En choisissant de prendre l'initiative, Israël a fixé le tempo et cassé le système de défense aérienne et de frappe balistique iranien, tout en retardant le programme nucléaire. L'opération « Lion qui se lève » est donc le fruit de longues années de préparation, car l'idée de détruire le programme nucléaire iranien est débattue à Jérusalem depuis le milieu des années 2000. Pendant vingt ans, Israël a bâti le scénario de frappe, apprenant à connaître au fil des années les chefs, les forces, les installations, les moyens et les vulnérabilités des Iraniens et pénétrant jusqu'au cœur du système politico-militaire des mollahs.
En détruisant le Hamas dès 2023, puis le Hezbollah, la Syrie étant totalement exsangue, la stratégie régionale de dissuasion de l’Iran a perdu beaucoup de sa force. Grâce à l’attaque contre l’Iran en juin 2025, Israël s’est donné quelques années supplémentaires avant que Téhéran ne puisse reconstruire des centres de recherche et développement nucléaire et ne soit vraiment en mesure de disposer d’un véritable arsenal nucléaire.
Le temps également pour l’État hébreu de renforcer à la fois ses défenses aériennes et pousser le régime iranien aux limites de sa capacité à garder le pouvoir. Mais aussi la possibilité de réduire à néant une nouvelle fois les sites nucléaires !
L’attaque israélienne lancée contre l’Iran le 13 juin 2025 marque une transformation de la situation stratégique mondiale. En effet, la dissuasion seule ne suffit plus et les pays européens, spécialement les deux puissances nucléaires continentales démocratiques, devraient rapidement en tirer les leçons. Israël a réussi à paralyser l’Iran en combinant des attaques contre les principaux sites de défense aérienne associés aux nœuds cruciaux des réseaux numériques, des frappes par drones contre des sites stratégiques, et l’élimination des grands chefs militaires et des ingénieurs du nucléaire iranien. Les experts estiment d’ailleurs qu’il serait possible de faire de même pour tout grand pays européen, dont la France.
Si un conflit apparaissait en Europe orientale après celui de l’Ukraine, la Russie pourrait par exemple appliquer le même scénario en neutralisant les capacités de réaction des deux puissances nucléaires européennes le temps de « sanctuariser » son agression sous forme de « fait accompli ». La réponse des Européens ne pourrait être que lente et politiquement dépassée, donc peu probable.
Bonne lecture
Eric Micheletti
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