Les médias ukrainiens ont publié le « plan de paix de 100 jours » de Donald Trump. Avant l’élection présidentielle, il avait promis de régler le problème en 24 h 00 mais sa stratégie confrontée à la complexité de la tâche a évolué. Il a désigné le lieutenant général (er) Joseph Keith Kellogg Jr, vétéran du Vietnam, comme envoyé spécial pour l’Ukraine et la Russie.

Le texte qui est largement diffusé sur la toile apporte des détails à ce qui était connu auparavant.

1. L’Ukraine ne sera pas membre de l’OTAN et déclarera sa neutralité. La décision d’interdire à l’Ukraine de rejoindre l’Alliance doit cependant être approuvée lors d’un sommet de l’OTAN [NdA : les membres européens qui craignent le plus pour leur sécurité – les pays baltes, la Pologne, la Finlande, la Suède – risquent de s’opposer à cette mesure ].

2. L’Ukraine deviendra membre de l’UE d’ici 2030 [NdA : c’est Washington qui décide pour l’Europe ?]. L’UE s’engage à prendre des engagements pour la reconstruction du pays après la guerre [NdA : c’est l’UE qui financera et pas les États-Unis].

3. L’Ukraine ne réduira pas la taille de son armée. Les États-Unis s’engagent à continuer de soutenir la modernisation des forces armées ukrainiennes.

4. L’Ukraine ne se lancera pas dans des tentatives militaires et diplomatiques de récupération des territoires occupés. Mais elle ne reconnaîtra pas officiellement la souveraineté de la Fédération de Russie sur ces territoires [NdA : c’est la situation qui perdure entre les deux Corées depuis 1953].

5. Certaines sanctions contre la Fédération de Russie seront levées immédiatement après la conclusion de l’accord de paix. D’autres, dans un délai de trois ans, en fonction du respect par la Russie des paramètres de l’accord. Toutes les restrictions sur les importations de ressources énergétiques russes vers l’UE seront levées [NdA : ce qui répond aux demandes allemande, italienne, tchèque et hongroise]. Mais pendant un certain temps, elles seront soumises à un droit spécial imposé par les Européens, dont le produit sera utilisé pour reconstruire l’Ukraine.

6. Les partis qui prônent la langue russe et la coexistence pacifique avec la Russie devront être autorisés à participer aux élections en Ukraine. Toutes les actions contre l’UOC (Ukrainian Orthodox Church – l’Église orthodoxe ukrainienne) et la langue russe doivent être interdites au niveau étatique [NdA : cela risque d’être très mal accepté par les faucons ukrainiens qui ont développé une haine viscérale pour tout ce qui est « russe »].

7. La question de la mise en place d’un contingent européen de maintien de la paix après la fin des opérations militaires est particulièrement problématique.

D’un côté, Kiev l’exige comme garantie de sécurité. De l’autre, la Fédération de Russie y est catégoriquement opposée.

Des consultations séparées entre toutes les parties devront être menées sur ce point. Selon le «calendrier», le président Trump aurait prévu de s’entretenir par téléphone avec son homologue Vladimir Poutine fin janvier ou début février. Ensuite, il envisagerait de discuter de ce plan avec les autorités ukrainiennes. Après ces entretiens, les négociations pourraient soit être suspendues si aucun terrain d’entente n’a pu être trouvé soit, dans le cas contraire, poursuivies. Dans le deuxième cas, le calendrier supplémentaire suivant sera proposé [NdA : sur le dossier ukrainien, le « président » Trump semble être beaucoup plus prudent que le « candidat » qu’il fut].

Zelensky doit annuler le décret interdisant les négociations avec Poutine [NdA : le président Zelensky craint surtout d’être débordé – pour le pas dire plus – par les faucons ukrainiens. La possibilité d’un coup d’état n’est pas à exclure].

En février ou dans la première quinzaine de mars 2025, il est prévu d’organiser une rencontre entre Trump, Zelensky et Poutine (une rencontre trilatérale ou deux rencontres bilatérales seront décidées séparément).

Ces rencontres devraient approuver les principaux paramètres du plan de paix, puis continuer à travailler sur l’accord au niveau des représentants spéciaux.

Lorsque les négociations auront lieu et si les hostilités se poursuivent, Trump ne bloquera pas l’envoi d’aide militaire à l’Ukraine.

Il est proposé de déclarer une trêve sur toute la ligne de front à partir du 20 avril 2025 (Pâques, que toutes les confessions chrétiennes célèbrent le même jour cette année).

Dans le même temps, toutes les troupes ukrainiennes devraient se retirer de la région de Koursk.

Fin avril 2025, une conférence internationale sur la paix devrait commencer ses travaux, qui enregistreront un accord entre l’Ukraine et la Fédération de Russie sur la fin de la guerre avec la médiation des États-Unis, de la Chine, d’un certain nombre de pays européens et du « Sud global » [NdA : qui est un ensemble géopolitique qui recouvre l’ensemble des pays qui ne relèvent pas de l’ancien bloc occidental formé pendant la guerre froide, ni de l’Union européenne. Autre question : quels seront les pays européens qui seront exclus de cette conférence et pourquoi ?].

Au même moment, un échange de prisonniers débutera selon la formule « tous contre tous ».

D’ici le 9 mai, la conférence internationale de la paix devrait publier une déclaration mettant fin à la guerre en Ukraine sur la base de paramètres convenus.

Après le 9 mai, il sera proposé à l’Ukraine de ne pas prolonger le régime de la loi martiale et de la mobilisation [NdA : cette mesure devrait être populaire parmi les populations ukrainiennes mobilisables].

En Ukraine, les élections présidentielles devraient avoir lieu fin août et les élections parlementaires et locales fin octobre [NdA : les candidats risquent d’être nombreux].