Profitant de l’affaiblissement du système sécuritaire syrien appuyé par les Iraniens suite aux nombreuses frappes aériennes israéliennes qui ont eu lieu ces dernières semaines dans le cadre de leur offensive lancée contre le Hezbollah libanais, le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS) héritier du le Front al-Nosra, branche d’Al-Qaida en Syrie, et ses factions alliées ont lancé fin novembre l’« offensive « Dissuader l'agression » contre des positions militaires syriennes à l’ouest d'Alep.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, le HTS et les factions de la coordination d’al-Fatah al-Mubin ont avancé dans la zone rurale à l’ouest d’Alep prenant le contrôle de points stratégiques à Qubtan al-Jabal, Sheikh Aqil, Bala, Khayrdrakl, Qubtan al-Jabal, Salum, Jamiyat Al-Maari, Qasimiya, Kafr Bisin et Hawar. Le 46ème régiment des forces armées syriennes qui couvre cette zone était déjà soumis à une forte pression de la part des rebelles depuis septembre se retrouve actuellement en difficulté.
L’offensive est ponctuée par d’intenses échanges de tirs d’artillerie et de roquettes entre les rebelles et les forces gouvernementales.
Ces dernières ont notamment bombardé les positions arrières des factions autour de la ville d’Atareb, Darat Izza et les villages environnants.
L’aviation russe est intervenue en soutien en bombardant sur les villes de Sarmada et Kafr Taal.
Des centaines de familles ont dû fuir leurs foyers. Le point de passage de Ghazawiya, qui relie Alep à Idlib a été fermé.
Lors des combats au sol, un groupe de forces spéciales russes serait tombé dans une embuscade tendue par les rebelles mais le bilan n’est pas connu.
Le régime du président Bachar al-Assad est soumis à une guerre civile depuis sa révolution de 2011. Il a particulièrement menacé en 2014 par la montée en puissance de Daech suivie de la création du pseudo « califat islamique ». Il a pu reprendre le contrôle de la plupart des régions du pays avec l’arrivée en septembre 2015 de l’armée russe et par l’aide des milices du Hezbollah libanais et des milices chiites internationales (irakiennes, afghanes, pakistanaises) et nationales pilotées par Téhéran.
Le nord-ouest de la Syrie est la dernière région du pays contrôlée par les rebelles anti-Assad. et est dominé par le HTS.
L’est de l’Euphrate est tenu par les forces kurdo-arabes soutenues par les Américains mais elles ne sont pas foncièrement anti-régime.
C’est particulièrement dans cette région que des groupes de l’État Islamique (Daech) sont toujours actifs. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, il a conduit environ 249 actions, notamment des attaques armées, des assassinats et des attentats contre les Forces démocratiques syriennes dans les zones contrôlées par l’administration autonome depuis le début de 2024 (le Rojava ou Kurdistan occidental). Selon les statistiques de l’OSDH, ces opérations ont fait 111 morts. La région de Deir Ezzor reste la plus ciblée par les salafistes-jihadistes.
Les bilans que ces derniers donnent sont bien sûr supérieurs…
Des milices anti-régime formées en Jordanie sont toujours présentes ponctuellement dans la région frontalière d’Al-Tanf au sud-ouest du pays. Des groupuscules rebelles sont aussi implantés dans la région sud de Deraa et frontalière du plateau du Golan.
Les forces turques appuyant des milices turciques syriennes sont très présentes dans le nord. Les Russes se sont entendus avec Ankara pour contrôler une partie de la frontière turco-syrienne, même à l’est de l’Euphrate où les Américains soutiennent les Kurdes syriens.
Depuis le début de la guerre civile, environ 500 000 personnes ont été tuées.
Cette dernière offensive marque un changement important, les forces de l’opposition intensifiant leur pression sur le régime pour tenter de regagner des territoires et une influence qu’ils ont perdus.
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