L’opération Barkhane a été lancée il y a maintenant quatre ans. Il serait temps de s’interroger sur l’avenir de cette opération (700 millions d’euros annuels) menée dans la bande sahélo-saharienne. Car dans cette immensité africaine, les 4 500 soldats français tentent, malgré les succès des différentes opérations, d’éliminer plusieurs centaines de djihadistes qui se jouent des frontières des cinq pays de cette région.

Aussi, à partir de février 2018, l’armée française a concentré ses actions dans la région de Liptako, au Burkina Faso, à la frontière avec le Mali et le Niger. Les groupes armés présents ont subi de lourdes pertes, en particulier l’État islamique du Grand Sahara. Mais la menace est réapparue, cette fois dans le centre du Mali, sur la boucle du fleuve Niger et dans la région de Macina, plus au sud, sous la forme du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), qui a fait allégeance à Al-Qaïda. Le GSIM est composé de Peuls qui combattent l’armée malienne, mais aussi les milices touarègues…

L’armée française se trouve ainsi au milieu d’une guerre contre-insurrectionnelle et fait office de pompier. Sur fond de jeu trouble du gouvernement malien, qui, selon les experts, « préfère nouer des accords d’opportunité » tantôt avec des groupes islamistes contre les Touaregs, tantôt avec des milices touarègues contre des groupes d’autodéfense peuls…

À vrai dire, l’armée française est bien seule, et ce n’est pas l’aide mesurée européenne (un appui logistique espagnol, une présence symbolique estonienne, une contribution de la brigade franco-allemande et des hélicoptères lourds britanniques) qui modifiera la donne. D’autant que les Américains souhaitent alléger les effectifs de leurs forces spéciales dans la région.

Enfin, la France a beaucoup misé – et peut-être trop rapidement – sur la force conjointe africaine du G5 Sahel. Or, cette dernière est trop fragile, pas assez entraînée et peu équipée.

En février 2018, le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, n’était pas optimiste. « Je ne pense pas qu’il soit possible de régler le problème au Mali en moins de dix à quinze ans, si tant est que nous le puissions », déclara-t-il.

L’opération Barkhane continue, mais elle va devoir s’adapter. L’état-major français, estimant que la principale faiblesse de ses troupes était la prévisibilité, a décidé de lancer des opérations longues, certaines de plus d’un mois, et d’augmenter les actions des forces spéciales grâce à la collecte du renseignement humain et électronique.

Bonne lecture.
Eric Micheletti

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