Après l’attentat terroriste du 22 avril au Cachemire indien perpétré par des séparatistes et la riposte indienne dans la nuit du 6 au 7 mai avec des frappes aériennes sur plusieurs cibles pakistanaises et cachemiriennes, le conflit entre l’Inde et le Pakistan semble avoir atteint un stade critique, menaçant de dégénérer en une nouvelle guerre, comme ce fut le cas en 1999. Le Cachemire demeure un sujet de désaccord entre les deux pays depuis leur partition en 1947.
Selon les autorités indiennes, ces frappes visaient neuf sites liés à des groupes armés accusés d’être responsables de l’attentat du 22 avril. Pendant le raid aérien indien, le Pakistan a affirmé avoir abattu cinq avions ennemis, tandis que l’Inde a reconnu la perte de trois avions et a ainsi révélé les faiblesses de son armée de l’air, qui devait bénéficier de l’effet de surprise.
En réponse aux frappes indiennes, l’armée pakistanaise effectuait dans les heures et les jours suivants des tirs d’artillerie et drones d’attaque sur plusieurs positions militaires indiennes situées dans le Jammu-et-Cachemire sous contrôle indien. New Delhi répliquait dans la foulée en neutralisant les systèmes de défense aérienne de Lahore et en réalisant des tirs de barrage sur les positions pakistanaises.
Les puissances occidentales et asiatiques ont cru durant quarante-huit heures à une nouvelle guerre entre les deux pays. Toutefois, même si l’Inde rappelait des réservistes, ce n’était rien comparé aux quelque 800 000 soldats et blindés que l’Inde et le Pakistan(1) avaient massés à leur frontière en 2002, après une attaque terroriste contre le Parlement indien.
L’Inde possède 172 ogives nucléaires et le Pakistan 170. Cet arsenal atomique laisse craindre le pire, sachant que l’entrée sur le territoire pakistanais par l’armée de terre indienne serait considérée comme un casus belli majeur pour Islamabad, pouvant entraîner une riposte nucléaire.
Fort heureusement, et avec la pression des gouvernements américain et russe, un cessez-le-feu a été annoncé le 10 mai(2). Pour les spécialistes, même si cet affrontement est le plus grave depuis deux décennies et que la trêve est fragile, car le problème du Cachemire reste entier, il n’y a pas à redouter de conflit majeur entre ces deux puissances nucléaires. En effet, l’Inde et le Pakistan auraient plus à perdre qu’à gagner et anticiperaient les conséquences à la fois sur le plan économique et sur le statut international.
(1) Avec plus de 1,4 million de militaires actifs, l’Inde est la quatrième armée la plus puissante, tandis que le Pakistan aligne 654 000 militaires actifs.
(2) Selon Delhi, le cessez-le-feu a été directement négocié entre l’Inde et le Pakistan.
Bonne lecture
Eric Micheletti
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