Suite à la décision du président Donald Trump de désigner les cartels de la drogue mexicains comme « organisations terroristes », des premières opérations de renseignement menée par la CIA ont débuté.

Ainsi, des drones MQ-9 Reaper ont effectué des vols de reconnaissance au dessus du Mexique sans que l’on sache si les autorités mexicaines ont été prévenues..

Les appareils utilisés pour ces missions ne sont pour le moment pas armés mais, si l’ordre en est donné, ils peuvent être équipés de charges utiles pour effectuer des frappes de précision. Les États-Unis les utilisent régulièrement pour cibler les terroristes présumés en Syrie, en Irak et en Somalie. La plus célèbre opération de ce type a éliminé à Bagdad le major-général Qassem Soleimani, chef de la force iranienne Al-Qods en 2020.

La classification des cartels mexicains comme « terroristes » autorise Washington mener des opérations clandestines hors de toutes juridictions. Les premiers objectifs qui pourraient être ciblés sont des laboratoires de drogue installés au Mexique. Bien que facilement déménageables, ils sont relativement faciles à repérer avec des moyens d’observation sophistiqués.

Il est aussi possible de déclencher des opérations homo contre des chefs criminels mexicains ce qui évitera qu’ils ne soient encore influents depuis leurs cellules mexicaines et économisera de longues et coûteuses tractations d’extradition vers les pénitenciers américains. Cela dit, l’expérience montre que les responsables neutralisés sont rapidement remplacés. Enfin, la réaction des autorités mexicaines risque d’être virulente. À noter que ces opérations peuvent également viser des criminels mexicains présents dans d’autres pays d’Amérique latine.

Le Congrès a été informé des derniers vols de MQ-9 Reaper par l’administration Trump en utilisant une notification particulière réservée aux programmes secrets. Il est curieux que cette information ait fuité vers la presse mais cela peut être un « avertissement » donné aux cartels ou, comme ces derniers ne sont certainement peu sensibles à toute menace, plus probablement un acte dû à des opposants à la nouvelle administration pour la mettre en difficulté.

La CIA a refusé de commenter l’affaire mais un porte-parole a déclaré que « le fait de reconnaître les cartels de la drogue au Mexique et au niveau régional est une priorité pour la CIA dans le cadre des efforts plus larges de l’administration Trump pour mettre fin à la grave menace du trafic de stupéfiants. Le directeur John Ratcliffe est déterminé à mettre l’expertise unique de la CIA à la hauteur de ce défi multiforme ».

Cette révélation selon laquelle la CIA effectue des survols au-dessus du Mexique survient dans un contexte de tensions accrues entre les gouvernements américain et mexicain.

Ces dernières semaines, le gouvernement mexicain s’était interrogé de la recrudescence de vols de  reconnaissance américains effectués près de la frontière.

La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum et d’autres hauts responsables mexicains ont souligné ces derniers jours l’importance de la souveraineté du Mexique mais que ces vols signalés s’étaient produits dans l’espace aérien international et au dessus du territoire américain. Ce n’est plus le cas pour les derniers vols des MQ-9 Reaper.

En vertu d’accords bilatéraux de longue date, la Drug Enforcement Administration (DEA) et d’autres services de répression américains effectuaient régulièrement des survols de l’espace aérien mexicain mais en coopération étroite avec le gouvernement mexicain.

Alors qu’il signait un décret le 20 janvier qui désignait les cartels mexicains comme des organisations terroristes étrangères, des journalistes ont demandé au président nouvellement élu s’il enverrait des forces d’opérations spéciales au Mexique. Il avait répondu : « cela pourrait se produire […] Des choses plus étranges sont déjà arrivées ».

Le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz (ancien colonel de l’US Army où il a servi 27 ans, en particulier dans les forces spéciales) avait déjà plaidé en faveur d’une action offensive contre les cartels de la drogue mexicains. En tant que membre du Congrès, en 2023, il a cosigné une législation créant une autorisation pour l’usage de la force militaire contre ces derniers.

L’affaire risque d’aller plus loin puisque le président Trump a déclaré lors d’une conférence de presse en Floride : « j’ai de très bonnes relations avec le Mexique, mais je pense que le Mexique est en grande partie gouverné par les cartels, et c’est une chose triste à dire […] S’ils veulent de l’aide dans ce domaine, nous la leur donnerons ».