Le forum de Dakar, co-organisé par CEIS, s’est tenu au Sénégal, dans un climat inédit, du fait de la flambée de violence qui sévit dans le centre du Sahel (Liptako-Gourma au Mali, Burkina Faso). Le rôle insuffisant de la MINUSMA (plus d’un milliard d’euros de budget, plus de 10 000 militaires) a été une nouvelle fois épinglé dans les débats. Plusieurs interlocuteurs africains ont aussi mis en évidence le manque d’équipements de la Force conjointe du G5 Sahel.
Ce que contestent des Français, officiellement ou pas. Emmanuel Levacher, PDG d’Arquus, constate que ce sont surtout les euros qui manquent pour équiper cette force. Son groupe a livré des Bastion au Burkina Faso quelques jours après le forum, et plusieurs dizaines d’exemplaires doivent encore rejoindre l’Afrique.
Tous les pays de la zone n’ont pas ces problèmes de financement : le Sénégal vient encore d’acheter en France trois patrouilleurs à Piriou (ils seront réalisés par Kership, coentreprise de l’industriel et de Naval Group), équipés de missiles MBDA, des antinavires Marte Mk2/N et des Mistral. En outre, ces navires seront armés d’un canon de 76 mm et d’au moins un canon de 20 mm (sinon deux). Ils doivent permettre de mieux protéger la ressource en hydrocarbures qui dort en haute mer.
C’est aussi dans ce pays que les Éléments français au Sénégal (EFS) forment les militaires d’Afrique de l’Ouest, notamment ceux déployés dans le cadre de la MINUSMA ou de la Force conjointe du G5 Sahel. Une des raisons pour lesquelles les EFS ont pu renforcer cet effectif à l’été, pour atteindre désormais les 380 militaires. L’apport vient notamment dans la conduite des opérations, un domaine sur lequel les forces africaines doivent encore progresser.
Ces mêmes EFS assurent aussi l’instruction des « FS Mer », qui doivent se charger de l’action en haute mer : lutte contre les trafics (pêche illégale, narcotrafic) et tentative de rapine des ressources en hydrocarbures. Depuis 2015, la France se charge de cette mission de longue haleine, qui mobilise pas moins d’une dizaine de commandos marine. Un investissement qui paiera sur le temps long.
Expertise France et l’ONU ont également présenté le lancement d’une initiative de lutte (OCWAR) contre les trafics, contre le blanchiment d’argent et en faveur de la cybersécurité. C’est Expertise France qui sera en charge de la gestion de projet. On connaît déjà son rôle au Sahel pour équiper les bases de la MINUSMA à Gao et à Kidal en équipements de surveillance (issus de la gamme Thales, selon nos sources).
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