Les forces spéciales de la Bundeswehr ont récemment intégré une composante aérienne dédiée à leurs missions afin d’améliorer leur efficacité opérationnelle. Historiquement, l’emploi d’équipages conventionnels dans le cadre de la guerre non conventionnelle a toujours posé des problèmes aux unités spéciales et l’expansion de leurs moyens passe toujours, tôt ou tard, par la mise en place d’une unité d’aviation spécialisée.

 160th Special Operations Aviation Regiment (160th SOAR) ou français du 4e régiment d’hélicoptères de forces spéciales (4e RHFS), les aviateurs commandos allemands et leurs hélicoptères répondent à des exigences spécifiques qui permettent à leurs camarades au sol d’aller plus vite, plus loin et plus sûrement.

Le Kommando Spezialkräfte (KSK), basé à Calw (Bade-Wurtemberg), ajoute, depuis fin 2015, une quinzaine d’hélicoptères H145M LUH SOF (Light Utility Helicopter Special Operations Forces) et leurs équipages à sa table d’organisation et d’équipements.

Ces moyens aériens spécialisés sont basés à Laupheim (Bade-Wurtemberg), au sein du Hubschraubergeschwader 64, une unité de l’aviation légère de l’armée de terre allemande qui met aussi en œuvre des CH-53G Super Stallion au nombre de 48 exemplaires.

Le secret relatif qui entoure les forces spéciales allemandes laisse peu d’éléments filtrer quant au recrutement, à la sélection et la formation de ces équipages, mais il est évident que pour opérer de concert avec les commandos de Calw, ces aviateurs sont triés sur le volet à travers une sélection très exigeante, aussi bien sur le plan physique que sur le plan psychologique. Enfin, ils doivent également faire preuve d’une disponibilité et de capacités d’adaptation supérieures.

Le nouvel hélicoptère du KSK

Livré depuis la fin 2015 et jusqu’à la mi-2017 pour un montant de 219 millions d’euros, le nouvel hélicoptère du KSK n’est autre qu’une version SOF de l’Airbus EC645 qui vient remplacer les BO 105, dont une partie de la flotte fut convertie pour s’adapter aux missions du KSK, et qui étaient mis en œuvre par l’aviation légère de la Heer. 

Spécialement préparés pour faire face aux besoins très variés inhérents aux opérations spéciales, ces hélicoptères légers sont destinés aux missions en équipes réduites avec de faibles charges utiles et à court rayon d’action.

Le H145M LUH SOF est équipé d’un treuil, d’un crochet de charge externe, ainsi que d’un double dispositif d’aérocordage installé sur les flancs de l’appareil. L’autodéfense de l’appareil est assurée par un armement de bord composé d’une mitrailleuse de 12,7 mm ou d’un canon de 20 mm, qui peut aussi accueillir des paniers de 7 ou 12 roquettes (guidées laser ou lisses), des missiles air-sol antichars ou air-air d’autodéfense aérienne. Ces systèmes d’armes sont montés sous des pylônes amovibles et l’équipage dispose d’une boule optronique L3 Wescam MX15 pour l’observation de son espace de bataille, de jour comme de nuit. Les pilotes sont équipés de viseurs de casque HSMD et le cockpit est optimisé pour le vol de nuit sous JVN.

La protection des personnels embarqués est complétée par des lance-leurres, quatre détecteurs de départ missile AN/AAR 60, par un kit de blindage efficace contre les tirs d’armes légères. Enfin, le H145M LUH SOF est motorisé par deux turbines Turbomeca Arriel 2E qui développent chacune 570 chevaux (soit 50 % de puissance supplémentaire par rapport à l’EC145 T2, la version américaine baptisée UH-72 Lakota) et offrent l’une des signatures acoustiques les plus réduites du marché des hélicoptères orientés SOF. Elles propulsent l’hélicoptère à une vitesse de 268 km/h pour une autonomie de 663 km, avec un plafond opérationnel de 5 410 m d’altitude et un plafond stationnaire de 3 930 m.

