegram de suspendre « Amadnews » car cette chaîne « prônait la violence » contre le pouvoir. Après sa suspension, le canal avait repris ses activités sous un autre nom. Les services de renseignement des Gardiens de la révolution ont également pris le contrôle d’« Amadnews » qui comptait un million d’abonnés avant l’annonce de son arrestation.

Il a été inculpé pour 17 chefs d’accusation dont ceux d’espionnage au profit de la France et d’Israël, d’insulte à l’égard du Guide suprême de la Révolution et de « corruption sur terre ». La télévision iranienne a montré des images de Rouhollah Zam avouant ses « fautes » et « regrettant » tout ce qu’il avait fait ces dernières années. Le 30 juin 2020, il était condamné à la peine capitale par pendaison.
La question qui se pose est : en dehors de la chasse historique que mènent les mollahs contre leurs opposants depuis la fondation de la République Islamique d’Iran (RII), cette exécution n’est-elle pas aussi une réponse aux services de renseignement américains et israéliens qui ont mené de nombreuses opérations homo visant des responsables iraniens en Syrie, en Irak et jusqu’en? N’est-ce pas le début de la vengeance annoncée pour la mort du major général Qassem Soleimani le 3 janvier 2020 en Irak (CIA) et du scientifique Mohsen Fakhrizadeh le 25 novembre près de Téhéran (vraisemblablement le Mossad)?

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