Même si les États-Unis et la Chine connaissent le fameux « piège de Thucydide » – et le caractère non déterministe de l’histoire –, comment pourraient-ils ne pas y succomber ?
Si une guerre ouverte entre les deux plus grandes puissances de la planète semble aujourd’hui peu probable, l’affrontement commercial entre les deux géants économiques est en train de se transformer en une sorte de guerre froide. Washington s’efforce de contrecarrer le développement de la Chine et d’endiguer son ascension, pendant que Pékin déploie sa puissance en Asie, spécialement face à ses voisins en mer de Chine, et dans le monde, avec, entre autres, la route de la soie. De sorte qu’une « guerre froide » pourrait éclater avec pour conséquence des successions de guerres par procuration.
Le terme de « guerre froide » n’est peut-être pas le plus approprié pour qualifier l’évolution des relations entre Pékin et Washington. Les deux économies sont très interdépendantes, même si la Chine dépend plus des États-Unis (pour ses exportations et pour la haute technologie) que l’inverse.
À la fin de la guerre froide, l’URSS était une puissance déclinante avec un modèle économique en échec. La Chine, par contre, va devenir la première économie mondiale, sans oublier que, à la différence de l’URSS, elle est intégrée à l’économie de marché mondialisée.
Les relations entre la Chine et les États-Unis étaient au centre du forum de sécurité asiatique en mai 2019 à Singapour. La lutte d’influence en Asie entre les deux pays, exacerbée par l’actuelle guerre commerciale, a dominé le forum, en particulier lors de la rencontre entre les ministres de la Défense. Le chef du Pentagone Patrick Shanahan a reproché à Pékin d’avoir militarisé plusieurs îlots de la mer de Chine méridionale revendiqués par d’autres pays de la région, d’y faire naviguer des navires de guerre, de mener régulièrement des opérations navales dans le Pacifique. Le ministre chinois de la Défense Wei Fenghe a répondu que tout cela était excessif et que Pékin avait une posture uniquement défensive. Chacun joue des muscles, mais jusqu’à quel point ? Iront-ils jusqu’à transformer cette rivalité en nouvelle guerre du Péloponnèse ?
Bonne lecture.
Eric Micheletti
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