Le général (er) Keith Kellogg, envoyé spécial de l’administration Trump pour l’Ukraine qui doit faire le tour des capitales européennes dans les jours à venir a déclaré que lors des prochaines négociations sur l’Ukraine, il y aurait « deux parties et un intermédiaire à la table ». Pour lui, il voit les États-Unis comme un « intermédiaire » et pas comme un « allié » de l’Ukraine. Il ne s’attend pas à ce que l’Europe soit présente.
D’ailleurs, le fait que des négociations sur le sort de l’Ukraine se tiennent en Arabie saoudite directement entre Américains et Russes – en présence d’Ukrainiens – illustre le recul de l’Europe dans la gestion de l’après-guerre.
Mais devant l’exigence des pays européens à participer à ces négociations, Washington leur a demandé de présenter des propositions détaillées sur les armes, les troupes de maintien de la paix et les arrangements de sécurité qu’elles pourraient fournir à l’Ukraine dans le cadre de toute garantie de sécurité après la fin de la guerre avec la Russie. Cela permettra de déterminer quel est le prix que l’Europe est prête à payer en échange d’être associée aux négociations avec Moscou.
Selon un responsable américain : « le câble pose un certain nombre de questions générales […] des propositions ou des idées spécifiques » qui permettraient de définir à quoi ressemblerait un dispositif de sécurité dirigé par l’Europe.
Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN a déclaré que, quelle que soit la demande des États-Unis, les pays européens devaient être clairs sur la manière dont ils pouvaient intensifier leurs efforts : « J’entends des pays européens se plaindre de ne pas avoir immédiatement leur place à la table de négociation […] d’abord, organisez-vous, débattez et… pensez à ce que pourrait être la contribution européenne ».
Le président Emmanuel Macron a invité des dirigeants européens à un sommet à Paris dès le 17 janvier pour discuter de la situation.
Au début 2024, il avait refusé d’exclure l’envoi de troupes européennes sur le terrain en Ukraine. Cela avait provoqué un tollé, notamment de la part des dirigeants allemands et polonais mais son projet a gagné en popularité depuis. Pourtant, la forme que pourrait prendre cette force et les pays qui y participeront dépendront en grande partie des termes de tout accord de paix, et plus encore.
L’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne sont parmi les pays invités à Paris.
Mais il faut noter que l’Italie a des limites constitutionnelles à l’utilisation de ses forces. Les Pays-Bas auraient besoin du feu vert de leur parlement tout comme l’Allemagne. Dans ce dernier pays, la position pourrait évoluer après les élections du 23 février qui amèneront vraisemblablement un nouveau gouvernement. De plus, la Pologne est prudente, compte tenu des animosités persistantes avec l’Ukraine qui remontent à la Seconde Guerre mondiale.
Les deux piliers d’une force qui devrait engager des dizaines de milliers de militaires sont la France et la Grande-Bretagne.
Mais même cette dernière a quelques problèmes.
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L’ancien chef de l’armée britannique de 2006 à 2009 et membre de la chambre des Lords depuis 2011, le général Lord Dannatt, a déclaré à la BBC que l’armée britannique est « tellement délabrée » qu’elle ne pourrait diriger aucune future mission de maintien de la paix en Ukraine. En effet, une telle mission nécessiterait qu’environ 40.000 militaires britanniques soient déployés et « nous n’avons tout simplement pas ce nombre disponible ».
Cette déclaration intervient après que le Premier ministre britannique, Sir Keir Starmer, ait déclaré que le Royaume-Uni « jouerait son rôle » pour garantir la sécurité de l’Ukraine . Il s’est dit prêt à envoyer des troupes britanniques comme soldats de la paix.
Un ancien chef de l’OTAN a déclaré affirmé pour sa part que la Grande-Bretagne et la France devraient diriger une force de 100.000 hommes maximum dans le cadre d’un effort de maintien de la paix à long terme si la guerre de la Russie avec l’Ukraine prenait fin.
Lord Dannatt a repris ce chiffre d’environ 100.000 soldats et il a déclaré que le Royaume-Uni devrait fournir « une bonne partie de cela et nous ne pourrions vraiment pas le faire […] Notre armée est tellement délabrée à l’heure actuelle, en termes de nombre et de capacités et d’équipements, que cela pourrait être assez embarrassant ». Il a détaillé : « Je veux dire, si nous devions déployer 10.000 soldats sur le terrain, chaque rotation durant six mois, cela immobiliserait effectivement 30.000 ou 40.000 soldats et nous n’avons tout simplement pas ce nombre disponible […] Il y a donc ici de gros problèmes que les politiciens d’aujourd’hui n’ont pas vraiment pris en compte ».
Cela survient alors que les ministres des Affaires étrangères, David Lammy, et de la Défense britanniques, John Healey, ont appelé dans le Daily Telegraph le Royaume-Uni et l’Europe à « faire plus » pour « partager le fardeau » de la sécurité régionale. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, s’est dit « très encouragé » par ses discussions sur l’Ukraine avec le vice-président américain JD Vance le 14 février, au premier jour de la conférence de Munich sur la sécurité. « Nous partageons l’opinion selon laquelle il doit y avoir une paix durable […] Il y a eu un accord selon lequel Zelensky et les Ukrainiens doivent faire partie de cet accord négocié ».
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Les discussions ont eu lieu après que Vance a prononcé un discours lors de la conférence, au cours duquel il a été Il s’attendait à aborder d’éventuelles négociations pour mettre fin à la guerre, mais a plutôt attaqué le mode de fonctionnement des démocraties européennes. Dans son discours, il a déclaré que la plus grande menace à laquelle le continent était confronté ne venait pas de la Russie et de la Chine, mais « de l’intérieur ». Il a ajouté que l’Europe devait « intensifier ses efforts pour assurer sa propre défense » et a déclaré qu’il espérait qu’un « règlement raisonnable » pourrait être trouvé pour la guerre.
David Lammy et son collègue de la défense John Healey ont déclaré que Poutine avait cherché pendant deux décennies à « recréer l’empire russe et à étouffer les pays situés autour de ses frontières […] Trop souvent dans le passé, l’Occident l’a laissé faire […] Nous n’avons pas fait assez en 2008 lorsqu’il a envahi la Géorgie, et en 2014 lorsqu’il est entré pour la première fois en Ukraine ».
La situation globale ressemble à une équation à plusieurs inconnues. C’est pour cette raison que personne ne peut prévoir la suite et que des surprises sont toujours possibles.