D’une longueur de 13,64 m pour une hauteur de 4 m, le H145M LUH SOF est conçu autour d’une cellule renforcée d’EC645. L’appareil, d’une largeur de 1,73 m, permet d’embarquer 11 personnels, dont un binôme pilote-copilote. Le cahier des charges défini par le KSK ne prévoit pas d’installer les bancs latéraux extérieurs, la capacité d’emport souhaitée ne dépassant pas quatre commandos qui, en revanche, seront toujours en mesure d’évoluer cabine fermée. En sus des portières latérales, l’embarquement et le débarquement des troupes sont facilités par deux demi-portes sur la tranche arrière. Les dimensions réduites du rotor, avec 11 m de diamètre, permettent au H145M d’évoluer facilement en zone urbaine et en forêt, avec une sécurité supplémentaire lors des opérations de chargement et déchargement grâce à la présence d’un fenestron autour du rotor de queue. La masse maximale au décollage est de 3,7 tonnes, incluant une charge utile de 1,6 tonne.

Les missions affectées au H145M LUH SOF vont de l’héliportage à la reconnaissance, en passant par les opérations de combat search and rescue (C-SAR) et le close air support (CAS). Dans le cadre d’une insertion de commandos, quatre opérateurs peuvent ainsi être infiltrés sur un objectif avant de descendre en rappel simultanément de chaque côté de l’appareil grâce aux deux bras articulés permettant l’aérocordage. Enfin, le H145M est équipé pour les opérations maritimes avec un radar de recherche et un radar météo, des flotteurs d’urgence en cas d’amerrissage forcé, un canot pneumatique gonflable et une balise de localisation. Cela permet aux opérateurs du KSK d’intervenir en zone maritime ou littorale, si le besoin s’en fait sentir, notamment pour les sections amphibies. 

Toutefois, un appareil de cette taille et de cette puissance moteur est plus limité par les conditions météo en mer qu’un appareil plus lourd tel que le NH-90 ou le Caracal.

Le Hubschraubergeschwader 64

Cette unité aérienne, spécialisée dans les missions de search and rescue (SAR) et de C-SAR est la seule unité de la Luftwaffe à ne mettre en œuvre que des hélicoptères. Créée le 1er octobre 2010, elle était basée à Holzdorf avant de déménager à Laupheim le 1er janvier 2013. Avec la restructuration des forces armées allemandes initiée en octobre 2011, le Hubschraubergeschwader 64 s’est vu attribuer les CH-53G Super Stallion de l’aviation légère de la Heer tandis que ses UH-1D et NH-90 faisaient le chemin inverse, induisant de fait le transfert des missions SAR et C-SAR à la Heer. Les missions du Hubschraubergeschwader 64 recouvrent l’hélitransport de toutes les branches de la Bundeswehr, les opérations de personnel recovery, les évacuations médicales, la formation avancée au pilotage des voilures tournantes, ainsi que le soutien aéromobile des forces spéciales. A cela s’ajoute la mise en œuvre des bases de Holzdorf et de Laupheim. Sa structure est articulée autour de trois groupes : un groupe navigant (composé des escadrons 1 et 2 ainsi que d’un escadron de maintenance) et un groupe technique (composé d’un escadron de maintenance de l’armement, un escadron de maintenance électronique et un escadron de logistique et de soutien), tous deux basés à Laupheim, ainsi qu’un groupe de transport aérien (composé de l’escadron 3, d’un escadron de techniciens, d’un escadron de base aérienne et d’un escadron de soutien) basé à Holzdorf.

Jusqu’au 8 décembre 2015, le CH-53G Super Stallion était le seul appareil en service au sein du Hubschraubergeschwader 64, date à partir de laquelle il fut rejoint par les premiers exemplaires du H145M LUH SOF du KSK. 

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