Après avoir remporté la guerre de 2020 contre l'Arménie, l'Azerbaïdjan déjà allié à la Turquie a considérablement renforcé ses liens militaires et en renseignement avec Israël.

Par contre, ses relations se sont progressivement dégradées avec la Russie, notablement après le crash due vol 8243 d’Azerbaïdjan Airlines au Kazakhstan le 25 décembre 2024 après avoir été endommagé par un tir de la défense aérienne russe au-dessus de Grozny(1). Ensuite, deux ressortissants azéris sont décédés en Russie après avoir été appréhendés par le FSB avec une cinquantaine d’autres concitoyens en juin 2025 puis des journalistes russes ont été arrêtés en Azerbaïdjan, vraisemblablement guise de réponse.

La brouille risque de se poursuivre depuis que le président Donald Trump a réuni le 8 août 2025 à la Maison-Blanche le président azéri llham Aliev et le Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, pour signer une « déclaration commune »(2) prévoyant la mise en place d’un accord de paix qui exclut toute intervention de Moscou et de Téhéran.

Importance de l’Azerbaïdjan

Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’Azerbaïdjan est un producteur et exportateur « majeur » de gaz et pétrole, avec 32,7 millions de tonnes de brut et 35 milliards de mètres cubes de gaz produits en 2022, dont plus des deux tiers sont exportés. Cela permet à ce pays d’être un acteur régional important. Mais prudent, il se renforce militairement pour parer à toute menace future. L’expérience montre que des changements de situation imprévus peuvent intervenir rapidement.

Pour Israël, l’Azerbaïdjan est non seulement un important fournisseur en gaz et en pétrole mais aussi une plateforme privilégiée d’observation sur l’Iran. Ses services spéciaux s’en servent de base arrière pour mener des opérations secrètes avec l’accord de Bakou. A noter qu’une autre de leurs bases arrière serait le Kurdistan irakien.

La Turquie est l’allié historique de l’Azerbaïdjan et un client privilégié pour son complexe militaro-industriel. En 2020, c’est lors de la deuxième guerre du Haut-Karabagh ou « guerre des 44 jours » qu’ont été testés de manière opérationnelle l’emploi des drones sur le champ de bataille (une trentaine de drones militaires, dont dix drones turcs TB2 Bayraktar, et environ 200 drones suicide HAROP israéliens.) Ils ont en grande partie été responsables de la victoire de Bakou et surtout, cet emploi a considérablement modifié l’art de la guerre comme on a pu le constater ensuite en Ukraine.

Les dernières acquisitions

Bakou a annoncé récemment l’achat de 48 systèmes d’artillerie Nora-B52 NG serbes pour 338 millions de dollars. L’Azerbaïdjan détiendrait ainsi plus d’un millier d’obusiers de différentes natures.

C’est d’ailleurs un des problèmes majeurs de l’armée de terre azérie qui est dotée d’armements disparates ce qui rend très difficile leur entretien et les approvisionnements en pièces détachées et en munitions.

Il convient de noter que l’armée azérie dispose d’au moins 600 MLRS d’origine soviétique, biélorusse, tchèque, yougoslave, turque et israélienne.

Plus de 500 chars de bataille, principalement des T-72 et des T-90, sont en cours de modernisation par la société israélienne Elbit Systems, avec la participation d’entreprises tchèques et azéries, intégrant le système de protection Kontakt-5 et un ensemble complet d’électronique embarquée.

26 véhicules blindés Sand Cat israéliens sont armés de quatre missile anti-char Spike NLOS Rafael d’une portée maximale de 32 kilomètres. Il est possible qu’il en arrive d’autres.

Inspiré par l’expérience israélienne, Bakou a investi plusieurs milliards de dollars dans des systèmes de défense aérienne.

Aujourd’hui, le pays exploite environ dix batteries Pantsir-S1, deux batteries S-300PMU2 et une gamme de systèmes d’origine soviétique comme le 9K33 OSA, modernisé par Israël, ainsi que des systèmes israéliens comme BARAK MX avec des centaines de missiles en réserve.

Cela constitue une solide défense aérienne pour un petit pays en superficie (86.600 km2 comparés au 550.000 km2 de la France métropolitaine.)

En plus de cet arsenal, Israël a fourni au moins cent missiles quasi-balistiques LORA d’Israel Aerospace Industries (IAI). Pesant 1,6 tonne, ce missile peut emporter une charge militaire de 570 kilos à une distance maximale de 430 kilomètres.

La Turquie a livré des missiles de croisière air-sol SOM ŞAHIN qui ont été testés sur des Su-25. Ce missile qui pèse environ 600 kilos emporte une tête militaire de 230 kilos à une distance estimée de 250 kilomètres.

Ces missiles pourront être mis en œuvre par la quarantaine d’avions de combat de troisième génération d’origine sino-pakistanaise Chengdu JF-17 Block III qui sont acquis par Bakou à Islamabad dans le cadre d’un contrat dépassant les six milliards de dollars. Ils devraient remplacer la flotte vieillissante de Mig-29.

L’arsenal est énorme pour un pays de moins de dix millions d’habitants – mais Israël encore beaucoup plus armé compte la même population – soutenu par la Turquie et Israël – deux pays aux importantes industries militaires -, indique une grande capacité de modernisation.

L’Azerbaïdjan est encerclé par trois pays impliqués dans des conflits militaires et diplomatiques récents : l’Arménie, l’Iran et la Russie. Bakou se prépare donc activement à faire face à un conflit potentiel.

1. Voir : « Bakou / Moscou : la discorde ? » du 4 juillet 2025.
2. Voir : « L’accord Arménie – Azerbaïdjan – États-Unis inquiète l’Iran » du 13 août 2025.