On commence à en savoir un peu plus sur ce qu’il est advenu à certains dirigeants syriens du clan Assad suite à l’effondrement du régime.

Bachar el-Assad était en visite à Moscou fin novembre avec son épouse et trois enfants. À noter qu’Hafez, l’aîné des enfants âgé de vingt ans suivrait des études scientifiques à l’Université d’État de Moscou. La famille serait descendue dans un luxueux hôtel (selon les sources, le Four Seasons ou le Hyatt). L’insurrection emmenée par le Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a débuté le 27 novembre. Il semble qu’il aurait été informé que les Russes n’interviendraient pas pour sauver son régime. Il serait alors rentré seul à Damas au début décembre.

Néanmoins, il aurait délibérément menti à son entourage direct et en particulier militaire. Le 7 décembre, il assurait lors d’une réunion d’une trentaine de chefs militaires et de la sécurité  que le soutien militaire russe était « en route » et exhortait les forces terrestres à « tenir bon ».

En fait, il était sur le départ.

En effet, le 7 décembre vers 22 h 30, il aurait téléphoné à son premier ministre Mohammad Ghazi al-Jalali, l’informant qu’il prenait quelques heures de repos. Il aurait commandé en même temps à Bouthaina Shaaban, sa conseillère en politique et en communication, un discours pour le lendemain.

En réalité, il aurait rejoint secrètement l’aéroport de Damas et pris un vol pour la base aérienne de Khmeimim. De là, il aurait été exfiltré vers la Russie. Le 8 décembre, les rebelles entraient dans la capitale…

S’il a obtenu l’asile politique auprès des autorités russes, plusieurs proches ont révélé qu’il aurait souhaité l’obtenir aux Émirats arabes unis. Mais le pays du golfe aurait refusé par crainte des réactions internationales.

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères aurait négocié avec le président Recep Tayyip Erdoğan la sortie sans encombre d’Assad de Syrie car le vol devait survoler la Turquie.

C’est le président Vladimir Poutine qui a accordé l’asile à Bachar el-Assad et à sa famille. Il ne semble pas démuni car il aurait acheté dans le passé de nombreux appartements à Moscou dont plusieurs dans le complexe « la ville des capitales » situé dans le quartier des affaires, le long de la rivière Moskova.

Comme de nombreux dictateurs, il semble avoir pris ses précautions sur le plan financier…

Même son frère, Maher el-Assad, l’ancien commandant de la 4ème division blindée responsable de nombreuses exactions n’aurait pas été prévenu de la manœuvre.

Toutefois, il serait parvenu à s’exfiltrer en hélicoptère vers l’Irak.

Un camp d’accueil destinés à héberger les fuyards du régime aurait été aménagé dans ce pays avec le soutien (financier ?) de Téhéran. Il est possible que les responsables les plus importants trouvent ensuite refuge en Iran.

Tous n’ont pas eu cette chance. Ainsi, les cousins maternels d’Assad, Ihab et Eyad Makhlouf, ont également été abandonnés lorsque Damas est tombée.

Ils auraient tenté de fuir en voiture vers le Liban, mais seraient tombés dans une embuscade. Ihab aurait été tué et son frère blessé.

Alors que la Syrie est désormais aux mains des radicaux sunnites, les Chiites et les Alaouites s’inquiètent pour les violences dont ils pourraient être victimes. Le général Jérome Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale a déclaré sur Europe 1 : « il ne faut pas l’exclure, et notamment des règlements de comptes, puisque l’on sait que c’était en fait les Alaouites et les Chiites qui contrôlaient en partie le pays. Donc, il n’est pas exclu qu’il y ait des règlements de comptes, une épuration sauvage […] la balle est dans le camp des nouvelles autorités qui se proclament sunnites […] Il faut rester prudent, parce qu’entre les déclarations des uns et la réalité sur le terrain, il peut toujours y avoir une différence. Et en particulier, je dirais, loin du regard des caméras des journalistes ».

Les responsables du régime déchu qui seront arrêtés seront vraisemblablement jugés par des tribunaux créés pour l’occasion comme cela avait été le cas en Irak après la chute de Saddam Hussein. La sanction avait été bien souvent la mort.

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Texte

Alain Rodier