Un homme qui travaillait vraisemblablement pour la CIA a été accusé avoir divulgué des informations classifiées révélant les plans d'Israël pour attaquer l'Iran.

Asif William Rahman, a été arrêté par le FBI le 12 novembre au Cambodge. Il est comparu devant un tribunal à Guam qui a autorisé son extradition vers les Etats-Unis.

Il a été inculpé à la mi-novembre devant un tribunal américain de Virginie pour deux chefs d’accusation de transmission volontaire d’informations relatives à la défense nationale.

Selon l’acte d’accusation, Asif William Rahman a « volontairement conservé » des documents classifiés et « transmis ces documents à une personne non autorisée à le recevoir ».

Les documents divulgués ont été préparés par la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA) qui analyse les images et les informations collectées par les satellites espions américains.

Les deux documents classifiés ont été divulgués le mois dernier pendant les préparatifs israéliens d’une riposte potentielle à la salve de missiles balistiques lancée par l’Iran le 1er octobre. Ils sont apparus d’abord sur une chaîne Telegram pro-iranienne avant d’être partagés sur X.

Les documents détaillent les préparatifs israéliens, notamment un « exercice de déploiement à grande échelle » de l’armée de l’air israélienne et un exercice de ravitaillement en vol. Un document précise que l’armée de l’air travaillait depuis le 8 octobre avec des missiles balistiques air-sol, mentionnant « au moins 16 missiles étiquetés ‘Golden Horizon’ et au moins 40 d’un autre modèle connu sous le nom d’ISO2 ou Rocks ».

Ils notaient aussi qu’Israël déplaçait des moyens militaires pour mener une frappe militaire en réponse à l’attaque de missiles balistiques de l’Iran le 1er octobre. Israël a bien mené une attaque de représailles sur plusieurs sites en Iran fin octobre.

Les documents étaient partageables au sein des « Five Eyes », qui comportent les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.

Rahman, qui avait accès à ces informations sensibles grâce à son rôle au sein de la communauté du renseignement, aurait mis les documents en ligne. Les procureurs affirment que la fuite peut avoir été intentionnelle, peut-être motivée par des raisons personnelles ou idéologiques, bien que les détails sur ses intentions restent flous.

La divulgation de ces documents a déclenché une enquête du FBI qui a examiné comment les documents ont été obtenus.

La nouvelle de l’arrestation de Rahman survient un jour après qu’un « lanceur d’alerte » du Pentagone, Jack Teixeira, ait été condamné le 12 novembre à Boston à 15 ans de prison pour des violations « importantes » de la loi sur l’espionnage.

Le jeune homme de 22 ans avait été arrêté en avril 2023 dans la maison de ses parents près de Boston, après plusieurs jours de recherches de la police fédérale (FBI) alertée par une série de fuites de documents classés secret-défense.

Ces documents, partagés sur un groupe de discussion de la plateforme Discord puis diffusés sur d’autres réseaux sociaux, avaient révélé les inquiétudes des services de renseignement américains quant à la viabilité en 2023 d’une contre-offensive ukrainienne. Ils sous-entendaient aussi que les États-Unis collectaient des renseignements sur leurs plus proches partenaires, notamment Israël et la Corée du Sud.

Il s’agissait de l’une des plus grandes fuites de documents confidentiels depuis les révélations d’Edward Snowden en 2013 sur l’espionnage électronique de masse de l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA), qui avaient conduit le lanceur d’alerte à quitter les États-Unis et à se réfugier en Russie.

Les enquêtes menées par le FBI et le Département de la défense sont en cours pour comprendre tout l’impact et l’ampleur de cette fuite.

Il convient de souligner que ce nouveau type de diffusion de documents classifiés ne répond plus aux critères de l’espionnage à l’ancienne. Les lanceurs d’alerte profitant des nouvelles technologies de communications ne sont pas manipulés (du moins au départ) par des officiers de renseignement mais se sentent investis d’une « mission » pour dénoncer des faits qui leur semblent moralement injustifiables. Beaucoup le font sur la toile mais peu d’entre eux ont réellement accès à des informations confidentielles sauf ceux qui sont dans le système.

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Texte

Alain Rodier